En poste en Tunisie depuis un an et demi, l’ambassadeur de la Grande-Bretagne veut donner un coup de fouet aux échanges commerciaux de son pays avec la Tunisie. Et a fait réaliser une étude stratégique donnant les recettes pour ce faire.

Indubitablement, Mme De Sousa a de la suite dans les idées. Arrivée en Tunisie en décembre 2016, c’est-à-dire six mois après que ses concitoyens ont, par le référendum du 23 juin 2017, décidé de sortir leur pays de l’Union européenne, cette diplomate expérimentée savait depuis qu’elle allait, à l’instar de ses collègues un peu partout dans le monde, devoir tout faire pour développer les échanges commerciaux du Royaume-Uni avec les pays d’accréditation afin de compenser, ne serait-ce qu’en partie, la baisse de ses exportations vers l’Union européenne qui pourrait découler du changement du cadre institutionnel des relations euro-britanniques.

Visiblement, c’est ce que tente de faire la diplomate britannique en Tunisie. A cet effet, elle a fait réaliser, par les services de l’ambassade et le cabinet Coffrey, une étude stratégique sur «La promotion des échanges commerciaux et des investissements entre la Tunisie et le Royaume-Uni» dont les conclusions et les recommandations ont été récemment présentées, lors d’un atelier d’information organisé au Centre de Promotion des Exportations (Cepex).

Cette démarche s’insère dans le cadre d’une stratégie mise en œuvre par le gouvernement britannique dans la foulée du référendum pour augmenter le volume des échanges commerciaux avec le reste du monde. Après les 53 pays du Commonwealth, y compris africains –à qui la Première ministre Theresa May elle-même a présenté le Brexit comme une opportunité pour augmenter leurs échanges commerciaux avec le Royaume Uni-, cette stratégie est aujourd’hui déclinée au-delà de ce cercle.

En ce qui concerne la Tunisie, l’étude, menée entre août et novembre 2017, en combinant recherche documentaire et enquête de terrain, a révélé des «sous-performances» dans les échanges commerciaux tuniso-britanniques. Côté tunisien, les exportations vers le Royaume-Uni ne représentent que 0,03% de celles destinées à des pays comparables. Côté britannique, les exportations ne dépassent pas 1,6% des importations tunisiennes.

La sous-performance dans les exportations tunisiennes saute aux yeux lorsqu’on compare –comme le fait l’ambassadeur du Royaume-Uni- la situation de la Tunisie avec celle du Maroc dont les exportations représentent 60% des sardines, 25% des tomates et 11% de l’huile d’olives achetées au Royaume-Uni.

Motif de cette «sous-performance»? «Un manque de «réflexe» commercial entre les deux pays et de connaissance des opportunités existantes d’une part, et des deux marchés», d’autre selon l’étude.

Pourtant, selon la même source, des opportunités, il en existe dans des «secteurs clés pouvant promouvoir les exportations tunisiennes vers le Royaume-Uni» -l’agroalimentaire en général et l’huile d’olive en particulier et les Technologies d’information- et britanniques vers la Tunisie -services financiers, professionnels, éducation et santé.

D’ailleurs, indique Louise De Souza, «nous planifions de soutenir d’autres secteurs vitaux cette année et les années à venir. Des secteurs qui vont contribuer à aider la Tunisie à relancer, à une cadence plus rapide, ses moteurs de croissance économique. A savoir : promouvoir les exportations et augmenter les investissements».

Pour concrétiser ces opportunités et, par conséquent, donner une impulsion aux échanges commerciaux entre les deux pays, l’étude recommande de prendre une série de mesures.

La première d’entre elles, c’est la mise en place d’un nouveau cadre juridique. «Il faut que nous négociions un nouvel accord à la place de l’Accord d’association entre la Tunisie et l’Union européenne (de 1995). Un accord qui gouvernera nos relations bilatérales, notamment dans les domaines économiques et commerciaux», souligne l’ambassadeur du Royaume-Uni.

Le développement des échanges entre les deux pays nécessite aussi, selon l’étude, l’établissement de liens entre les communautés d’affaires des deux pays (via l’organisation de forums britanniques centrés sur les secteurs clefs, l’implication des associations/organisations commerciales et l’éventuelle mise en place visa “Business Bridge), le renforcement des capacités des exportateurs tunisiens“ pour une meilleure compréhension et pénétration du marché britannique, la conclusion d’un mémorandum d’entente avec le CEPEX “dans le but d’appuyer la promotion de l’export entre la Tunisie et le Royaume-Uni», la réalisation d’études et de forums sectorielles “dans des secteurs clés à haut potentiel», l’intensification et la diversification des visites et de la communication –en particulier sur des success stories- et la mise en place «d’une meilleure veille » concernant les opportunités.

Cette nouvelle approche ne va pas tarder à être déroulée. D’abord, un forum bilatéral se tiendra les 21 et 21 juin à Tunis. A cette occasion, une délégation de responsables d’universités britanniques discutera des opportunités d’échange, un programme d’assistance technique en faveur des exportateurs tunisiens sera défini en collaboration avec le CEPEX et la Chambre tuniso-britannique et sera mis en œuvre par le bureau Coffey, et un projet d’amélioration de l’attractivité de la Tunisie en tant que destination d’investissement sera aussi lancé.

Ensuite, révèle Mme De Souza, une visite de l’envoyé du Premier ministre pour le commerce est prévue au cours du deuxième semestre de cette année, qui sera accompagné par une délégation d’hommes d’affaire britanniques.

Cependant, fait remarquer la diplomate britannique, «cet effort ne pourra pas être traduit par de très bons résultats sans une collaboration efficace entre nous tous». Le message adressé à la partie tunisienne est clair : faites votre part du boulot.