Avec dix opérations en près de six ans et demi, le bilan du programme de cession des entreprises confisquées est relativement maigre. Mais les choses sont en train de s’améliorer assez rapidement. La réussite de l’opération de cession de Banque Zitouna et de Zitouna Takaful au groupe qatari, Majda Tunisia, constitue un acquis important.

Toutefois, on est encore loin de l’objectif de 19 sociétés cédées en 2018, comme l’annonçait en janvier 2018 Adel Grar, président directeur général d’Al Karama Holding en poste depuis vingt mois.

Ayant besoin de gros moyens financiers pour renflouer le budget de l’Etat et confrontés après 2011 à des revendications salariales et sociales sans cesse croissantes, les pouvoirs publics choisissent de céder en premier des concessionnaires automobiles, de véritables machines à cash, dont la vente peut rapporter gros.

Les heureux élus ayant pu s’offrir l’une des entreprises confisquées sont pour la plupart des groupes parmi les plus importants du pays, qui, en dépit de l’importance de leurs moyens financiers, ont choisi de soumissionner au sein de consortiums. C’est le cas, par exemple, d’Amen group et de Poulina Group Holding (PGH) qui se sont offerts 60% de la société Ennakl –concessionnaire de Volkswagen, Audi, Porsche et Seat, jadis contrôlé lui aussi par Sakher El Materi- pour 238 millions de dinars.

Trois mois après cette première opération, réalisée en juillet 2012, c’est un autre concessionnaire, City Cars, détenteur de la carte KIA pour la Tunisie, que les autorités mettent sur le marché, en octobre de la même année. Et là encore c’est un consortium –composé des groupes Hédi Bouchamaoui et Mohamed Chabchoub- qui emporte les 66,70% de celles de City Cars pour 114 millions de dinars.

Deux autres opérateurs du secteur automobile vont être proposés à la vente en juillet 2013, à savoir Stafim Peugeot et Ennakl Véhicules Industriels (EVI), concessionnaire de Peugeot et véhicules industriels et engins des marques Renault Trucks et TCM en Tunisie. Ils ont été repris respectivement par le groupe Khechine (166 millions d’euros) et Universal Auto Distributors Holding (UADH, groupe Loukil -43 millions de dinars).

Un quatrième et dernier concessionnaire automobile –en l’occurrence Car Pro (Suzuki)- est ensuite mis sur le marché. Il sera racheté par Ulysse Trading and Industrial Companies (UTIC) Group, le groupe fondé par Taoufik Chaïbi, à travers l’une de ses filiales (Sotradies), pour 35,341 millions de dinars. Cette opération a été scellée en février 2016. Soit près de dix-mois après la précédente.

A y regarder de plus près, on s’aperçoit que le gouvernement des technocrates –mené par Mehdi Jomaa- qui a dirigé la Tunisie en 2014 et organisé les élections législatives et présidentielles qui devaient sortir le pays de la phase de transition, n’a conclu aucune opération de cession. Celui qui lui a succédé, dirigé par Habib Essid, n’a pas fait mieux, même si plusieurs appels d’offres ont été lancés en 2015.

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