La sixième édition du Forum Afrique Développement démarre aujourd’hui ses assises à Casablanca au Maroc avec pour leitmotiv «Est et Ouest ont tout intérêt à se parler et à mieux échanger pour bâtir ensemble une économie inclusive qui profite à toutes les contrées africaines dans un monde globalisé ».

L’invité d’honneur a été cette année, Julius Maada Bio, président de la Sierra Leone, qui a vanté les mérites forum qui représente une plateforme de référence en faveur du dialogue, de la promotion des investissements et du commerce intra-africain.

La Sierra Leone réalise une croissance de 4,2% malgré un taux d’alphabétisation qui n’est pas très performant -le nombre de scolarisés ne dépasse pas les 51%-, mais le pays est riche en minerais (or, fer, bauxite, Rutile…), sans oublier la fertilité de ses terres et le potentiel qu’elles offrent dans le secteur agricole.

Pour le président de la Sierra Leone, «la communauté africaine d’affaires doit être plus solidaire, nous sommes capables de réussir un écosystème qui profitera à tous nos pays. L’Afrique, riche naturellement et humainement, doit profiter aux Africains».

Rappelons à ce propos que pour cette sixième édition du FIAD, les pays à l’honneur seront le Cameroun, la Côte d’Ivoire et le Mali (pour l’Afrique de l’Ouest) et l’Égypte, l’Éthiopie, le Kenya et le Rwanda (pour l’Est), sachant que 2.000 opérateurs économiques représentant près de 30 pays participent au Forum.

Intervenant à l’ouverture du FIAD, Mohamed Kettani, PDG d’Attijariwafa bank, a précisé que l’intégration continentale, thématique centrale de la sixième édition «Quand l’Est rencontre l’Ouest » procède de la conviction d’Attijariwafa bank qu’un nouvel élan du mouvement d’intégration économique du continent africain est vitale.

Il a indiqué que si «l’économie mondiale a connu une phase d’expansion en 2018, le monde semble être entré à nouveau dans une phase d’essoufflement et d’incertitude grandissant. L’escalade des tensions commerciales, les interrogations autour de la croissance en Asie ou du Brexit semblent être à l’origine de nouvelles révisions à la baisse des rythmes de croissance économique et du commerce mondial par les institutions internationales. Cela s’accompagne par une forte volatilité des cours pétroliers et produits de base depuis août 2018, sous l’effet notamment des tensions géopolitiques, mais aussi, du durcissement des conditions financières dans les pays émergents.

Dans cet environnement global d’incertitude, l’Afrique maintient le cap et demeure un espoir pour la croissance mondiale avec une croissance attendue devrait atteindre les 4% en 2019 et une atténuation des pressions inflationnistes dont le taux moyen en baisse de 12,6% en 2017 à 10,9% en 2018, devrait encore diminuer pour atteindre 8,1% en 2020.

Les situations budgétaires sont en nette progression aussi car plusieurs pays sont parvenus à assainir leurs budgets en augmentant les recettes fiscales et en réduisant les dépenses».

M. Kettani a prévenu quant aux risques d’endettements excessifs et qui représentent 53% du PIB de nombre de pays ou encore «la détérioration régulière depuis la fin des années 2000 des déséquilibres extérieurs liés aux balances commerciale et courante, qui doivent impérativement être maîtrisés afin ne pas menacer la viabilité de la dette extérieure de l’Afrique ».

Partant de ces constats, l’approfondissement de l’intégration économique africaine est incontournable car elle permettra «de libérer davantage les énergies créatrices de richesses et de valeur».

Rappelons que le Forum Afrique Développement, initié par le Fonds d’investissement panafricain Al Mada, actionnaire de référence du groupe Attijariwafa bank, est devenu le rendez-vous privilégié des opérateurs économiques africains et l’événement de l’année à l’échelle du continent Africain. Le FIAD étant un catalyseur pour la concrétisation de nombre d’opportunités et la création d’un ensemble économique intégré dans l’une des régions les plus riches au monde.

Reste à savoir si les marionnettistes de l’économie mondiale, ceux qui considèrent qu’ils doivent être les premiers à se servir dans les richesses des autres laisseront les pays africains profiter de leurs richesses pour le bien être de leurs populations et n’essayeront pas d’entraver l’instauration d’une tradition qui s’impose : celle d’une coopération et d’échanges économiques africano/africains dans un continent qui possède tous les ingrédients pour devenir la première puissance économique du monde mais que les guerres et les conflits d’intérêts fomentés ailleurs déchirent.

Le Maroc et son bras financier Attijariwafa bank en feront-ils un continent indépendant ?

Amel Belhadj Ali