De nouvelles suppressions d’emplois à redouter chez Air France-KLM

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éfende (Photo : Philippe Guelland)

[14/01/2015 14:27:19] Paris (AFP) Dans une conjoncture dégradée et face à une concurrence qui ne faiblit pas, de nouvelles coupes dans les effectifs d’Air France-KLM sont à redouter bien que la direction du numéro 2 européen de l’aérien s’en défende. Pour l’instant.

Depuis des mois, ses dirigeants semblent préparer les esprits à cette éventualité.

En mai dernier, Frédéric Gagey, PDG d’Air France, en déplacement à Shanghaï, déclarait lui-même à quelques journalistes: “L’objectif reste un retour à l’équilibre opérationnel cette année (2014). Si on était en pertes, on serait plus dos au mur, ce qui changerait les termes du dialogue social”.

Seuls les résultats annuels (dévoilés le 19 février) orienteront les actions à prendre, avait-il insisté, laissant entendre que de nouvelles pertes entraîneraient de nouvelles suppressions d’emplois.

Depuis, Air France-KLM a prévenu que ceux-ci seraient moins bons que prévu.

Dans le cadre de son plan de restructuration Transform 2015, Air France-KLM a déjà supprimé plus de 8.000 postes entre début 2012 et fin 2014 dans le cadre de plans de départs volontaires (PDV), soit 10% des effectifs aujourd’hui estimés à quelque 95.000 personnes.

Selon Le Figaro, le groupe envisage de lancer “dans les prochains mois” un nouveau plan de suppressions de postes qui pourrait porter sur 5.000 emplois.

“Rien n’est encore décidé s’agissant d’un éventuel nouveau plan de départs volontaires; il est donc parfaitement prématuré de l’évoquer, tant sur le principe que sur son éventuelle ampleur”, a affirmé à l’AFP un porte-parole d’Air France-KLM.

Pourtant, le 11 septembre, Alexandre de Juniac, PDG du groupe franco-néerlandais, expliquait aux investisseurs que l’environnement restait “difficile”, avec une instabilité géopolitique dans de nombreux marchés.

Il avait alors prôné une “discipline financière stricte” et la nécessité de maintenir “la dynamique de réduction des coûts unitaires à un rythme de 1 à 1,5% par an” grâce à des gains de productivité.

“Qui dit gains de productivité dit sureffectif. Un plan de départs volontaires est donc tout à fait envisageable parmi les différentes mesures à prendre”, estime un analyste, spécialiste du secteur aérien, qui ne souhaite pas être cité.

– Absorber le coût de la grève –

De son côté, après avoir débarqué à la mi-octobre son PDG, Camiel Eurlings, faute d’améliorations économiques suffisantes, KLM a annoncé le 27 novembre devoir économiser 700 millions d’euros au cours des cinq prochaines années. La compagnie néerlandaise n’a ni exclu ni confirmé d’éventuelles suppressions d’emplois.

Le 18 décembre, lors du troisième avertissement sur résultats, le directeur financier, Pierre-François Riolacci, a en outre souligné que la faiblesse persistante de la recette unitaire, observée depuis l’été sur les vols de longue distance, se poursuivait en décembre.

Le secteur aérien, très concurrentiel, est confronté à des surcapacités notamment en Asie et Amérique du Nord, obligeant les compagnies à contenir les prix de leurs billets, ce qui a pour effet d’émousser les recettes.

Air France-KLM doit par ailleurs absorber le coût de la grève des pilotes français (plus de 400 millions d’euros) de septembre.

La conjoncture dégradée depuis neuf mois et cette grève ont annulé les deux ans et demi d’efforts réalisés, estiment des experts du secteur aérien interrogés par l’AFP, jugeant peu probable la capacité du groupe à ramener la dette autour des quatre milliards d’euros.

“En revanche, il est peu plausible qu’un PDV de 5.000 personnes ne concerne que la seule entité Air France. Ce nombre vise probablement l’ensemble des effectifs du groupe”, a estimé l’analyste.

Une opinion partagée par Béatrice Lestic, secrétaire générale de la CFDT Air France. Ce nombre “paraît totalement disproportionné”, dit-elle estimant qu’Air France ne pourrait plus fonctionner.

Mehdi Kemoune, secrétaire général adjoint de la CGT Air France (premier syndicat toutes catégories), estime, lui, que “le plan Transform n’a rien résolu quant aux problèmes d’Air France face à la concurrence”.

Il accuse le gouvernement de ne pas prendre la mesure des difficultés du secteur face à des compagnies étrangères bénéficiant de moindres coûts salariaux.

“Le manque de courage politique entraînera Air France à sa perte si on ne fait rien d’autre que de diminuer la masse salariale”, dit-il.

Un Comité central d’entreprise est prévu la semaine prochaine, le 22. Les syndicats s’attendent à de mauvaises nouvelles.