L’initiative “l’appel des agriculteurs pour reverdir le monde” a été lancée à Tunis, mercredi 25 avril 2018, par l’UTAP et le Programme environnemental franco-tunisien “Reverdir”, dans l’objectif de soutenir l’agriculteur tunisien et l’inciter à utiliser les technologies innovantes, tout en luttant contre la dégradation des terres et la déforestation.

“C’est un appel mondial pour réunir les organisations agricoles de 46 pays africains et mobiliser la société civile et les acteurs politiques ainsi que les bailleurs de fonds, en vue de créer un levier d’amorçage économique, social et solidaire mondial, et de financer des innovations agricoles qui seront mises à la disposition des agriculteurs tunisiens et africains”, a indiqué Seifallah Ben Younes, directeur en charge du développement de la zone Bassin méditerranéen “Reverdir”.

“Ce programme, lancé pour la première fois en Tunisie, offre aux agriculteurs tunisiens, membres de l’UTAP, du matériel innovant gratuitement et une formation sur la technique d’utilisation de cette innovation”.

Ce programme compte mettre en place la technologie innovante de l’hydro-rétenteur qui consiste en de petits granules incorporés, à la racine de la plante, lors des semences, lesquelles gonflent avec la pluie ou l’arrosage et retiennent l’eau. La plante crée par conséquent, son réservoir d’eau (réduction du nombre d’arrosages, à titre d’exemple l’agriculteur arrosera 3 fois par semaine, au lieu de 6).

Cette technologie qui fait actuellement, l’objet d’adaptation sur les terres tunisiennes, devrait être, mise en place, au début de 2019, dans le Sud Tunisien, aux fins d’arrêter la désertification et réhabiliter les terres. Ensuite, le système hydro-rétenteur sera généralisé à tout le territoire tunisien.

Elle permet d’améliorer grandement le rendement des récoltes, tout en économisant les ressources en eau et est utilisée pour les cultures à forte consommation d’eau et/ou dans les zones à conditions difficiles (irrégularité des ressources hydriques, mauvaise qualité du sol).

“Les agriculteurs auront la possibilité de dégager des bénéfices au cours de la première année, puis commenceront à réinvestir ces bénéfices et à créer de l’emploi, tout en préservant les ressources naturelles, notamment l’eau, et en réhabilitant les terres et forêts”, a précisé Ben Younes .

A noter que ce programme est encore, au stade de la recherche des financements nécessaires estimés à 100 millions d’euros, auprès de certains bailleurs des fonds tels que l’AFD, le GIZ, la FAO et la BAD.

Jean-François Daniel, président de Reverdir, a, pour sa part, averti contre les impacts des changements climatiques, estimant que le monde doit agir maintenant, de manière collective, car la situation environnementale sur la planète devient de plus en plus alarmante.

“Selon les dernières prévisions scientifiques sur les changements climatiques, dans 10 ans (en 2030), 800 mille hectares de terres arboricoles en Tunisie auront disparu à cause de la sécheresse et des inondations sévères. En 2050 (dans 30 ans), plus de 30% des espèces seront en voie d’extinction, et dans 80 ans (en 2100), la majeure partie des animaux, des poissons, des végétaux et des insectes auront disparu. Et à partir de cette date, près de 3,3 milliards de personnes pourraient mourir par manque de nourriture”, alerte-t-il.

De son côté, Abdelmajid Ezzar, président de l’UTAP, a lancé un cri d’alarme, attirant l’attention de toutes les parties concernées: politiciens, responsables, experts, acteurs économiques et sociaux et société civile sur la situation difficile que vit aujourd’hui la planète, à cause de la surexploitation des richesses naturelles.

Pour lui, ce sont les agriculteurs qui subissent le coût de dégâts causés par les changements climatiques, alors que leurs moyens sont limités, en l’absence de mécanismes d’encadrement et d’appui. Les principaux impacts des changements climatiques menacent la sécurité alimentaire des pays, dont la Tunisie, d’autant plus que le secteur agricole consomme près de 80% des ressources hydrauliques du pays.

Il a souligné la nécessité de s’adapter aux changements climatiques, en assurant l’encadrement des agriculteurs, en leur accordant l’appui financier nécessaire et en les incitant à utiliser les TIC dans leurs projets agricoles.