Tunisie – Sfax : Le ras-le-bol des chefs de service de la santé publique face à l’oppression syndicale

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Trop c’est trop ! Les chefs de service de la santé publique déclarent aujourd’hui haut et fort leur ras-le-bol face à l’oppression syndicale. Il a fallu la chute d’un régime pour découvrir la portée de l’appétit syndical pour le pouvoir.

Car si les syndicats, censés, comme nous le rappelons toujours, défendre les droits des travailleurs commencent à imposer leurs lois et à décider des nominations, des mutations et des recrutements, nous devrons sérieusement nous inquiéter pour l’avenir du pays. Pire, nous devrons nous poser les questions suivantes: à quoi sert le gouvernement, le Parlement? Quelles sont les prérogatives des ministres? Seraient-elles celles de manager administrativement et financièrement les différents départements laissant aux syndicats, aux partis et même aux composantes de la société civile le soin d’assurer leurs missions à leur place?

Le chaos, c’est ce que vit aujourd’hui le pays. Des entreprises prises en otage pour faire du chantage au gouvernement avec l’appui illicite des syndicats et des voleurs et des corrompus avérés, défendus par certains membres des syndicats que le corporatisme aveugle.

Un exemple édifiant, celui du magasinier d’un foyer universitaire à Tozeur, suspendu parce que pris en flagrant délit de cambriolage, et qui fut maintenu à son poste parce que le syndicat en a décidé ainsi, allant jusqu’à enclencher une grève de près de deux semaines. A la place du magasinier voleur, c’est le directeur du foyer qui aurait été sanctionné parce qu’il avait voulu prendre des mesures disciplinaires à son encontre. Quant au M.E.S, il s’est soumis!

A Sfax, poussés dans leurs retranchements, les chefs de services de la santé publique ont enfin réagi par le biais d’un communiqué à la dictature du dénommé Adel Zouaghi, seigneur et maître de l’hôpital de Sfax qui empêche à ce jour le directeur de l’hôpital Chokri Tounsi de conduire sa mission.

Un silence complice dangereux pour la Tunisie

Les chefs de services dont les noms paraphent le communiqué condamnent virulemment ses agissements qui s’apparentent plus à du banditisme qu’à celles d’un responsable syndical, dans un communiqué rendu public (Voir copie) et dont le texte stipule clairement leur refus de cet acharnement sur le nouveau directeur.

«Nous, chefs de services des centres hospitalo-universitaires Hédi Chaker et Habib Bourguiba Sfax, assurons le ministre de la Santé de notre soutien pour ce qui est de la nomination du directeur général de l’hôpital Chokri Tounsi à la tête de l’hôpital Hédi Chaker. Nous l’encourageons à continuer sur sa lancée pour ce qui est des réformes engagées pour améliorer la qualité des prestations du CHU Habib Bourguiba et garantir la transparence de sa gestion et une meilleure gouvernance. Ceci est d’autant plus valable que la qualité de service de l’hôpital a considérablement régressé ces dernières années.

Nous condamnons les pratiques des membres du bureau syndical, et en premier celles de Adel Zouaghi et nous dénonçons son obstination à empêcher le DG d’assurer ses fonctions ainsi que la violence verbale et mentale dont il fait preuve à son encontre ainsi qu’à l’encontre de nombre de chefs de services et de responsables administratifs. La conséquence en a été la violation de la sacralité de l’Institution et le blocage de son fonctionnement, ce qui ouvre grande la porte devant le désordre et le non-respect de la loi.

Nous réaffirmons toute notre solidarité avec Dr Chokri Tounsi et notre soutien inconditionnel à tout ce qu’il compte entreprendre pour remettre le CHU sur pieds.

Nous appelons les autorités publiques à intervenir au plus tôt pour appliquer la loi, sanctionner tous les contrevenants quelles que soient leurs appartenances et permettre au DG d’occuper son bureau et assurer sa mission dans les meilleures conditions.

Nous appelons toutes les composantes de la société civile à assumer leurs responsabilités et agir avec rigueur et engagement pour garantir la bonne marche de cette institution publique.

Nous rappelons que nous tenons à l’UGTT, cette organisation militante qui a combattu pour préserver l’existence des hôpitaux publics et exprimons notre fierté de travailler en leur sein».

C’est à l’UGTT, organisation militante, comme citée dans le communiqué, de sévir et de prendre les mesures qui s’imposent pour mettre fin aux dépassements d’un représentant syndical qui se soucie peu de l’intérêt public. Peut-être que ses intérêts à lui prévalent plus… Qui sait? Car à le voir refuser avec autant d’acharnement un DG qu’il ne connaissait pas et auquel il n’a même pas laissé le temps de faire ses preuves, nous sommes en droit de nous interroger sur les raisons secrètes qui poussent le dénommé Adel Zouaghi à autant d’acharnement.

Acharnement que nous pourrions peut-être expliquer par la comparution en décembre 2012 de M. Zouaghi, qui est, rappelons-le, secrétaire général de la section de la Fédération syndicale de la santé de Sfax pour «atteinte à la dignité de l’armée».

Le silence complice des médias, des organisations de la société civile et des partis politiques soucieux plus de faire des syndicats des alliés que de préserver les intérêts du pays ont eu pour conséquence de leur donner tant de force et de puissance qu’ils pensent aujourd’hui être les véritables maîtres du pays. Le laxisme du gouvernement n’a pas été pour mettre fin, à temps, à ses dérapages aujourd’hui réellement dangereux pour les équilibres socioéconomiques de la Tunisie.

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