La traduction du français vers l’arabe du dictionnaire des idées et du dictionnaire des notions de l’encyclopédie “Universalis” est le nouveau grand projet qui sera réalisé sur une année par les traducteurs de l’Institut de Traduction de Tunis.

Les maisons d’édition tunisiennes et non tunisiennes peuvent présenter leurs candidatures pour la publication de cette version arabe d’Universalis à laquelle sont associés 77 traducteurs tunisiens. Elle sera réalisée à partir de la version française déjà accessible en version papier et numérique payante (internet) ainsi que sur d’autres supports (CD-ROM, DVD et clé USB).

L’appel à candidature sera ouvert dans les prochains jours, a annoncé Taoufik Aloui, directeur de l’Institut de Traduction de Tunis, dans une Interview accordée à l’agence Tap. D’autres nouvelles publications sont attendues dans le cadre de la célébration de la manifestation “Tunis, Capitale de la Culture islamique 2019”, a encore annoncé Aloui.

L’Institut -dont les traductions de l’arabe vers le français sont en tête de liste, suivies de celles vers l’anglais, l’italien et l’espagnol-, prévoit la publication d’une encyclopédie du Coran ainsi qu’une collection d’articles dans la pensée éclairée en Tunisie, qui seront traduits de l’arabe vers le français.

Par ailleurs, une anthologie de la poésie arabe tunisienne, sera traduite vers l’italien.

Des cycles de formation dans la traduction seront dispensés par l’Institut logé au coeur de la Cité de la Culture qui est également en train d’établir une base de données avec les noms des traducteurs tunisiens.

L’entretien a été par ailleurs axé sur les relations entre l’Institut de Traduction, les universitaires et les créateurs tunisiens, ainsi que sur les critères retenus dans la sélection des ouvrages à traduire.

L’arabe au coeur des activités de l’Institut

L’Institut de Traduction de Tunis est un établissement public à caractère non administratif principalement orienté, depuis déjà près d’une année, vers la traduction, devenue la base fondamentale de ses activités.

Il oeuvre au transfert des connaissances à travers notamment la traduction des ouvrages et publications tunisiennes vers d’autres langues et vice versa, la traduction vers l’arabe des publications dans les autres langues vers l’arabe, comme étant la langue officielle dans le pays.

La nouvelle orientation de l’Institut, instaurée par la direction actuelle se traduit par les rencontres hebdomadaires qui mettent chaque fois le cap sur un traducteur. Ces rendez-vous littéraires instaurés, il y a près d’un an, se poursuivent durant le ramandhan dans des séances nocturnes.

Au menu des activités, figurent aussi des colloques pour la présentation d’ouvrages traduits. A cet effet, le responsable de l’Institution a souligné que depuis sa création en 2006, l’Institut a publié près de 120 ouvrages traduits de et vers l’arabe.

Le choix des ouvrages traduits, bien qu’il obéit à des considérations parfois subjectives, se fait principalement dans le cadre de comités intermittents sous la direction de coordinateurs.

Choisis parmi les personnalités littéraires de la scène culturelle tunisienne, les membres de ces comités se répartissent en des équipes distinctes, travaillant chacune sur une discipline bien précise, comme la littérature tunisienne, la littérature internationale ou la philosophie.

Soucieux de s’ouvrir sur le savoir-faire des différents créateurs et traducteurs tunisiens, l’Institut a ouvert le champ de la traduction à d’autres membres.

A titre d’exemple, l’équipe de la traduction de la littérature tunisienne a été renforcée en y associant le directeur de la maison de la poésie, le président de l’Union des écrivains tunisiens, le secrétaire général des la Ligue des écrivains libres et un représentant du club de la nouvelle Abou Al Kacem Chebbi.

Pour certains ouvrages, notamment ceux ayant été récompensés à l’échelle nationale ou internationale, la décision de traduire ne passe pas obligatoirement par les comités d’experts. Dans ce contexte, Aloui a cité le cas du roman en français “L’Amas Ardent” de Yamen Menai, publié en 2017 aux Editions Elyzad, Tunisie.

L’année de sa publication, “L’Amas Ardent” a été le lauréat du Comar d’Or en langue française, une distinction littéraire nationale qui récompense des écrivains arabophones et autres francophones. L’année même, ce roman avait remporté le Prix des cinq Continents de la Francophonie, une distinction pour laquelle il a été retenu parmi 10 finalistes.

De l’arabe vers le français, Aloui a mentionné la traduction du roman “Toujane” d’Emna Rmili, lauréate du Comar d’or 2016 parmi quatre romans dont trois sont l’oeuvre d’écrivaines.

L’Institut entamera les procédures pour obtenir, auprès de “Dar Etanweer”, le droit de traduire le roman “Ettaliani” de Ckokri Mabkhout, lauréat du Booker d’or 2015. Il s’agit du premier roman de cet universitaire qui est également le premier tunisien à avoir décroché ce prix international créé en 2007 pour la promotion de l’écriture romanesque arabe.

Il a, par ailleurs, tenu à signaler que l’Institut opte pour la traduction d’ouvrages récents connaissant un large écho, tout en veillant à éditer une copie de qualité, côté contenu et impression.

Selon Aloui, la traduction vers l’arabe se fait à partir de la langue mère dans laquelle a été publié l’ouvrage à traduire. L’Institut se conforme, bien évidemment, aux procédures administratives en vigueur se rapportant aux droits d’auteurs, a-t-il ajouté.

