Vendre les émissions de carbone et des gaz à effet de serre est désormais possible pour la Tunisie. Cela permet d’accéder à des financements internationaux pour soutenir une croissance économique à bas carbone.

C’est dans cette optique que s’inscrit le projet “appui à la tarification carbone pour la mise en œuvre de la NDC et la transition bas carbone en Tunisie”, officiellement lancé jeudi 13 juin à Gammarth, banlieue nord de Tunis.

Soutenu financièrement par la Banque mondiale (BM) et techniquement par le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement), ce projet vise à aider la Tunisie à préparer une feuille de route pour la mise en place des instruments de tarification du carbone en tant que moyen de lutte contre le changement climatique.

Dans le monde, près de 40 pays et plus d’une vingtaine de villes et autres divisions administratives se sont dotés ou se doteront bientôt de systèmes d’échange de droits d’émission ou de taxes carbone.

Il s’agit de donner un prix au carbone pour faire peser le poids des dommages découlant des émissions de gaz à effet de serre sur ceux qui en sont responsables et en mesure de les faire baisser.

Le lancement de ce projet en Tunisie permet d’accompagner les acteurs énergétiques nationaux et ceux concernés par la mise en œuvre de l’accord de Paris, en vue de favoriser l’émergence des instruments du carbone (tarifs, taxes..) dans les secteurs énergivores et partant appuyer le renforcement de la politique d’atténuation et de décarbonisation de l’économie tunisienne.

Géré par l’ANME et le PNUD, ce projet qui vise également la mise en œuvre de la Contribution nationale déterminée (NDC), a identifié trois secteurs principaux pour la mise en œuvre des instruments de tarification carbone: l’énergie (en général), l’électricité et le secteur cimentier.

Selon le représentant adjoint résident du PNUD en Tunisie, El Kebir Alaoui, “La Tunisie dispose de tous les atouts et de tous les éléments pour profiter du marché carbone à l’international, ce qu’il faut maintenant, c’est préparer les compétences pour en tirer les meilleurs bénéfices”.

Le projet d’appui à la tarification carbone, qui se poursuivra jusqu’au mois de décembre 2020, prévoit trois instruments de tarification du carbone adaptés au contexte tunisien: l’introduction d’une taxe carbone pour l’alimentation du Fonds de Transition énergétique, l’introduction d’un système de paiements axés sur les résultats en soutien au développement de l’électricité renouvelable et l’identification et design d’un instrument de tarification du carbone dans le cadre de l’accord volontaire entre le secteur cimentier et les autorités publiques.

En réponse à une question de l’agence TAP sur la levée des subventions énergétiques, le coordinateur du projet, Nejib Othmane a expliqué qu’il s’agit de ” lever progressivement les subventions énergétiques en essayant d’aligner les prix sur le marché local aux prix internationaux, avec une condition, ne pas léser les ménages défavorisés et préserver leur pouvoir d’achat en adoptant une transition progressive”.

“Il ne s’agit pas de créer de nouvelles taxes non plus, mais d’orienter les taxes existantes dans le secteur de l’énergie en se basant sur le contenu carbone des projets. Par exemple, il faut taxer les produits émetteurs de CO2 et non pas n’importe quel produit en ce qui concerne le Fonds de Transition énergétique (FTE), a-t-il encore développé.

Pour les autres secteurs, le responsable a assuré qu’il n’y aura pas de nouvelles taxes. “L’idée est d’utiliser les instruments existant au niveau international pour profiter du marché carbone. Par exemple, dans les secteurs cimentier et électrique, dès qu’il y a des projets de production d’électricité à partir des énergies renouvelables, l’idée est d’exploiter les émissions évitées grâce à ces projets et de les vendre (émissions évitées) sur le marché international de carbone.

Le marché du carbone est défini comme étant un système d’échange de quotas d’émission de gaz à effet de serre. Il visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre (principalement le dioxyde de carbone), responsables du réchauffement climatique sur la base du principe pollueur-payeur.

Les gros émetteurs de gaz à effet de serre sont incités, à travers cet instrument, à réduire leurs émissions, par exemple en réduisant leur consommation d’énergie ou en utilisant des énergies renouvelables plutôt que des énergies fossiles.

Dans le cadre de sa Contribution nationale déterminée (NDC), la Tunisie s’est fixé l’objectif de réduire l’intensité carbone de son économie de 41% entre 2010 et 2030. Le pays pourrait atteindre cet objectif à travers les incitations réglementaires et financières nationales, mais aussi l’accès à des mécanismes de financements internationaux, dont le marché carbone.