Tunisie – Corruption : Le buzz destructeur des médias inquisiteurs

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Lorsque pendant plus de 5 ans la corruption a été généralisée et encouragée par certains partis politiques qui n’ont pas épargné d’efforts pour fragiliser l’Etat et ont ouvré avec beaucoup «d’ardeur» a déstabiliser ses institutions, quoi de plus normal que d’entendre battre les tambours de guerre a l’encontre de l’INLUC et de son président.

L’INLUC, c’est l’instance nationale de lutte contre la corruption, et son président, cible privilégiée des médias férus de buzz et de sensationnalisme à deux sous, est le bâtonnier Chawki Tabib.

Ainsi, il suffit de l’entendre dire que la corruption est généralisée et que la Tunisie risque de devenir un Etat mafieux pour que nous voyions des journaux électroniques ou même ceux de la presse écrite titrer: «Chawki Tabib affirme l’implication de la Troïka dans des grandes affaires de corruption», «Des ministres encore en poste compromis dans des affaires de malversations», «L’Etat tunisien est mêlé à la corruption du haut de la pyramide et jusqu’aux petites sphères de l’administration», ou pire «Les grands groupes internationaux remportent des appels d’offres dans l’illégalité totale»! Outre le fait que ces gros titres nuisent considérablement à l’image déjà ternie de la Tunisie, laquelle il est vrai a souffert de la naissance de nouvelles mafias aussi bien dans les milieux politiques, d’affaires (fortunés de guerre et économie parallèle), il est clair que Chawki Tabib est victime d’une vaste campagne de désinformation car il dérange! Complices de cette campagne, certains médias inquisiteurs au buzz destructeur.

L’INLUC dérange tous ceux qui profitent de la prolifération de la corruption qui veulent le mettre hors d’état de nuire aussi rapidement que possible! Car si le président de l’INLUC a parlé à maintes reprises de la prolifération du phénomène de corruption dans notre pays et de sa gravité, il a évité, du moins à notre connaissance, de citer des noms, des firmes internationales y opérant ou encore des hommes ou femmes politiques ou hauts commis de l’Etat.

Tout d’abord parce que toute personne est présumée innocente jusqu’à ce que l’on prouve sa culpabilité, ensuite parce que les enjeux pour une instance comme l’INLUC sont importants car ils se répercutent sur les équilibres socioéconomiques et même politique du pays. La prudence est donc de rigueur lorsqu’il s’agit de citer des noms ou des acteurs politiques ou économiques y compris les organisations syndicales ouvrières ou patronales.

Qu’est-ce qui justifie alors toutes ces déclarations fortement médiatisées attribuant à Chawki Tabib des annonces qu’il n’a pas cru bon faire si ce n’est dans le but de servir des lobbys politiques, des intérêts économiques ou tout bêtement de faire monter le nombre de lecteurs aux dépens de la crédibilité de l’instance et de l’image déjà cassée du pays!

Aux dernières nouvelles, Me Tabib aurait déclaré sur les ondes d’une radio réputée que «le temps du pardon est révolu et que les corrompus ne vont pas échapper à la justice» ou encore que si l’on ne sévit pas rapidement, les pratiques mafieuses risquent de devenir monnaie courante dans notre pays. Donc pas de noms, pas de précisions si ce n’est d’avoir indiqué il y a quelques temps qu’une cinquantaine d’affaires où il y aurait de fortes présomptions de mauvaises pratiques ont été soumises à la justice.  

L’éthique et l’obligation de réserve dont se prévaut Chawki Tabib ne lui permettent aucunement d’avancer des accusations à l’encontre de n’importe quelle personne, administration, organisation, institution ou opérateur privé sans qu’une enquête approfondie ait été réalisée en amont et que les autorités concernées aient été avisées, éclairées et aient procédé elles-mêmes aux enquêtes et investigations d’usage. Ceci pour éviter de nuire injustement et gratuitement à la réputation des uns et des autres. 

Dans un journal, nous pouvons lire: «l’instance n’est pas populaire au niveau de la sphère politique et économique». Quoi de plus normal, les intérêts s’évaluent à des centaines de millions de dinars et plus. Mais est-ce à dire que l’on doive faire dire à son président n’importe quoi, n’importe comment et aux dépens des intérêts de la Tunisie et de la réputation des gens?

Pendant cinq ans, la lutte contre la corruption a été le cheval de bataille de nombre de partis politique et la vache à lait de nombre de journaux. La corruption a-t-elle reculé pour autant? Elle a tout juste institutionnalisé un climat de peur et de méfiance dans toutes les sphères économiques, administratives et même sécuritaires de la Tunisie. Peut-être devrions-nous tous changer d’approche: être plus discrets, arrêter de parler et devenir plus efficients pour des résultats concrets et non des déclarations qui n’engagent que ceux qui les font ou des mensonges qui enfoncent ceux qui les fabriquent!