Chaînes de valeurs agricoles : Et si la BNA avait trouvé un mécanisme de pérennisation de l’agriculture tunisienne?

Par : Tallel

Samedi 4 novembre et en marge de la 13ème édition du SIAMAP 2017 (31 octobre – 5 novembre), la Banque nationale agricole (BNA) a organisé une cérémonie de remise des prix à deux projets pilotes ayant bénéficié d’un financement des Chaînes de valeurs agricoles via le crédit tripartite; l’objectif de ce financement étant de couvrir les besoins d’exploitation et d’investissement des petits agriculteurs (ou groupes d’agriculteurs).

La cérémonie s’est déroulée en présence du directeur général de la BNA, Habib Ben Hadj Kouider, du ministre de l’Agriculture, Samir Taïeb, du président de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP), Abdelmajid Ezzaar, et du ministre ivoirien de l’Agriculture.

Cela dit au passage, autant le DG de la BNA nous a séduits par son sens de respect pour les invités étrangers de la Tunisie lors de cette cérémonie (il y avait un ministre ivoirien), autant Samir Taïeb nous a quelque peu déçus : le premier s’est exprimé plus en français qu’en arabe, alors que le second a fait comme si on était seulement entre Tunisiens. Dommage !

La concrétisation du “Crédit Tripartite“ est assurée via la conclusion d’une convention au contrat d’approvisionnement et de financement entre les trois acteurs de la Chaîne, à savoir :

  • la Banque nationale agricole (BNA) en tant qu’organisme de financement ;
  • l’agro-industrie en tant qu’acheteur des produits et des récoltes des agriculteurs ; et
  • les agriculteurs ayant un besoin de financement de leurs exploitations et/ou de leurs investissements.

Explication du mécanisme du financement

D’abord, la BNA assure aux agriculteurs l’octroi du crédit nécessaire pour le financement de leurs cycles d’exploitation ou d’investissement moyennant la caution de l’agro-industriel. Par la suite, le déblocage du crédit est réalisé au profit de l’agro-industriel afin de permettre aux agriculteurs l’approvisionnement nécessaire pour couvrir les besoins d’exploitation ou d’investissement.

Ensuite, c’est au tour de l’agro-industriel de procéder, dans une première étape, à la sélection des agriculteurs sur la base des relations professionnelles déjà établies ; puis il les cautionne auprès de la BNA pour l’octroi de crédit à leur faveur ; il leur fournit l’approvisionnement nécessaire à même d’assurer leurs productions ; enfin, l’agro-industriel se charge du remboursement du crédit à partir des retenues sur la production fournie par les agriculteurs.

Quant au troisième maillon de la chaîne, les agriculteurs, ces derniers s’approvisionnent auprès de l’agro-industriel pour couvrir leurs besoins d’exploitation ou d’investissement afin d’assurer leurs productions. 2galement, ils s’engagent à vendre la totalité de leurs productions ou récoltes agricoles à l’agro-industriel.

Voilà comment est bouclée la chaîne des valeurs agricoles tripartites : BNA (finance) – Agro-industriel – Agriculteur.

C’est ainsi que, lors de la cérémonie, une vidéo a été projetée montrant Essia Harhouri et Ahlem Harhouri, les deux lauréates du premier prix, qui gèrent une fromagerie située à Kasserine. Elles ont expliqué avoir bénéficié d’une formation dans la fabrication des fromages, et compte tenu du succès qu’elles ont rencontré, désormais elles ambitionnent d’élargir le projet, diversifier le produit et, plus tard, devenir de véritables “femmes d’affaires“. Pourquoi pas.

A préciser que cette fromagerie regroupe 17 jeunes femmes auxquelles la BNA a accordé des financements pour l’acquisition de 4 vaches laitières chacune, un moyen de transport et une machine à traire le lait.

Pour sa part, Abdejalil Harhouri, directeur d’une société de collecte de lait à Sbitla (gouvernorat de Kasserine) et agro-industriel de ce projet (de fromagerie), dira qu’il est le garant dans l’opération de financement tripartite.

Quant au deuxième prix, il a été remis à Omar Béneni, ingénieur agronome retraité qui a lancé sa société dénommée “Zalfane”, spécialisée dans la valorisation des figues de barbarie depuis 2014 dans la région Khmouda, délégation Foussana (gouvernorat de Kasserine).

Et il explique, à l’instar des deux jeunes femmes citées plus haut, avoir obtenu un financement de 175.000 dinars accordés dans le cadre du financement tripartite. Béneni vise déjà des marchés étrangers pour vendre ses produits, et ce après avoir valorisé les figues de Barbarie (soltane El ghalla)…

A souligner que son projet couvre actuellement une superficie de 30.000 hectares. Et il y croit comme fer, car, dit-il, des organismes de financement internationaux, à l’instar de la Banque allemande pour le développement et la reconstruction (KWF), sont prêts à accorder des lignes de crédits pour ce projet…

Dans cette opération de financement des “Chaînes de valeurs agricoles…”, les agriculteurs peuvent compter sur la BNA et notamment son directeur général, Habib Ben Hadj Kouider, qui promet de leur accorder pas moins de 500.000 dinars avant fin 2017, et de monter jusqu’à 5 millions de dinars au cours des prochaines années, si l’expérience s’avère rentable.