De la Compagnie universelle du canal de Suez à Engie : 150 ans de transformations

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ée du Canal de Suez de Port Said en Egypte (Photo : AFP ARCHIVES)

[24/04/2015 12:07:42] Paris (AFP) En annonçant qu’il s?appellerait désormais Engie, le géant mondial de l’énergie GDF Suez franchit une nouvelle étape dans sa longue histoire, débutée en Egypte au milieu du XIXe siècle.

1858-1967: du canal de Suez à la finance

En 1858, Ferdinand de Lesseps fonde La Compagnie universelle du canal maritime de Suez pour creuser et exploiter le canal de 160 km reliant la Méditerranée et la mer Rouge.

Une vingtaine d’année plus tard (1880), la Société lyonnaise des eaux et de l’éclairage est créée à Paris.

En 1956, la Compagnie du canal de Suez va vivre son premier grand tournant avec la nationalisation du canal par Nasser. La maison est riche mais elle n’a plus d’actifs. Elle va alors investir les indemnités versées par l’Égypte dans la finance.

Entre-temps, la France a nationalisé en 1946 les secteurs du gaz et de l’électricité: l’établissement public Gaz de France (GDF) est créé et la Société lyonnaise des eaux et de l’éclairage devient Lyonnaise des eaux.

De son côté, Suez devient un grand de la finance en acquérant la banque La Hénin, la société de crédit Sofinco, les assurances Victoire, le groupe CIC et la prestigieuse banque Indosuez.

En 1967, la société entre au capital de Lyonnaise des eaux.

Suez détient aussi un portefeuille de participations industrielles, qui fera du groupe un arbitre de la bataille boursière lancée en 1968 par BSN sur Saint-Gobain.

1968-1997: l’expansion de GDF et le tournant de Suez

Les années soixante-dix marquent le développement de Gaz de France, avec la construction des terminaux méthaniers et gaziers de Fos-sur-mer (Bouches-du-Rhône) et de Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique). L’entreprise part à la conquête de gisements à l’étranger (Algérie, Russie, etc) pour sécuriser les approvisionnements en gaz de la France.

De son côté, en 1982, la Compagnie de Suez, devenue “Financière” de Suez, connaît une nouvelle rupture avec une nouvelle nationalisation, cette fois en France lors de l’arrivée de la Gauche au pouvoir.

Mais en 1987, Suez fait partie de la première vague des privatisations du gouvernement Chirac.

En 1995, Gérard Mestrallet prend la tête du groupe et choisit deux ans plus tard de diversifier les activités de l’entreprise en la fusionnant avec la Lyonnaise des eaux.

1998-2008: De Suez à GDF Suez, géant mondial de l’énergie

Dans la foulée, la banque Indosuez est cédée. En 1998, ce sera au tour de Sofinco, La Hénin, la Générale de Banque en Belgique d’être vendues.

Suez s’engage dans une série d’acquisitions et cessions, faisant une incursion dans les médias via la chaîne de télévision M6, créée par la Lyonnaise des eaux. L’homme d’affaires belge Albert Frère devient dans le même temps l’un de ses principaux actionnaires.

En 2005, Suez s’empare du groupe énergétique belge Electrabel. Il se positionne sur les marchés de l’électricité, du gaz, de l’eau et des déchets.

Le groupe est alors l’objet de la convoitise de l’italien Enel et du français Veolia. Au nom du “patriotisme économique”, le Premier ministre de l’époque Dominique de Villepin décide de fusionner Suez avec Gaz de France. Le projet est combattu par la gauche et les syndicats qui dénoncent la privatisation de Gaz de France. La fusion n’interviendra qu’en juillet 2008.

2009-2015: sortie de l’eau et ancrage dans l’énergie

Le nouveau groupe GDF Suez, dont l’Etat détient le tiers du capital, accélère son internationalisation et sa diversification dans l’énergie. En 2010, il rachète notamment le producteur d’électricité britannique International Power, et devient le deuxième producteur mondial d’électricité, derrière EDF.

En 2013, GDF Suez décide de mettre fin à son pacte d’actionnaires avec sa filiale Suez Environnement mais reste l’actionnaire de référence (33,7%) du spécialiste de la gestion de l’eau et des déchets.

En devenant Engie, et alors que Suez Environnement a annoncé le mois dernier qu’il conservait son propre nom, l’énergéticien franchit une nouvelle étape dans sa stratégie de plus en plus tournée vers les marchés émergents et les services.