Du verbe, de la verve, de beaucoup d’engagement. Youssef Rouissi, directeur général adjoint à Attijariwafa bank, sait faire, on le voit, on le sent. C’est un passionné, il parle -avec beaucoup de passion et de conviction- de l’une des plus grandes réalisations d’Attijariwafa : l’accréditation du Fonds vert pour le climat des Nations unies, Green Climate Fund (GCF) en tant qu’intermédiaire financier pour la mise en Å“uvre des financements verts en Afrique. Rien d’étonnant de la part de ce diplômé d’une grande Ecole-HCE Paris en charge de la Banque de Financement et d’Investissement.

Par force travail, sa banque fait partie des 75 institutions accréditées par le GCF l’un des plus grands fonds dédiés à l’action climatique au monde : le Global Climate Fund, doté d’une enveloppe globale de 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020.  

Entretien

WMC : Qu’est-ce qui a plaidé en faveur de l’accréditation d’Attijariwafa par le GCF ?

Youssef Rouissi : Cela fait des années qu’Attijariwafa bank a déployé toute une stratégie relative à la responsabilité sociale de l’entreprise (RSE). Une stratégie articulée autour de plusieurs axes dont l’environnemental et le social. Notre banque est également très active dans le domaine de la politique du genre, une approche que nous considérons comme essentielle. Donner aux femmes la place qu’elles méritent au sein de notre institution nous paraît indispensable pour sa croissance et son développement.

Forts d’une charte éthique des achats qui nous a permis de suivre une politique achat des plus rigoureuses, nous répondons aujourd’hui aux plus hautes exigences en termes de délais de paiement.

Notre politique environnementale et sociale est résumée chaque année dans un rapport RSE édité avec notre rapport annuel d’activité et qui témoigne de tous les efforts déployés dans ces domaines.

Notre démarche et nos efforts ont été récompensés au mois de février dernier en Corée du Sud. Nous avons été accrédités par le Fonds vert des Nations unies “Green Climate Fund“ (GCF) en tant que première banque africaine, première dans la région MENA et 7ème banque commerciale à l’échelle mondiale par les 75 accréditées par le Fonds vert des Nations unies.

Cette accréditation témoigne de la rigueur et des efforts que nous avons consentis dans le développement de la RSE au sein de notre groupe.

Le Fonds vert des Nations unies adopte des conditions très strictes dès qu’il s’agit du respect des normes RSE et ses critères sont drastiques. C’est donc pour nous, le couronnement et la reconnaissance de nos efforts dans l’instauration d’une stratégie RSE efficiente et de la pertinence de nos politiques d’accompagnement de la transition énergétique sur le continent africain. Qu’il s’agisse du financement de l’énergie éolienne ou de l’énergie solaire en Afrique et ailleurs, nous avons été présents.

Au cœur de votre stratégie RSE d’Attijariwafa bank, se trouvent des projets environnementaux de grande envergure axés sur l’économie de l’énergie. Le Fonds d’investissement dédié à l’efficacité énergétique au Maroc, que vous avez lancé en 2016, en est l’illustration. Comptez-vous le généraliser à toutes vos filiales africaines ? Et quelles sont vos plus grandes réalisations sur le continent ?

Nous estimons la transition énergétique comme étant un facteur important pour booster la croissance sur le continent africain. Et l’accréditation du Fonds vert des Nations unies va nous permettre d’aller plus loin. L’objectif est d’accélérer le financement et l’accompagnement des projets qui s’inscrivent dans la transition énergétique, ou des projets d’adaptation aux effets défavorables du changement climatique ou encore des projets pour l’atténuation de l’effet de serre.

Ce sont là les deux grandes typologies recherchées aujourd’hui, ce qui implique une pluralité de formes de projets qui impacteront favorablement nos clients aussi bien publics que privés ainsi que les pays où nous interviendrons.

Dans la nouvelle économie à dimension plus humaine et soucieuse des équilibres climatiques, il y a l’industrie verte, l’agriculture bio et le commerce équitable. En Afrique tout est à faire. Comment comptez-vous procéder ?

Tout est à faire en effet et il s’agit là de soutenir les projets de lutte contre la déforestation et contre la pollution. Ce sont des projets de réhabilitation des écosystèmes et ils peuvent être marchands ou non marchands.

Il y a aussi les projets d’énergies renouvelables marchands qui pourraient œuvrer efficacement dans l’atténuation des atteintes à la nature et au climat. L’Afrique est confrontée comme les autres continents à ces effets défavorables.

Notre rôle à nous est d’analyser les projets, de les rendre éligibles au Fonds vert des Nations unies et de leur octroyer des fonds de grande maturité qui peuvent s’étendre à 15-20 ans.  Parce que nous réalisons que dans notre continent, contracter des financements de longue durée est un exercice difficile auquel nous comptons bien pallier en tant qu’Attijariwafa grâce à ces ressources concessionnelles du Green Climate Fund.

Nous allons pouvoir les déployer dans des projets ciblés et éligibles, coopérer plus et œuvrer à leur création. Nous avons été accrédités pour financer un large éventail de projets. En matière d’efficacité énergétique, cela va des financements des PME aux grandes entreprises et très grandes entreprises avec des projets de plus de 250 millions de dollars.

Pouvons-nous parler à ce propos de projets intégrés ?

Oui ce sont des financements destinés à des projets intégrés marchands et non marchands. Aujourd’hui, il y a une infinité de possibilités de création des projets et nous continuerons sur notre lancée en accordant des fonds à de nouvelles formes de projets et d’accélérer les process de leur réalisation.

Avez-vous des projets dans le pipe ?

Oui, bien entendu et ils sont nombreux. D’ailleurs, l’accréditation nous a été accordée sur la base d’une panoplie de projets identifiés : projets en matière d’énergie renouvelable et en matière de distribution d’eau et d’électricité, des projets traitant de l’éclairage public et d’efficacité énergétique dans les villes et d’autres de dépollution.

Donc il s’agit aujourd’hui de les implémenter et ceci est possible grâce au Fonds vert des Nations unies.

C’est également, l’occasion d’aider et de coopérer avec nos clients pour que eux-mêmes progressent avec nous en matière de normes RSE, de politique du genre et de politique des achats puisque cela fait partie des critères d’éligibilité au GCF.

Avez-vous déjà formé un personnel dédié à cette qualité de projets ?

Evidemment. Il y a des formations en cours aujourd’hui et qui continueront puisque le mouvement RSE est permanent et évolue au gré de l’évolution des normes.

Aurons-nous un monsieur ou madame “économie verte“ dans chaque grande filiale d’Attijariwafa bank ?

Ils sont déjà là et nous avons une direction consacrée à la problématique RSE solide et dotée d’une équipe conséquente qui est en train de se déployer et de se développer qui dialogue avec le Green Climate Fund et d’autres institutions. En ce qui nous concerne, nous avons la conviction qu’en tant que qu’acteur et groupe responsable, nous avons le devoir aussi d’amener chez nous cette approche et ces nouvelles formes de financement qui vont aider nos opérateurs publics et privés à aller plus loin dans ce domaine et accélérer l’agenda Economie Verte.

Entretien conduit par Amel Belhadj Ali