L’assurance-vie devrait moins rapporter en 2014 mais reste attractive

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assurance-vie devrait moins rapporter en 2014 et en 2015, avec la baisse attendue du rendement des fonds euros, mais elle reste un placement attractif (Photo : Philippe Huguen)

[13/01/2015 17:45:13] Paris (AFP) L’assurance-vie devrait moins rapporter en 2014 et en 2015, avec la baisse attendue du rendement des fonds euros, mais elle reste un placement attractif dans un contexte d’inflation basse et face à un Livret A peu rémunérateur.

Comme chaque année en janvier, les assureurs dévoilent tour à tour les taux de rémunération qu’ils ont appliqués à leurs contrats d’assurance-vie au titre de l’année d’avant.

Les contrats en euros, qui garantissent aux épargnants de retrouver au moins leur capital à terme, sont les plus populaires en France et représentent environ 82% des encours, le reste étant placé sur des contrats en unités de comptes (investis vers des actifs plus risqués type actions).

Pour les fonds euros, “le taux moyen pour 2014 devrait se situer entre 2,20 et 2,40%”, contre 2,80% en 2013, estime Cyrille Chartier-Kastler du cabinet de conseil Facts & Figures, qui s’attend à ce que la tendance se poursuive en 2015.

Ce recul a été amorcé depuis plusieurs années, en raison notamment de la baisse continue des taux d’intérêts des obligations d’Etat, dans lesquelles les assureurs investissent une part importante de l’argent qu’on leur confie.

De 4,1% en 2007, la rémunération des fonds euros est ainsi passée à 2,80% en 2013, selon les données de la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA).

Cette année, un autre phénomène tire les taux vers le bas: l’intervention du régulateur du secteur, Christian Noyer, qui a demandé aux assureurs-vie de faire preuve de modération dans les taux proposés en 2014, “une demande de prudence dans un contexte de très fortes incertitudes au plan financier”, selon M. Chartier-Kastler.

Parmi les premières publication de rémunération pour 2014, Maaf maintient son taux moyen (3,1%) comme GMF (3,05%) quand Maif (3%), Matmut (3,1%) ou Macif (2%) le baisse.

– 20 milliards d’euros de collecte nette en 2014 –

L’un des principaux assureurs Axa France a également fait état d’une baisse, à 2,55% pour 2014, tout comme l’Afer, importante association d’épargnants, dont le fonds euros a rapporté 3,20%.

Si ces premiers taux semblent assez bons, M. Chartier-Kastler prévient que la communication des assureurs est souvent orientée vers les contrats les plus rémunérateurs et ne reflètent donc pas totalement la réalité.

Rapportés à l’inflation, ces taux de rémunération restent intéressants pour les épargnants, notamment face au Livret A, rémunéré 1%, un taux qui devrait très probablement baisser cette semaine.

“Ce sont des taux très corrects par rapport à l’inflation, prévue à 0,4% en 2014. Si on prend un rendement de 2,20 à 2,40%, en retirant les prélèvements sociaux (15,5%), vous arrivez à un rendement net de frais et d’inflation de 1,40 à 1,60%, ce qui est bien”, détaille M. Chartier-Kastler.

La collecte nette (différence entre versements et retraits) du secteur pour 2014, qui sera communiquée le 29 janvier, devrait dépasser les 20 milliards d’euros, soit le double de 2013, preuve de l’engouement des épargnants.

Cette attractivité pourrait s’avérer délicate pour les assureurs, selon M. Chartier-Kastler, car ils sont contraints de placer les sommes collectées, notamment vers des obligations assez sécurisées et très peu rémunératrices, d’où la mise en garde de Christian Noyer.

Pour y parer, plusieurs assureurs ont annoncé renforcer leur “provision pour participation aux excédents”, une réserve dans laquelle ils pourront puiser pour continuer à proposer de bons taux de rémunération pendant les années difficiles.

L’Afer a ainsi constitué pour la première fois cette année une provision de 80 millions d’euros.

“Le problème n’est pas le taux de cette année mais celui qui sera servi l’année suivante” (2015, ndlr), estime Jean-François Boulier, président du directoire d’Aviva Investors France, partenaire de l’Afer.

Selon lui, la solution passe vers une plus grande orientation de l’épargne vers les contrats en unités de compte, une analyse partagée par M. Chartier-Kastler.