Protection sociale  : L’UTAP lance le contrat prévoyance pour les agriculteurs

Les parents pauvres de tout et dans tout. Ce sont ces petits agriculteurs et pêcheurs dont la vie et la survie dépendent des caprices climatiques et des conditions de travail, pas toujours adéquates pour qu’ils puissent vivre convenablement et assurer sécurité et confort à leurs familles.

Les drames des marins-pêcheurs se suivent dans notre pays face à un dénuement presque total pour ce qui est de la couverture sociale et l’assurance-vie. «Rappelez-vous le naufrage de l’embarcation de pêche au large de Sfax, seulement 5 des 13 pêcheurs avaient survécu; pour les familles des autres, une pension de 270 Dt par mois a été allouée. Comment peut-on couvrir ses dépenses avec un montant aussi dérisoire? C’est ce qui explique notre décision de lancer le produit “Assurances pour l’agriculteur“ et bien entendu les pêcheurs. En fait une assurance qui bénéficiera à tous les adhérents de l’UTAP». C’est ce qu’a déclaré Abdelmajid Ezzar, président de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP), lors de la journée de sensibilisation à l’importance de la prévoyance, organisée mardi 7 février 2017 au siège de l’organisation agricole.

Le nombre des affiliés à la CNSS ne dépasse pas les 10% dans une communauté qui compte plus de 550.000 personnes, entre agriculteurs et pêcheurs (55.000). Parmi eux et hormis les plus nantis, la plupart souffrent d’une situation de précarité inadmissible dans une Tunisie qui ambitionne de redonner au secteur de l’agriculture et de la pêche une importance amplement méritée.

Le produit d’assurance mis en place par l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche et concoctée avec le concours d’une experte dans le secteur des assurances et réassurances, une courtière exerçant en France, en Tunisie et en Afrique, en l’occurrence Samira Laabidi, permet de bénéficier des couvertures santé et une assurance-vie. L’assureur local est bien évidemment «El Amana Takaful».

Des produits spécifiques, chacun selon sa bourse

Le programme prévoyance offre 3 types de produits. Une couverture assurance de base -dont le montant d’affiliation diffère d’un âge à un autre. Ainsi, pour les 18/25 ans, c’est 24,550 dinars tunisiens par an; entre 50 et 55 ans, 105 dinars; entre 56 et 60 ans, 163 dinars; et pour les 61/69 ans, 259 dinars.

La couverture de base assure un remboursement de l’ordre de 1.000 à 2.000 dinars en cas d’hospitalisation ou un accident. S’il y a décès, ou invalidité absolue et définitive, Al Amana Takaful verse aux ayants droits du participant un capital égal à 15.000 Dt.

Pour les autres produits, telle que la couverture complète ou idéale, les remboursements dépendent en grande partie du montant consenti par l’assuré lors de son affiliation. Ainsi, pour la couverture idéale, l’assureur prévoit le paiement d’une indemnité forfaitaire de 2.000 Dt avec un plafond annuel de 4.000 Dt pour l’hospitalisation et un capital décès qui s’élève à 35.000 Dt.

C’est la première fois en Tunisie qu’une organisation professionnelle s’engage ainsi avec ses adhérents. «Il est impensable que, dans un pays comme le nôtre, les professions libérales n’adhèrent pas à des programmes prévoyance. Si un médecin ou un avocat tombe malade et s’il a auparavant atteint le plafond de sa couverture sociale classique, il ne peut compter sur aucun produit d’assurance complémentaire. Ce n’est pas sécurisant du tout, d’où l’importance du lancement de ce produit par l’UTAP. Il sert surtout à offrir aux affiliés de l’organisation de meilleures prises en charge», indique Samira Laabidi.

S’exprimant à l’ouverture de la journée de sensibilisation à la couverture prévoyance, Omar El Behi, secrétaire d’Etat à l’Agriculture, a incité les participants à adhérer à ce nouveau produit pour vivre mieux et bénéficier de plus de sécurité. «Il est dommage que la culture de la prévoyance et des assurances ne soit pas ancrée dans le milieu agricole, mais je vous appelle à vous y intéresser parce que, pour vous, c’est une garantie pour un meilleur être. Nous sommes conscients des conditions difficiles dans lesquelles vous évoluez et c’est ce qui nous pousse à vous encourager à mieux vous préserver des aléas de conditions de travail assez hasardeuses même si bien récompensées si tout marche comme espéré. Les mécanismes de prévoyances sont là pour vous protéger en cas d’imprévus».

Le secrétaire d’Etat a insisté sur l’importance d’une communication structurée et ciblée pour atteindre les pans les moins favorisés des agriculteurs et des pêcheurs qui ne doivent pas laisser passer une occasion aussi importante pour être à l’abri du besoin en cas de sinistre. Ceci d’autant plus que la réussite du plan de prévoyance dépendra en grande partie de l’engouement des intéressés pour le produit et du nombre des affiliés.

Grands temps pour que les agriculteurs, dont les remboursements de frais de santé figurent parmi les plus faibles en Tunisie, bénéficient d’une protection complémentaire pour couvrir la maladie et la prévoyance. Grands temps aussi pour que nos agriculteurs et leurs organismes de tutelle apprennent à gérer les risques de leurs exploitations comme des chefs d’entreprise en prenant en compte tous les imprévus et inattendus.