La France, mauvaise élève des donateurs OCDE pour l’aide au développement

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à Paris, le 29 mai 2013 (Photo : Eric Piermont)

[08/04/2015 13:54:25] Paris (AFP) L’apport de la France à l’aide au développement a reculé en 2014, tout comme l’aide destinée “aux pays les plus pauvres”, alors que les contributions totales sont restés à leur niveau record de 2013, selon des chiffres publiés mercredi par l’OCDE.

Les “apports nets d’aide publique au développement” (APD), effectués par près d’une trentaine de pays membres de l’OCDE regroupés dans le Comité d’aide au développement (CAD), ont atteint 135,2 milliards de dollars (124,3 milliards d’euros), “à égalité avec le record” déjà enregistré en 2013, a indiqué l’Organisation de coopération et de développement économiques dans un communiqué.

Un signe “encourageant” pour le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurria, qui salue ce “niveau record” de l’aide au développement, “alors que les pays donateurs sortent à peine de la plus grave crise économique” connue.

Néanmoins, en 2014 “l’aide bilatérale aux pays les moins avancés a reculé de 16 %”, atteignant 25 milliards de dollars, selon les données provisoires du CAD, l’instance de l’OCDE en charge de ce dossier.

“Une grande partie de ce repli s’explique par le niveau exceptionnellement élevé de l’allégement de dette consenti au Myanmar en 2013”, relativise l’OCDE.

En outre, “même sans tenir compte des allégements de dette, l’APD aux pays les plus démunis a diminué de 8%”, ajoute-t-il.

Parmi les 28 pays donateurs et membres du CAD, la France fait figure de mauvais élève avec une contribution en baisse de 9,2% en 2014.

“A quelques mois de la conférence d’Addis Abeba pour le financement du développement et de la conférence climat de Paris”, cette baisse est “un mauvais point pour la crédibilité de la France en 2015”, a réagi la direction de l’ONG One France, dédiée à la lutte contre l’extrême pauvreté et les maladies notamment en Afrique.

“Il y a clairement un manque de volonté politique”, a estimé pour sa part l’un des responsables de Oxfam France, Christian Reboul.

L’ONG dénonce un “plus bas niveau d?investissement” dans l’aide au développement “depuis 2001”, soit “moitié moins que l?objectif de 0,7%” fixé par “de nombreux pays industrialisés”.

Pour Coordination SUD, le “choix politique” de la France, qui “avait fait le pari de l?ambition pour sa politique de développement et de solidarité internationale”, est “incompréhensible”.

A l’OCDE, on explique également ce recul de l’aide aux pays les plus démunis par le fléchissement en 2014 de “l’aide planifiée pour les programmes-pays”, qui est la part prévue par les donateurs pour chaque pays, à leur égard.

Selon l’examen des projets de dépense des donateurs jusqu’en 2018, la part de ces aides planifiées a été en revanche plus élevée l’an dernier (+1,3%) pour des pays en phase de développement intermédiaire, notamment en Asie et en Europe de l’Est, ajoute l’organisme.

Mais des “augmentations” sont “programmées à compter de 2015”, est-il précisé, et “l’aide destinée aux plus pauvres devrait” progresser ces prochaines années, les contributeurs du CAD s’étant engagés en décembre à endiguer la tendance baissière de l’aide aux pays les plus défavorisés.

Le “défi” pour l’OCDE dès 2015, souligne M.Gurria, sera donc “de trouver les moyens d’acheminer une plus grande partie de cette aide vers les pays qui en ont le plus besoin”.