Dans la localité de Jedeliène à Kasserine (Centre-ouest de la Tunisie), tout est en place pour démarrer l’exploitation immédiate d’une mine de phosphates qui a un énorme potentiel. Le projet, initié depuis 2009, est prêt à entrer en exploitation dans l’immédiat. Ses impacts socio-économiques sont considérables sur la région, pourtant un blocage persiste au niveau du ministère de l’Industrie.

Le directeur général de Chaketma Phosphates, Fethi Hchifa revient, dans une interview accordée à l’agence TAP, sur les raisons d’un “retard douteux” dans l’entrée en exploitation du projet. Interview:

Après le verdict de la Cour internationale d’Arbitrage, quel est le devenir du projet Chaketma Phosphates ? Pourquoi est-il toujours, en stand-by ?

Fethi Hchifa: D’abord , il faut rappeler que le partenaire australien “Celamin Ltd” , a intenté, depuis Mars 2015, 4 actions en justice, il a été débouté en 3 actions et a retiré la quatrième de son propre gré, pour aller saisir, par la suite en novembre 2015, la chambre arbitrale Internationale à Paris.

Celamin Ltd , a essayé d’impliquer le projet et la société Chaketma Phosphates, dans cette affaire d’arbitrage dans l’objectif de bloquer le projet.

En effet, Celamin a aussi perdu cette action, et la chambre arbitrale a décidé dans sa sentence définitive du 13 octobre 2016 que la société CHAKETMA PHOPHATES n’est pas concernée par l’arbitrage.

Le conflit entre TMS et Celamin Ltd a été déclenché en mars 2015, suite à la prise de contrôle de TMS de la société du Projet CHAKETMA PHoSPHATES. Ceci, n’a pas empêché le projet et les études d’avancer, bien au contraire, ce qui été fait entre 2015 et 2017 (confirmation : des réserves, du mode d’exploitation du processus de traitement,..) n’a jamais été fait auparavant.

D’ailleurs, le deuxième renouvellement du permis de recherche a été fait en Février 2016, c’est-à-dire après le départ de Celamin.

La sentence arbitrale a été soumise à la cour d’appel pour dire son mot quant à l’exéquatur de la sentence ou bien son annulation. Selon l’annonce faite le 5 Avril 2019, la cour d’appel de Celamin a donné l’exequatur de la sentence arbitrale, à Celamin.J’espère que ceci poussera les deux actionnaires à trouver une solution plus rapide pour débloquer le projet.

Le projet est actuellement, en stand-by non pas à cause du conflit avec Celamin mais plutôt à cause de la non obtention de la concession d’exploitation.Ceci étant, le conflit entre actionnaires aurait peut-être influencé la décision des responsables au sein du Ministère sans qu’ils le disent explicitement.

Rappelons que notre demande de la concession d’exploitation déposée le 5 décembre 2017, a été faite dans les délais et conditions prévus par le code minier.

A cet égard, nous avons entrepris plusieurs réunions et adressés plusieurs courriers au Ministre de l’industrie depuis qu’il a été chargé des mines, et à chaque fois, on nous promet de régulariser le dossier le plus tôt possible et ça dure depuis septembre 2018.

Des réunions et des lettres ont été adressées à la Direction Générale des Mines, à ce sujet avant et après le changement à la tête du ministère de l’énergie. Mais la société du projet attend toujours, l’obtention de la concession d’exploitation qui est son droit exclusif, de par la loi, pour démarrer les travaux d’exploitation du Gisement.

Est ce que vous allez continuer à travailler de concert avec la société australienne sur ce projet et quels sont vos prochaines actions ?

Fethi Hchifa: Je pense que TMS n’a aucune intention de travailler avec la junior australienne, elle a vécu une mauvaise expérience, surtout quand des nouveaux dirigeants ont débarqué en Juin 2014.

Ceci, n’a pas empêché TMS à reprendre contact avec le premier responsable de Celamin et lui faire des propositions de solutions à l’amiable pour le bien du projet.

Ces propositions de solutions vont certainement s’accentuer après le verdict de la cour d’appel pour le bien de tout le monde. D’autres investisseurs sérieux ont manifesté leurs intentions de participer au financement du projet et nous sommes en train d’étudier toutes les propositions qui vont avec l’intérêt du projet et du pays.

Celamin Holdings vient de signer un mémorandum d’entente avec la société Al Kassam du groupe Bouchamaoui, le 7 mars 2019, pensez-vous qu’il est possible que le groupe tunisien se joint à vous dans ce partenariat minier ?

Fethi Hchifa: Celamin est libre de signer avec le partenaite qu’elle choisit, mais TMS n’a aucune intention de travailler avec Celamin que ce soit seule ou associée avec un groupe Tunisien. Toutefois, elle est toujours ouverte à étudier toute autre proposition.

D’après vous, pourquoi le ministère de l’Industrie (Comité consultatif des Mines) n’a pas jusqu’à ce jour donné l’autorisation pour l’entrée en exploitation du projet ?

Fethi Hchifa: Après la dissolution du ministère de l’énergie et des mines et des énergies renouvelables, le 31 août 2018, et sa prise en charge par le Ministre de l’industrie, ce dernier n’a pris aucune décision concernant notre demande de concession. Sachant que la loi (le code minier) attribue le droit de prendre la décision d’accorder la concession au ministre chargé des mines.

La lettre nous est parvenue de la Direction Générale des Mines pour nous annoncer que le CCM a rejeté notre demande de concession dans sa réunion du 2 août 2018.La lettre est datée du 31 août 2018, date du départ du secrétaire d’Etat chargé des mines. Ce dernier a insisté avant son départ, pour que ce courrier soit signé et envoyé.

De toute façon, cet ancien responsable a tout fait pour empêcher la société CHAKETMA PHOSPHATES d’obtenir sa concession d’exploitation et ce en usant de son pouvoir sur les 4 membres du CCM qui étaient sous sa coupe.

Nous avons voulu, à travers nos lettres, réunions et rencontres, tourner la page et avancer pour le bien du pays.

Malgré, ce retard douteux et inexpliqué de la part du Ministère de l’Industrie, la Direction du projet continue à croire que nous pouvons arriver à une solution pour obtenir la concession d’exploitation et démarrer le projet dans les prochains mois.

Il est à rappeler que notre demande est de représenter notre dossier relatif à notre demande de concession devant le CCM pour l’obtention de la concession, chose que la société de projet Chaketma continuera à défendre en usant de tous les moyens légaux possibles.