Il faut repenser les fondements de l’économie nationale, lesquels ne sont plus adaptés ni à l’époque ni aux changements sociaux, nationaux ou internationaux. La Tunisie devrait s’adapter aux nouvelles exigences de l’économie et de la société tunisienne. C’est ce que recommande l’éminent économiste Hechmi Alaya, lors d’une journée d’étude parlementaire tenue samedi 10 mars au Bardo, sur le thème “La Tunisie à l’heure des défis économiques”.

Le monde a changé, les systèmes de production et de distribution ont changé et les économies dans le monde ont changé alors qu’en Tunisie, rien n’a changé, a-t-il encore dit, expliquant qu’il faut “s’intégrer et s’adapter aux nouvelles règles de l’économie nouvelle et sortir de notre cocon”.

L’inflation, la détérioration du dinar, l’augmentation des dettes extérieures et intérieures et l’aggravation du déficit commercial sont autant d’indicateurs qui décrivent la situation de l’économie nationale et montrent que le pays connaît une mauvaise passe et souffre d’une crise profonde, laquelle perdure depuis une décennie et s’est approfondie après la révolution, a-t-il dit.

Le taux de croissance a atteint 1,9% en 2017, contre 4,5% en 2007. Durant cette décennie, le revenu moyen par habitant en dollars est passé de plus de 4.300 dollars à 3.520 dollars à fin de 2017, a-t-il affirmé, ajoutant que le pays a perdu, depuis la fin des années 2000, plus de 350 entreprises industrielles.

L’économiste s’est référé aux données de l’Organisation internationale de travail, selon lesquelles le taux de l’emploi est estimé à moins de 40% en Tunisie, contre 58% pour l’ensemble de l’Afrique et 60% dans le monde.

L’économiste a également évoqué la détérioration du système de l’enseignement supérieur en Tunisie, en tant que facteur contribuant à la dégradation de l’économie nationale et à l’exacerbation de la crise actuelle, ajoutant que la Tunisie dispose de ressources humaines très importante qui n’est pas exploitée pour construire l’avenir du pays.

Parmi les raisons de la dégradation de l’économie, il a cité l’absence d’une vision future pour l’économie ou d’une stratégie de long terme outre la mauvaise gestion des affaires financières et publiques.

De son côté, le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouane El Abassi, a indiqué que la situation économique en Tunisie est “difficile” mais les deux premiers mois de 2018 ont enregistré quelques indicateurs positifs grâce à l’amélioration des indicateurs dans les industries manufacturières et le retour de l’exportation des produits tunisiens et du tourisme.

il a mis l’accent sur la nécessité de la prise des “bonne décisions” qui peuvent être parfois “douloureuses” et de rétablir la confiance sociale, économique et politique afin que le pays puisse dépasser la crise actuelle.

Il a souligné l’importance de changement du modèle économique, de renforcement de la compétitivité et la productivité et de la promotion de nouveaux secteurs prometteurs telles que les TIC, dont le taux de croissance varie entre 15 à 25%, d’encourager et de repenser les secteurs qui ont déjà fait leurs preuves comme le textile et le tourisme.

El Abassi a en outre insisté sur l’importance du retour à la valeur travail qui est impérative pour relancer l’économie nationale et surmonter la crise actuelle.