Actuellement, l’Institut travaille sur la publication d’un ouvrage qui est une collection d’articles en arabe traduits vers le français sur la pensée éclairée en Tunisie autour de personnalités avant-gardistes, comme par exemple Kheireddine Bacha, Tahar Hadded et Habib Bourguiba. Cet ouvrage sera fin prêt, au plus tard, dans un mois, a souligné le directeur de l’Institut.

Grands projets: une anthologie de la poésie tunisienne et traduction de “Encyclopedia Universalis

Evoquant les grands projets de l’Institut de Traduction de Tunis, le directeur Taoufik Aloui a révélé qu’en collaboration avec l’Union Syndicale italienne (FUS) une anthologie autour de la poésie tunisienne traduite en langue italienne est en cours de préparation, précisant que l’anthologie comporte des écrits de 25 poètes tunisiens issus de la nouvelle génération ou ceux inconnus du public italien.

A l’occasion de la journée internationale de la traduction célébrée le 30 septembre de chaque année, l’Institut de Traduction de Tunis instaurera une nouvelle tradition, a mentionné le directeur annonçant la tenue annuelle d’un colloque international avec la participation d’invités de renommée, qui sera couronné par la publication des travaux issus de cette rencontre scientifique.

L’Institut de Traduction de Tunis collabore essentiellement avec les traducteurs en essayant de faire impliquer toutes les compétences tunisiennes, a affirmé Aloui en citant à ce propos l’implication du poète tunisien Adam Fathi dans la commission pour la traduction d’Universalis en plus de la participation précieuse du poète Jamel Jlassi et de l’écrivain Walid Slimane dans la traduction de quelques parties de l’encyclopédie.

Evoquant le projet de la traduction de deux tomes de l’Encyclopédie Universalis à savoir “Dictionnaire des idées ” et “Dictionnaires des Notions”, le directeur a mentionné que les deux tomes regroupent 7 mille pages et 1054 entrées portant sur différents thèmes : Sciences sociales, Sciences exactes, Mathématiques, Physique, Histoire, Sciences juridiques et sociales, Philosophie, Art, Musique, Cinéma, Linguistique, Littérature, Langue en plus des entrées relatives à la Religion et la Spiritualité à l’instar du soufisme ou encore les notions de la l'”Umma” et la “Sunna” dans l’Islam.

Selon la même source, 77 traducteurs dans les différentes spécialités ont été déjà sélectionnés par la commission pour prendre part à ce projet.

Deux spécialistes dans la critique cinématographique seront ajoutés en plus des coordinateurs, a souligné Aloui tout en faisant savoir que le travail de traduction et de relecture des deux tomes durera une année.

Suite à des négociations avec la direction d’Universalis Paris, l’Institut de Traduction de Tunis publiera la version arabe de l’Encyclopédie, a déclaré le directeur en affirmant que l’Institut a payé environ 10 mille dinars tunisiens pour préserver les droits de traduction. Et de préciser “L’accord stipule aussi la publication par l’Institut de Traduction de Tunis de pas moins de 2000 copies en plus de l’obtention de 7% des bénéfices”.

Le responsable a, dans le même sujet, fait remarquer que la convention avec Universalis accorde un prix étudié de l’édition arabe sur le territoire tunisien en prenant en considération la chute du dinar tunisien.

Parlant de la publication et la distribution de l’ouvrage, Taoufik Aloui a indiqué que l’Institut débutera en premier lieu dans l’étape de la traduction. Il a, à cette occasion, tenu à exprimer son souhait de voir une maison d’édition tunisienne s’impliquer avec l’Institut dans cette aventure pour la publication et la distribution de cette œuvre spécifique.

L’Institut de Traduction de Tunis: rayonnement national et international 

En collaboration avec les commissariats régionaux, plus de 22 mille copies relevant de la publication de l’institut seront distribuées dans les différentes bibliothèques publiques du pays a fait savoir le responsable en soulignant que l’objectif étant de transmettre les publications de l’institut à un large public.

Dans le même contexte, l’Institut de Traduction de Tunis participe activement dans les différentes activités et manifestations culturelles organisées au niveau national et régional afin de renforcer la culture de proximité et toucher un large public, a-t-il affirmé.

Aloui a, par ailleurs, tenu à rappeler que les différentes distinctions internationales attribuées à l’Institut comme le Prix de la traduction Ibn Khaldoun-Senghor 2018 et le prix Cheikh Hamad de traduction 2017 ont favorisé le rayonnement de l’institution au niveau international.

Parlant des objectifs de l’Institut, il a indiqué que l’institution est liée par un contrat-objectifs avec le ministère des affaires culturelles qui s’étale de 2018 à 2020.

Dans ce sens, les objectifs et projets qui seront réalisés à moyen et long terme ont été définis et que l’Institut s’emploie actuellement à l’élaboration du rapport d’activités de l’année écoulée.

L’institut est actuellement en cours d’élaboration d’un projet en collaboration avec le ministère, et ce, dans le cadre de sa contribution à la célébration de la manifestation “Tunis capitale de la culture islamique 2019” qui démarre au mois de mars prochain avec notamment l’encyclopédie de l’Islam qui sera prête au mois de mars et le dictionnaire du Coran (1500 pages) actuellement en phase de révision.

Taoufik Aloui a précisé que l’Institut à veillé à créer un nouveau site électronique en le dotant d’une plateforme qui fournira pour la première fois aux lecteurs que ce soit en Tunisie ou à l’étranger la possibilité d’acheter en ligne les publications de l’Institut.