“Le ministère de l’Industrie et des PME est appelé à communiquer davantage pour une prise de conscience quant à l’importance d’encourager le produit tunisien, notamment industriel”. C’est e qu’estime Slim Feriani, ministre de l’Industrie et des PME, soulignant que le message essentiel à retenir est qu’il faut mettre en exergue l’importance de valoriser le travail, préserver l’existant et renforcer les programmes déjà mis en place.

 

A la question “quelle évaluation faîtes-vous du paysage industriel tunisien ?”, Selim Feriani a répondu qu'”il y a des indicateurs positifs, et nous travaillons de manière participative à les maintenir et les améliorer. Les premiers chiffres de 2018 sont encourageants. Les exportations des industries manufacturières ont progressé de plus de 31% en janvier 2018 et les exportations du secteur textile ont enregistré une hausse de plus de 25%”.

Ensuite, il a souligné que l’approche de son département consister “à développer les industries traditionnellement présentes en Tunisie, comme le textile/habillement, l’agroalimentaire, en plus des secteurs innovants et à haute valeur ajoutée comme les industries mécaniques et aéronautiques, les composants automobiles et les industries pharmaceutiques”.

Et pour atteindre cet objectif, le ministère a mis en place un plan d’action axé sur cinq points, à savoir le renforcement de la compétitivité, de l’innovation et le développement des nouvelles technologies, des investissements et l’appui aux entreprises”.

A propos des entraves au développement des PME tunisiennes, le ministre a reconnu que le financement reste le principal handicap au développement des PME tunisiennes qui jouent pourtant un rôle très important dans l’économie nationale.

“Aujourd’hui, les banques sont les principales pourvoyeuses de financements pour le secteur industriel et les PME. Il y a une réelle volonté de changer cette situation en adoptant une approche créative et proactive qui permettra de mobiliser tout le potentiel de croissance des unités industrielles”, dit-il.

Il rappelle que plusieurs dispositions législatives et fiscales ont été prises dans le cadre de la loi de finances 2018, visent justement à appuyer et accompagner les PME.

Et d’ajouter: “notre politique se base, également, sur l’encouragement des produits de financement alternatif. Sur ce point, je peux vous confirmer que nous sommes proches de la finalisation d’un projet de loi sur le Crowdfunding (financement participatif), qui peut apporter d’importantes sources de financement adaptées aux besoins des PME tunisiennes. Je suis très persuadé que le Private funding va instaurer la même dynamique créée par la micro-finance, même pour les PME”, a-t-il développé.

Concernant les 400 MDT prévus au cours des 3 prochaines années, le ministre de l’Industrie a souligné que le gouvernement est convaincu que, avant de créer de nouvelles entreprises, il est nécessaire de protéger et aider celles qui existent déjà à se développer et à s’adapter aux changements. “Cette nouvelle ligne de crédit qui couvre la période 2018/2020 sera consacrée à la restructuration financière, l’appui et la relance des PME en difficulté conjoncturelle”.

Il annonce, dans ce cadre, la finalisation très prochainement du décret d’application, et que, “à partir du mois d’avril, des dizaines de PME tunisiennes pourront bénéficier d’une enveloppe de 100 millions de dinars (MDT) prévue pour cette année; 150 MDT seront mobilisés en 2019 et 150 MDT en 2020”.

Le gouvernement travaille également sur le renforcement des programmes de coopération avec les bailleurs de fonds internationaux comme la GIZ et l’AFD. “Nous avons récemment signé avec la GIZ trois conventions qui s’inscrivent dans le cadre de la 2ème phase du programme “ISECO” (Initiative pour la stabilisation économique et l’emploi des jeunes)”, souligne le ministre…

Quand on lui demande de citer “les secteurs les plus attractifs actuellement”, Selim Feriani souligne qu'”outre les secteurs traditionnels (textile/habillement, cuir et chaussures, l’agroalimentaire), notre objectif est de booster les secteurs des composants automobiles, l’aéronautique, les industries pharmaceutiques et l’industrie militaire”.

Et d’ajouter que “la Tunisie s’est imposée en tant que site fidèle en termes de qualité et compétitivité, et en termes de prix attractifs, sans oublier le capital humain. Et c’est pour cette raison que je dis toujours que les investisseurs étrangers déjà présents en Tunisie constituent la meilleure publicité pour promouvoir l’image du pays en tant que site attractif, notamment dans les secteurs industriels de pointe”.

Sur les entreprises publiques relevant du département de l’Industrie, Feriani reconnaît que leur situation est problématique, “puisqu’elles font face à des conflits qui freinent leur production”. Il révèle que “dans les jours et les semaines à venir, le gouvernement dévoilera un programme visant la restructuration de la situation financière de ces entreprises afin de garantir leur pérennité, parce qu’en les lâchant c’est le commerce parallèle qu’on encourage ainsi que l’importation officielle qui nous coûte des milliards en devises”.

Seront-elles privatisées? Selon lui, c’est une question secondaire, mais appelle appelle à “relancer le dialogue avec l’appui du syndicat des travailleurs et de la centrale patronale sur l’éventualité de trouver un partenaire stratégique à même de les aider à redresser leur situation”.

Pour étayer ses dires à l’importance du dialogue, Feriani rappellera que cette politique a permis aux départements de l’Industrie et des Affaires sociales, l’UGTT et l’UTICA, “la reprise des activités de la Société tuniso-andalouse de ciment blanc (SOTACIB) qui a le monopole de production en Tunisie, et la STIP (Société tunisienne des industries pneumatiques)”.

Concernant la société El Fouledh, la question d’attirer un investisseur stratégique n’est pas encore tranchée, indique le ministre, qui assurer que cette question sera examinée une deuxième fois avec l’UGTT pour trouver une solution structurelle à cette entreprise.