Emploi : léger mieux en France, un signe “encourageant” pour les experts

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çade du centre commercial Les Quatre Temps à La Défense, près de Paris, le 1er avril 2015 (Photo : LOIC VENANCE)

[11/06/2015 09:26:02] Paris (AFP) Le pire serait-il derrière nous? L’Insee a publié jeudi des chiffres de l’emploi meilleurs qu’attendu, avec une stabilisation dans le secteur marchand au premier trimestre. Si le solde sur l’année reste légèrement négatif, une “dynamique plus vertueuse” semble enclenchée, selon les experts.

Selon les chiffres définitifs de l’institut de la statistique, 700 postes ont été détruits entre janvier et mars derniers, sur un total de près de 16 millions. Initialement, il avait annoncé que 13.500 avaient été rayés de la carte.

L’Insee a aussi revu nettement à la hausse les statistiques du dernier trimestre 2014: 19.200 emplois créés au lieu de 1.300 disparus.

Le solde reste toutefois encore négatif sur un an, avec, in fine, 18.400 emplois évaporés.

“Les pertes d’emploi sont moins fortes que connu précédemment: au plus fort de la crise, en 2009, environ 250.000 emplois avaient été perdus en six mois”, relève Anne-Juliette Bessone, chef de la division synthèse et conjoncture du marché du travail à l’Insee.

Les chiffres publiés jeudi viennent s’inscrire dans un paysage économique où les signaux de reprise se multiplient même si le chômage continue à flirter avec les records.

L’Insee a annoncé mi-mai que la croissance économique avait fait un bond au premier trimestre, atteignant 0,6% après une stagnation de l’activité au trimestre précédent, dopant les espoirs de l?exécutif, qui attend désespérément une baisse du chômage.

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évolution par secteur sur un an (Photo : J.M.Cornu/P. Defosseux)

“La dynamique du marché du travail n’est pas encore suffisamment forte pour imaginer que la situation est définitivement inversée. Il en faudra un peu plus pour être complètement rassuré”, estime Philippe Waechter, économiste en chef chez Natixis. Mais, selon lui, une “dynamique cyclique plus vertueuse se met progressivement en marche”.

Une analyse partagée par Bruno Ducoudré, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), qui estime que “même si on n’est pas encore dans un scénario clair de reprise, certaines données sont encourageantes”, à commencer par un regain des créations de postes dans le tertiaire.

– Construction et industrie dans le rouge –

“Sur les sept derniers trimestres, nous avons eu cinq trimestres de créations d’emplois dans les services. Dès lors que le tertiaire, premier pourvoyeur d’emplois, repasse dans le positif, on peut s’attendre à une amélioration et une baisse du chômage”, dit-il. Et de conclure: “Tous les indicateurs ne passent pas au vert, mais il y a un petit mieux”.

Anne-Juliette Bessone, de l’Insee, souligne ainsi “une poursuite de la tendance à la destruction dans l’industrie et la construction”.

Si l’amélioration est notable dans le secteur tertiaire (+0,2% au 1er trimestre 2015, +0,6% sur un an), l’emploi continue de baisser nettement dans l’industrie et la construction.

La construction paie le plus lourd tribut: -0,8% sur le 1er trimestre, -3,5% sur l’année. Côté industrie, les pertes d’emplois atteignent -0,3% au 1er trimestre, -1,1% sur l’année.

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à Paris, le 31 mai 2015 (Photo : PASCAL GUYOT)

L’Insee estime que le pacte de responsabilité, principale arme du gouvernement pour enrayer un chômage record – 3,53 millions de demandeurs d’emploi sans activité fin avril -, permettrait de sauver 40.000 emplois au premier semestre 2015.

Prime à la première embauche, indemnités prud’homales plafonnées, CDD renouvelables deux fois: Manuel Valls a par ailleurs annoncé mardi un “Small business act à la française” qui doit créer “plusieurs dizaines de milliers d’emplois” dans les petites et moyennes entreprises (PME).

“Il faut continuer à se battre pour maintenir un taux de croissance (…) qui nous permette d’atteindre les fameux 1,2-1,5% qui, en fin d’année, devraient nous permettre de faire baisser le nombre de demandeurs d’emploi”, s’est fixé pour objectif François Rebsamen, ministre du Travail.

Pour Anne-Juliette Bessone, de l’Insee, “il faut attendre plusieurs trimestres pour avoir confirmation sur l’emploi, mais le chiffre de la croissance au 1er trimestre est un bon signal”.

François Hollande conditionne une éventuelle candidature en 2017 à une baisse du chômage. Selon l’OCDE, elle pourrait intervenir dans la deuxième moitié de 2015. De façon très légère.