Figure de proue du pluralisme syndical, Habib Guiza, secrétaire général de la Confédération générale du travail de Tunisie (CGTT), élu démocratiquement il y a une année, pour un mandat de cinq ans par le 2ème congrès de la centrale, a été désagréablement surpris, dernièrement, de ne pas pouvoir accéder au siège de la CGTT en raison du changement des serrures.

En effet, Mohamed Ali Guiza, directeur exécutif de la CGTT, soutenu par quelques «énergumènes», se serait autoproclamé nouveau secrétaire général de la CGTT et essayé ainsi de succéder à son père en lui imposant par la force la filiation que Habib Guiza refuse par conviction et par principe.

Le secrétaire général de la CGTT aurait été obligé de faire prévaloir ses droits et de récupérer légalement le siège de la centrale.

A l’origine de cette tentative de complot, une invitation nominative adressée, depuis l’été dernier, à Habib Guiza pour assister officiellement au 4e Congrès mondial de la Confédération syndicale internationale (CSI) qui se tiendra à Copenhague (Danemark), du 2 au 7 décembre 2018.

Cette invitation n’a pas été du goût de son fils qui a envoyé, le 29 octobre 2018, une lettre à la CSI pour l’informer que, conformément à une réunion du bureau exécutif de la CGTT, c’est lui, en qualité de nouveau secrétaire général, qui serait le représentant de la CGTT au 4ème congrès de la CSI.

Dans sa réponse, la CSI a ignoré, le 5 novembre 2018, la missive de Mohamed Ali Guiza et confirmé l’invitation nominative adressée au secrétaire général légitime, Habib Guiza, et demandé aux services consulaires compétents (l’ambassade de Finlande) de lui faciliter les procédures pour l’obtention de son visa.

Cette invitation de la CGTT ne manque pas d’enjeux dans la mesure où elle vient consacrer sa reconnaissance internationale aux côtés de prestigieuses autres organisations syndicales du monde entier.

Au-delà de cette invitation, il s’agit d’une reconnaissance du pluralisme syndical en Tunisie que le gouvernement tunisien, particulièrement le ministère des Affaires sociales, s’emploie à occulter au profit de la centrale syndicale la plus représentative, en l’occurrence l’UGTT.

Par sa vocation, la CSI se veut pluraliste, ouverte aux centrales syndicales démocratiques, indépendantes et représentatives, dans le respect de leur autonomie et de la diversité de leurs sources d’inspiration et de leurs formes d’organisation.

Cet incident malheureux aurait été mal perçu aussi bien par la petite que la grande famille de Habib Guiza et, par-delà, toute la région de Gabès et les nombreux amis parmi les intellectuels tunisiens. Et pour cause. Nuire au père par le canal de son fils n’a jamais été dans nos mœurs.

Autre enseignement à tirer de cet incident : la tendance de plus en criante d’enfants ambitieux qui sont pressés de doubler, par tous les moyens, leurs parents à travers des raccourcis pas toujours heureux pour les héritiers vivants. Malheureusement, ce genre de comportement social, beaucoup plus occidental que musulman, est en train de se généraliser en Tunisie. Il suffit de lire les faits divers pour s’en rendre compte.

Sauf que le génie des pères n’est pas toujours héréditaire.