MyFerryLink : le bras de fer va continuer entre Eurotunnel et les marins de la Scop

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ère, le 23 juin 2015 (Photo : PHILIPPE HUGUEN)

[24/06/2015 16:57:44] Calais (AFP) La poursuite de l’épreuve de force entre Eurotunnel et la Scop SeaFrance sur le sort des bateaux de MyFerryLink paraissait inévitable mercredi, au risque de nouveaux blocages des liaisons transmanches et d’assauts massifs des migrants de Calais sur les camions immobilisés.

La compagnie maritime danoise DFDS Seaways, dont Eurotunnel entend privilégier l’offre, a annoncé qu’elle comptait reprendre 202 des quelque 645 employés de la Scop SeaFrance (570 en France, 75 en Angleterre) dans son projet de reprise de deux des trois bateaux de MyFerryLink.

“DFDS confirme avoir déposé ce jour une offre auprès des administrateurs judiciaires de la Scop SeaFrance. Si cette offre devait être retenue, elle permettrait la reprise de 202 emplois de la Scop SeaFrance”, a indiqué la compagnie.

L’offre a été immédiatement qualifiée d'”inacceptable” par le secrétaire général du Syndicat Maritime Nord, ultra majoritaire au sein de la Scop, Eric Vercoutre.

“Ce matin, la Scop a déposé sa propre offre qui garantit 570 emplois, avec l’aval de la région Nord/Pas-de-Calais et du département du Nord”, a fait valoir M. Vercoutre.

Le syndicaliste qui avait promis le matin même qu’en cas d’échec de la reprise par la Scop “l’été serait chaud”, et que mardi n’avait été qu’un “en-cas”, a indiqué à l’AFP qu’une lettre ouverte allait être adressée au président de la République.

M. Vercoutre a aussi annoncé pour samedi une grande manifestation de soutien -sans blocage du port et du tunnel- à la Scop SeaFrance.

“Selon les réponses que l’on va obtenir d’ici le 1er juillet, je vais demander à toutes les sections syndicales réunies dans le Pas-de-Calais de faire des actions fortes sur trois, voire quatre jours (…) qui peuvent déstabiliser l’économie de notre région”, avait-il déclaré auparavant, à l’issue d’une réunion de la Scop à Calais.

– Espoirs douchés –

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ès au tunnel sous la Manche à Calais le 23 juin 2015 (Photo : PHILIPPE HUGUEN)

Les offres de reprise de la société sous mandat judiciaire pouvaient être déposées au tribunal de commerce de Boulogne-sur-Mer jusqu’à mercredi 15 heures. Outre DFDS et la Scop, la possibilité qu’il y ait d’autres offres avait été évoquée.

Eurotunnel avait pris de court toutes les parties en annonçant dès le 7 juin le choix du danois DFDS pour la vente de deux de ses trois navires exploités par la compagnie MyFerryLink, émanation commerciale de la Scop SeaFrance, sur des liaisons entre la France et l’Angleterre.

Au lendemain d’une journée marquée par le blocage du tunnel sous la Manche et du port de Calais par les marins en colère, la région Nord/Pas-de-Calais a annoncé qu’elle mettrait 10 millions d’euros sur la table pour soutenir l’offre de la Scop SeaFrance.

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à Londres, le 23 juin 2015 (Photo : BEN STANSALL)

Eurotunnel a déjà indiqué avoir signé avec DFDS un contrat de location avec option d’achat en 2017 de deux de ses trois navires (le Rodin et le Berlioz) à compter du 2 juillet. Mais cette solution, selon des sources proches du dossier, risquait de déboucher sur le licenciement de près de 500 des 600 employés de la Scop oeuvrant chez MyFerryLink, qui exploitait les bateaux.

Le gouvernement français avait demandé mardi à Eurotunnel de “travailler à une meilleure solution” pour permettre “la reprise de davantage de salariés”.

Dans un communiqué mercredi matin, Eurotunnel a cependant douché tous les espoirs, répétant que son choix de reprise était fait, en dépit du soutien apporté par les institutions politiques et quelles que soient les nouvelles offres déposées.

Quant aux migrants qui essayaient de profiter de la paralysie du trafic transmanche pour monter dans les camions à l’arrêt à Calais, Londres a annoncé mercredi le renforcement du contrôle de l’immigration clandestine au port de Douvres.

Mercredi matin, “il y a eu plus de 350 découvertes de migrants” dans les poids-lourds par les policiers, a affirmé Gilles Debove, du syndicat Unité SGP-Police-FO.

Comme la veille, la plupart de ceux qui avaient réussi à monter dans un camion étaient néanmoins ensuite interceptés par la PAF.

Mercredi soir à Calais et à ses abords, les bouchons encore importants dans la matinée avaient disparu, a constaté l’AFP.