«2016 est la première année où les choses commencent à aller». Jeudi 22 décembre, Abdelwaheb Ben Ayed n’était pas peu heureux d’annoncer, lors d’une communication financière au siège du groupe, que Poulina Group Holding (PGH) a presque totalement surmonté les séquelles des problèmes sociaux, et donc financiers, provoqués par la chute du régime Ben Ali le 14 janvier 2011.

«Après la révolution, le secteur industriel a été perturbé», rappelle le président de PGH. Car «il y a eu dans le pays une révolution culturelle dont on ne parle pas: les ouvriers ne veulent plus faire les travaux pénibles», analyse le fondateur du groupe.

Les troubles sociaux dans les autres secteurs industriels ont fait qu’à un moment donné l’aviculture a assuré près de 80% du chiffre d’affaires. Aujourd’hui, «elle commence à reprendre sa place normale dans l’activité du groupe» puisque la situation se normalise dans les autres activités industrielles.

Les chiffres attestent de ce retour à la normale. A fin novembre 2016, les revenus de PGH ont fait un bond de 5,8% à 1,697 milliard de dinars. La marge brute (560 millions de dinars) a progressé de 9,5% et l’Ebitda (252 millions de dinars) de 11,5% (de 13,6% à 14,9%).

Ben Ayed met en exergue en particulier l’amélioration des marges –de 30,7% en 2012 à 33% en 2016- car «c’est le véritable indicateur de la santé du groupe. Un point de plus c’est 25 millions de dinars supplémentaires». Du coup, PGH a aujourd’hui «très peu de sociétés encore malades et d’ici trois ans nous aurons assaini toutes celles qui ont été touchées par la révolution», promet le patron du groupe.

PGH en a tiré la conclusion qu’il lui fallait, pour minimiser les risques à l’avenir, réduire sa dépendance à l’égard des activités à forte densité de main-d’œuvre.

PGH «n’aura plus de travail de manœuvres, d’ouvriers. On est en train de le sortir du groupe», indique son président. En conséquence, sur les 11.000 employés du groupe, les cadres sont déjà au nombre 2.300 -4.000 avec les cadres moyens. Et leur masse va continuer à augmenter pour représenter 50% dans les années à venir.

Dans la même optique, PGH, qui a commencé à se mettre à la sous-traitance en 1978, est également en train de développer les réseaux de distribution en gérance libre et, surtout, les prestations de services en free-lance. Ce système est déjà en cours de mise en place dans le domaine du transport. «D’ici 2 à 3 ans, nos camions seront cédés aux conducteurs. Cela nous fait un gain de productivité de 40% dont les ¾ vont aux conducteurs et le quart restant à PGH», explique M. Ben Ayed.

Conformément à cette politique de privatisation, le parc roulant de PGH est en train de rétrécir, passant de 338 véhicules en 2011 à 191 en 2016. Dans le même temps, celui des free-lances travaillant pour PGH est passé de 363 à 563.

A terme, PGH fera travailler près de 20.000 free-lances, soit plus que le double du nombre des employés directs qui sont au nombre de 11.000.

Moncef Mahroug