Venezuela : début des opérations du nouveau marché des devises

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à Caracas, le 19 février 2015 (Photo : Federico Parra)

[19/02/2015 20:08:31] Caracas (AFP) Le nouveau marché de devises ouvert aux particuliers, annoncé la semaine dernière au Venezuela dans l’intention de “contrer” le marché noir, a difficilement commencé à opérer jeudi, au taux de 172 bolivares pour un dollar, plus de 25 fois le taux officiel (6,3).

Selon le gouvernement, ce “marché marginal”, nommé Simadi, concernera cette année 5 à 10% des devises allouées par les autorités dans le cadre du contrôle des changes instauré en 2003 sous Hugo Chavez.

Au Venezuela, les particuliers ne pouvaient plus ni acheter ni vendre légalement de dollars depuis 2010, favorisant ainsi l’apparition d’un marché noir.

“Nous avons commencé les opérations aujourd’hui (jeudi)”, a affirmé à l’AFP une employée de la maison de changes Italcambio à l’aéroport de Caracas, l’une des rares du pays.

Si la vente de dollars s’opérait sans problème en ce premier jour, l’achat se révélait plus ardu, en raison de bug informatiques.

“On fait quelques ajustement du système pour finaliser les transactions”, s’est-on justifié chez Italcambio.

Martiza Gonzalez, couturière de 38 ans, n’est pas parvenue à acheter les 300 dollars qu’elle souhaitait : “Ils ne nous les donnent pas prétendument parce qu’il faut attendre l’approbation de la Banque centrale, et en plus, ils n’ont pas de connexion car le système a planté”, a-t-elle critiqué à l’AFP.

La mise en place du Simadi implique une légère dévaluation du bolivar, mais insuffisante, selon la majorité des économistes locaux, pour relancer une économie asphyxiée par le manque de devises et la surévaluation de la monnaie locale.

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à Caracas, le 19 février 2015 (Photo : federico Parra)

D’après les autorités, quelque 70% des devises continueront d’être allouées au taux préférentiel de 6,3 bolivares par billet vert, pour importer ou produire des produits de première nécessité (aliments, produits d’hygiène, médicaments, etc.)

Le Simadi sera alimenté par des organismes publics, des entreprises privées et les particuliers.

Le plafond d’achat de dollars au détail est de 300 dollars par jour dans la limite de 2.000 par mois et 10.000 par ans. Aucune limite n’est fixée à la vente.

Le taux de change pondéré sera publié en fin de journée par la Banque centrale du Venezuela.

Pour le gouvernement, ce système de change libre doit contribuer à “en finir avec le dollar parallèle”, dont le taux s’est envolé au cours de l’année écoulée en raison notamment de l’aggravation de la pénurie de devises à la suite de l’effondrement des cours du pétrole, principale ressource du pays.

Maxim Ross, ex-membre de la Banque centrale, a douté que ce système vienne à bout du marché noir car “les gens se demandent si la différence entre le dollar parallèle et le Simadi justifie de donner toutes les informations réclamées” parce que les autorités “ne sont pas très fiables”.

Malgré l’instauration du Simadi, le dollar s’échangeait encore jeudi dans la rue à 190 bolivares, en hausse de trois bolivares par rapport à ces derniers jours.

Les autorités accusent le marché noir de devises d’être responsable d’une inflation de plus de 68% en 2014 et des pénuries qui affectent le pays.