“L’adhésion de la Tunisie au COMESA, une opportunité pour les exportateurs Tunisiens”, tel est le thème d’une rencontre-débat organisée vendredi à Sfax à l’initiative du TABC (Tunisia-Africa Business Center), qui a réuni plusieurs opérateurs économiques de la région, de hauts responsables de l’administration publique, et de représentants des organisations patronales et de la société civile.

Le président du Bureau régional de TABC à Sfax, Kamel Kamoun, indiquera que l’objectif est de mettre en exergue les avantages pour la Tunisie d’adhérer au COMESA (Marché commun de l’Afrique orientale et australe) qui compte 475 millions de consommateurs.

Il s’agit de consolider son positionnement dans tous les marchés du continent africain, qui restent inexploités jusqu’à présent par les exportateurs tunisiens.

“Il est inadmissible que la part des marchés africains dans les échanges commerciaux de la Tunisie ne dépasse pas les 2 %”, a souligné Kamoun.

Rappelons que l’ARP avait validé l’adhésion de la Tunisie au COMESA, lors de la plénière du 27 mars dernier. La Tunisie est, ainsi, devenue le 20ème membre permanent de ce marché, ce qui lui permet d’accéder systématiquement, à la zone de libre échange triangulaire qui comporte, outre le COMESA, la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) et la Communauté de développement d’Afrique Australe (SADC).

Les pays du COMESA ont réalisé un volume d’échanges commerciaux de l’ordre de 235 milliards de dollars en 2016, a fait savoir Chaouki Jebbali, directeur de la coopération avec les pays africains et l’Union africaine, au ministère du commerce.

Il a précisé qu’après la ratification, il existe quelques démarches et étapes à franchir pour que les exportateurs tunisiens puissent profiter concrètement, des avantages de cette adhésion. Il s’agit de l’opération de dépôt de l’instrument d’adhésion auprès du secrétariat général du COMESA, la fixation et la notification de la liste de produits soumis à la libéralisation progressive et du calendrier des réductions tarifaires et la fixation de la liste des produits d’intérêt particulier pour le développement économique, c’est une liste limitée de produits qui seront soumis à un taux d’intégration de 25%.

A l’heure actuelle, les exportations tunisiennes vers ce marché se limitent à la Libye et à l’Egypte alors qu’il existe un énorme potentiel d’échange avec ce marché.

Pour Jebbali, les résultats attendus de cette adhésion sont multiples: un gain de 17 % en droits de douane, une diversification des produits, un gain en compétitivité, l’usage de mécanismes de financement, l’attraction des IDE, l’adhésion à la zone de libre-échange, l’éligibilité à des financements importants…

Quant au Président du TABC, Bassem Loukil, il était un peu moins optimiste. Il n’a pas manqué de pointer du doigt certaines structures et institutions, “un peu trop passives”, quant au devoir d’accompagnement des exportateurs tunisiens et investisseurs, qui ont choisi de conquérir le marché africain dont particulièrement le secteur bancaire et les institutions de l’Etat…

 

Outre la faiblesse des représentations commerciales diplomatiques en Afrique (une dizaine actuellement), il déplore d’autres problèmes auxquels sont confrontés les hommes d’affaires tunisiens qui s’orientent vers l’Afrique (transferts financiers, transport et logistique).

De son côté, le Directeur général pour l’Afrique au ministère des affaires étrangères, Karim Ben Becher, estime qu’un effort important a été fourni en matière d’ouverture de représentations diplomatiques et commerciales en Afrique même s’il reste en deçà des attentes. Un effort supplémentaire sera encore déployé en vue de renforcer la présence tunisienne dans l’Est et le Sud de l’Afrique, principalement en Ethiopie, Kenya et autres pays du COMESA dont le nombre s’élève à 21 pays.

Evoquant la ZLEC (Zone de libre-échange continentale africaine), il a fait savoir qu’il s’agit d’une convention signée par la Tunisie depuis mars 2018 mais non encore ratifiée. C’est un accord de libéralisation continental qui permet la création de la plus grande zone de libre-échange dans le monde. Les négociations vont démarrer le 30 mai 2019 et concernent les étapes de ce processus qui englobe les biens et services, l’investissement et la concurrence.

La ZLEC se base, rappelons-le, sur la suppression des barrières douanières entre les Etats africains, tout en laissant libre cours à chaque pays d’appliquer sa politique commerciale. Son objectif ultime est de doubler le commerce intra-africain avec un profit annuel d’environ 35 milliards de dollars, d’ici à 2021.

Ils ont également, déploré l’absence du ministère du transport dans cette rencontre-débat malgré l’intérêt crucial que revêt la question du transport et de la logistique dans la question de pénétration des marchés africains. Un homme d’affaires a fait savoir, dans ce sens, qu’il a perdu des marchés juteux en Afrique à cause de l’absence de lignes maritimes et aériennes.