Le système bancaire tunisien est malade des créances classées. Leur encours avoisine 16% des bilans, alors que la moyenne mondiale oscille entre 10 et 12%. Ce problème se dénoue le plus souvent par un recours en contentieux. Et même si la banque obtient gain de cause, la récupération est souvent partielle.

Existe-t-il une solution technique qui sauve le créancier et préserve l’actif de la banque? Le fonds de restructuration semble être le concept financier dédié à cette parade. A l’heure actuelle, la BIAT a lancé son fonds maison à l’adresse de sa clientèle.

Une créance classée : Un crédit immobilisé, plus une provision

Il faut savoir qu’une créance classée est un crédit immobilisé qui grève la trésorerie de la banque. Etant risquée, cette créance doit être provisionnée par prélèvement sur les bénéfices de la banque. Ainsi, la banque se trouve doublement lésée dans sa liquidité et sa rentabilité. Que faire alors?

La sous-capitalisation est à l’origine du mal

Il est évident que la mauvaise gestion ou la crise contribuent à l’augmentation des créances classées. Mais c’est la sous-capitalisation, mal endémique des PME tunisiennes, qui est la cause majeure des difficultés bancaires des entreprises. C’est cela qui fait que les crédits utilisés par les entreprises en arrivent à financer les besoins d’exploitation et à combler le gap en fonds propres. C’est au-dessus des moyens des banques car celles-ci se retrouvent à faire de la transformation, prêtant des ressources à vue pour des échéances à terme.

Cette allocation impropre des ressources bancaires finit par faire tomber les banques dans la trappe de trésorerie qui assèche ainsi leur liquidité. Un véritable gâchis financier.

Pour se dégager de cette situation, la banque consolide ses débiteurs en réinjectant de nouvelles ressources. Mais parfois, cela finit chez la filiale de recouvrement.

Une sortie par le haut

Le fonds de restructuration procure à l’entreprise nécessiteuse un apport salvateur en fonds propres. Avec une structure financière renforcée, l’entreprise ne sollicite plus son banquier que pour financer son besoin en fonds de roulement. Elle n’aura plus de recours que pour des crédits de court terme.

Les créances bancaires peuvent rester vivantes, peu risquées et permettre à la banque d’avoir une liquidité aisée. La banque protègerait ainsi ses actifs et le fonds préserve son portefeuille de participations.

Il faut savoir que la dotation en capital d’un fonds de restructuration reste modeste en regard des créances classées. La généralisation des fonds à toutes les banques serait un rempart remarquable contre le fléau des créances classées. Une dynamique d’assainissement pourrait en découler et on pourra alors envisager de reparler des accords de Bâle que nous avons momentanément négligés et auxquels il faudra vite s’atteler.

Ali Abdessalam