Le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi, annonce à Tunis que l’UGTT compte créer prochainement une structure syndicale spécifique aux migrants subsahariens pour défendre leurs droits et garantir l’égalité entre les migrants et tous les travailleurs.

S’exprimant à l’ouverture de la 5ème assemblée générale du réseau syndical des migrations méditerranéennes subsahariennes (RSMMS) organisée, qui se tient à Tunis du 2 au 4 juillet, Taboubi a indiqué que les travailleurs migrants subsahariens se comptent aujourd’hui par milliers en Tunisie et travaillent dans des secteurs divers notamment l’agriculture et la construction.

” Des cartes d’adhésion symboliques leur sont délivrées “, a-t-il ajouté soulignant l’engagement de l’UGTT à défendre le droit des migrants subsahariens à un emploi décent.

Il appelle le gouvernement tunisien à améliorer davantage la législation nationale et à mettre en place une politique migratoire basée sur le respect des droits.

Dans son intervention, Hamida Raïes, directrice générale de la migration au ministère des Affaires sociales, a annoncé que le Conseil national des Tunisiens résidents à l’étranger (TRE) créé en août 2016 sera opérationnel prochainement pour fixer la politique migratoire.

Elle rappelé les principales lois promulguées en Tunisie dans le domaine de la migration et qui visent notamment à protéger les droits les migrants.

De son côté, Samir Majoul, président de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA), a souligné la nécessité de distinguer la migration de travail -qui doit être abordée au sein du dialogue social tripartite entre les partenaires sociaux et le gouvernement- de la migration d’asile qui est généralement conjoncturelle et involontaire due aux guerres et aux conflits politiques.

Il a ajouté que l’inclusion des expatriés dans les mêmes normes de travail et la même législation appliquée à leurs homologues est l’une des formes les plus importantes d’égalité et de non-discrimination dans l’emploi.

Selon lui, il existe aujourd’hui trois nouvelles catégories de migrants, à savoir les Subsahariens, qui offrent aux entreprises tunisiennes une grande opportunité pour bénéficier d’une offre de travail adaptée dans divers secteurs notamment la construction, les travaux publics, l’agriculture autres activités de services.

La deuxième catégorie concerne le phénomène de la fuite de cerveaux qui s’amplifie et affecte nombreux domaines scientifiques et professionnels essentiellement les médecins et les professeurs universitaires, ce qui constitue, selon Majoul, une véritable inquiétude non seulement pour les entreprises mais aussi pour le service public.

La troisième catégorie concerne les migrants irréguliers notamment dans le cadre la migration de transit et tout ce qu’elle provoque comme tragédies, catastrophes humanitaires et problèmes sécuritaires.

Majoul appelle les gouvernements de la région méditerranéenne à adopter des politiques migratoires basées sur le respect des droits humains et l’intégration des migrants.

Pour sa part, Lorena Lando, chef de mission à l’Organisation internationale pour les migrations a rappelé qu’en 2017 le nombre de migrants internationaux a atteint 258 millions, soit 3,4% de la population mondiale enregistrant ainsi une augmentation de 41% par rapport à l’an 2000.

Selon elle, les migrants internationaux sont jeunes, actifs et ont des profils divers. ” 90% d’entre eux sont en âge de travailler dont 58% sont des hommes et 42% sont des femmes “, a-t-elle ajouté faisant remarquer que les migrants contribuent à près de 10% du PIB mondial et produisent trois mille milliards de dollars de plus que s’ils étaient restés dans leurs pays d’origine.

“L’insertion des migrants est opportunité extraordinaire pour le développement d’un pays”.

La représentante de l’OIM a souligné que de nombreuses études ont montré l’apport positif de l’insertion des migrants dans le marché du travail puisqu’ils travaillent dans des secteurs où les besoins ne sont pas satisfaits localement contribuant ainsi à augmenter le taux d’emploi et à améliorer la stabilité, la sécurité et la prospérité du pays d’accueil.

A noter que les membres du RSMMS ont souligné l’urgence de renforcer la coordination entre les différentes familles syndicales. La gouvernance nationale et internationale des migrations impose, selon eux, des stratégies syndicales fortes et concerter pour se donner les moyens à la fois de réduire les risques, de protéger les travailleurs migrants et de promouvoir l’agenda du travail décent mis à mal aussi bien dans les pays de départ, de transit et d’accueil.

De façon spécifique, la 5ème assemblée générale du RSMMS vise à mobiliser davantage les leaders syndicaux autour des opportunités et défis actuels dans le domaine de la migration et à apporter des réponses spécifiques pour une meilleure mobilité des travailleurs migrants.