La BCT explique le relèvement de son taux directeur par “les hausses passées et récentes des salaires qui risquent d’entretenir une spirale prix-salaires très préjudiciable à l’économie, et d’accentuer les déséquilibres macro-économiques par le fait de leur action sur la consommation des produits importés”.

La Banque centrale a décidé, le 19 février, de relever son taux directeur de 100 points de base, pour la troisième fois consécutive, le portant ainsi de 6,75%, à 7,75%. Ce taux a été augmenté, pour la première fois le 8 mars 2018, de 75 points de base (de 5% à 5,75%), puis le 13 juin 2018 (de 5,75% à 6,75%).

L’Institut d’émission précise dans une note technique sur le resserrement de la politique monétaire publiée mercredi soir, que “les taux sur le marché monétaire et les taux bancaires se sont ressentis de l’orientation restrictive de la politique monétaire dont l’objectif consiste à contraindre la capacité des agents économiques à dépenser, à limiter la demande, principalement de consommation, et à contenir, par conséquent, les tensions sur les prix à la consommation”.

La BCT a fait savoir que “le coût de l’inaction aurait été très élevé”, avançant que sans cette action, l’inflation aurait été encore plus élevée voire même à deux chiffres.

Et d’avertir que “la remontée de l’inflation enfonce les taux d’intérêt réels, encore plus dans un territoire négatif et engendre une baisse du coût réel, ce qui favorise l’accélération des crédits bancaires et de la demande de consommation qui ne peut qu’exacerber les tensions inflationnistes.

“L’affermissement de la demande de consommation des produits importés mènerait à une aggravation du déficit de la balance courante, accélérerait l’érosion des réserves en devises et attiserait, par conséquent, les pressions sur le taux de change, le refinancement et l’inflation”.

“Les rémunérations des dépôts se ressentiraient de la remontée de l’inflation, ce qui affecterait négativement, les ressources bancaires et se traduirait inéluctablement par un recours de plus en plus important à la monnaie centrale pour satisfaire cette demande, induisant une forte hausse du volume global de refinancement”.

En perspectives, l’inflation globale demeurerait à un niveau élevé par rapport à sa moyenne historique (pratiquement le double) et serait entretenue par la persistance de l’inflation sous-jacente ” hors produits alimentaires frais et administrés ” qui s’établirait au voisinage de 8% en 2019, voire-même en 2020.

Un tel niveau d’inflation risquerait de compromettre la reprise économique encore fragile, et qui pourrait être davantage fragilisée avec un taux d’inflation aussi élevé, facteur qui pourrait même avoir des répercussions sur la visibilité des investisseurs et donc impacter négativement les décisions d’investissement !

Aussi, un dérapage de l’inflation affecterait considérablement les couches sociales les plus démunies et ce, notamment, à travers une érosion conséquente de leur pouvoir d’achat.

Pourtant selon les experts contactés par l’Agence TAP, l’augmentation du taux d’intérêt directeur de 100 points, ajoute à la charge des entreprises, bloque l’investissement et la croissance et épuise le pouvoir d’achat des citoyens, déjà détérioré.

Pour l’institut d’émission, en 2019 et 2020, l’inflation connaîtrait une légère détente par rapport à son niveau actuel, mais demeurerait à un niveau élevé.

Les risques qui pèseraient sur l’inflation sont nombreux (risque haussier des prix de l’énergie sur le marché domestique, renchérissement des prix des produits de base et de l’énergie sur les marchés internationaux, des pressions plus accentuées sur le déficit courant), pourraient alimenter davantage l’évolution des prix à la consommation.