La BCE droite dans ses bottes sur les rachats de dette et la Grèce

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érence de presse le 18 avril 2015 à Washington (Photo : NICHOLAS KAMM)

[03/06/2015 06:11:58] Francfort (AFP) La Banque centrale européenne (BCE) mettra en avant mercredi sa volonté de mener à terme ses rachats massifs de dettes, alors que l’ombre de la Grèce planera sur la conférence de presse très suivie de son président Mario Draghi.

L’institution monétaire de Francfort doit publier à 11H45 GMT sa décision sur les taux directeurs. Aucune nouveauté n’étant attendue sur ce front – le taux principal stationne à 0,05% depuis septembre -, c’est la conférence de M. Draghi, à partir de 12H30 GMT, qui sera au centre de l’attention.

L’Italien devrait mettre en avant “un ton prudent concernant les perspectives économiques, un engagement clair à conduire son programme d’assouplissement quantitatif au moins jusque septembre 2016 et un appel en direction des gouvernements à poursuivre les réformes”, résume Christian Schulz, de Berenberg.

Pour faire repartir les prix en zone euro, la BCE rachète à grande échelle depuis début mars de la dette privée et publique avec ce programme baptisé “QE”. Elle compte débourser plus de 1.100 milliards d’euros d’ici fin septembre 2016, pour faire baisser les taux d’emprunt, et par ce biais relancer l’économie et l’inflation.

Le programme, qui a permis l’achat de près de 240 milliards d’euros de titres en trois mois, a reçu de nombreux éloges et ses débuts sans fausses notes ont alimenté les spéculations sur un arrêt avant terme ou une réduction de la voilure. Des options que la banque centrale devrait une nouvelle fois rejeter avec force.

M. Draghi va réaffirmer que les hypothèses de croissance et d’inflation de la BCE s’appuient “sur une pleine mise en oeuvre du programme”, prévoit Johannes Mayr, économiste chez BayernLB.

– Flexibilité –

Ces projections, qui seront actualisées mercredi, devraient refléter la prudence des banquiers centraux. D’éventuels ajustements devraient “rester minimes” par rapport aux prévisions dévoilées début mars, ajoute M. Mayr.

Bonne nouvelle pour la BCE, les prix dans la zone euro sont repartis à la hausse en mai pour la première fois depuis novembre. L’inflation, nulle encore en avril, a accéléré à 0,3% sur un an, mais reste très éloignée de l’objectif d’un peu moins de 2%, que l’institution pense atteindre en 2017.

La séance de questions-réponses avec les journalistes pourrait se concentrer sur la flexibilité dans la mise en oeuvre du QE, anticipe Johannes Gareis, de Natixis, alors que la BCE a décidé d’augmenter le volume de ses achats en mai et en juin pour compenser la torpeur des marchés en juillet et août.

Le récent regain de volatilité sur les marchés, qu’il s’agisse des marchés obligataires – où les taux européens sont fortement remontés ces dernières semaines -, boursiers ou des changes, pourrait également être évoqué.

Le gardien de l’euro n’échappera pas non plus à des questions sur la Grèce, confrontée à plusieurs échéances de remboursement alors que ses caisses sont vides. La BCE est, aux côtés de la Commission européenne et du Fonds monétaire international (FMI), l’une des trois institutions avec lesquelles Athènes négocie pour obtenir plusieurs milliards d’euros d’aides, en échange d’engagements de réformes.

Témoin des efforts frénétiques pour débloquer la situation, M. Draghi était lundi soir à Berlin pour une réunion impromptue sur le sujet avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, le président français François Hollande, la chancelière allemande Angela Merkel et la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde.

La BCE est le financement de dernier recours des banques grecques, par le biais de prêts d’urgence baptisés ELA, que beaucoup au sein du conseil des gouverneurs voient d’un oeil de plus en plus critique. L’institution a exclu les établissements hellènes de ses opérations régulières de refinancement, et devrait s’y tenir tant que durent les négociations.