Abdellatif Hannachi : Le gouvernement d’union nationale manque de soutien politique

Selon Abdellatif Hannachi, politologue et professeur d’histoire contemporaine, la situation politique dans le pays est confuse et présente une certaine ambiguïté parce que le gouvernement d’union nationale n’a pas trouvé le soutien nécessaire lui permettant d’accomplir au mieux sa mission.

L’absence de soutien embrouille le rendement du gouvernement et fragilise ses décisions, a-t-il expliqué. Il a fait observer que parmi les signataires du Document de Carthage, l’Union générale tunisienne du travail est la partie qui appuie le plus le gouvernement au moment où le patronat (UTICA) menace de se retirer de cette plate-forme en signe de protestation contre le projet de loi de finances.

Le gouvernement d’union nationale qui au début, était composé de partis politiques et d’organisations nationales, ne représente aujourd’hui que deux mouvements, à savoir Nidaa Tounes et le mouvement Ennahdha. D’autres ont quitté le gouvernement officiellement ou de manière indirecte.

L’historien a ajouté que les positions de Nidaa Tounes envers le gouvernement sont aujourd’hui inconstantes. Il a évoqué les pressions exercées par ce parti sur le gouvernement qu’il est sensé soutenir étant le premier vainqueur lors des élections législatives de 2014.

Sur un autre plan, l’expert estime que la coalition entre Ennahdha et Nidaa Tounes “n’est pas solide”, rappelant les déclarations faites par le vice-président de l’Assemblée des représentants du peuple, Abdelfattah Mourou, et le président de la République, Béji Caïd Essebsi, dans ce sens.
Cette coalition, Selon lui, n’a pas de base politique ni idéologique. Ce qui réunit les deux pays, c’est la réussite, à tout prix, de la transition démocratique”.

Et de relever ” les relations entre les partis politiques ne sont pas construites sur des bases idéologiques objectives mais plutôt sur des intérêts conjoncturels, ce qui pourrait expliquer le retour de l’UPL au Document de Carthage après l’avoir quitté en 2016.

L’historien a cité aussi l’exemple de Machrou Tounes qui après avoir longtemps soutenu le gouvernement, a choisi aujourd’hui “la politique des deux chaises”, alors que théoriquement, le parlement doit être composé de groupes avec des programmes et des opinions claires.

Afek Tounes a eu aussi la même attitude à tel point que certains pensent que le parti souffre de “schizophrénie politique”, a-t-il ajouté.

Quant aux partis de l’opposition, le Front populaire et le Courant démocrate, en particulier, Abdellatif Hannachi considère qu’ils sont les seuls à avoir une position claire et constante envers le gouvernement et les partis qui le forment.

“Les fronts auxquels avait appelé le président du mouvement Machrou après son départ de Nidaa Tounes ont été voués à l’échec”, a-t-il relevé.

Le projet de formation d’un front parlementaire a conduit, aujourd’hui, à l’annonce d’une nouvelle coalition entre Ennahdha, Nidaa Tounes et l’UPL, dont la nature n’est pas encore claire.

Abdellatif Hannachi estime que les problèmes internes des partis politiques et leur instabilité ont influencé la situation politique générale. La vague de démissions observées dans la plupart des partis politiques et les positions instables de ces partis qui ne reflètent ni leurs idées ni leurs programmes, ont sensiblement déstabilisé la scène politique.