Après la réunion de l’Opep, le rouble reprend sa chute inexorable

bcf83a685b1aa3bf7888e6fa6577d7c4a5d49091.jpg
à Moscou, le 16 septembre 2014 (Photo : Alexander Utkin)

[28/11/2014 17:00:56] Moscou (AFP) Le rouble a repris vendredi sa descente aux enfers, battant de nouveaux records de faiblesse par rapport à l’euro et au dollar, et assombrissant les perspectives économiques de la Russie au lendemain de la décision de l’Opep de maintenir son objectif de production.

L’euro s’est considérablement renforcé face au rouble, s’établissant dans la soirée à 61,55 roubles pour 1 euro, tandis que le dollar pesait 49,35 à quelques kopecks de franchir une nouvelle dizaine, lui qui s’affichait à 41 roubles un mois plus tôt.

La monnaie russe, qui a plongé depuis fin octobre de 19% et 17% face au dollar et à l’euro, a perdu un tiers de sa valeur en un an, tirée vers le bas par les sanctions économiques décrétées par les Occidentaux dans la crise ukrainienne et par les cours du pétrole, dont l’Etat russe tire la moitié de ses revenus.

– Le rouble suit le pétrole dans sa chute –

“Moins la Russie reçoit de pétrodollars, plus le dollar coûtera cher et plus bas tombera le rouble”, explique à l’AFP l’analyste Igor Nikolaïev, directeur de la société financière FBK.

Or le cours du baril de Brent “light sweet crude” (WTI) pour livraison en janvier a dévissé de près de 5% jeudi, jour de la décision de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de maintenir leur niveau de production à 30 millions de barils par jour pour les six prochains mois.

“La décision de l’Opep a durement frappé les marchés, comme un cas de salmonellose à Thanksgiving”, fête américaine célébrée jeudi, ont ironisé dans une note les analystes de la première banque de Russie, Sberbank.

Passant en dessous du cap symbolique des 1.000 points pour la première fois en 2014, l’indice moscovite RTS, libellé majoritairement en dollars, dévissait de 3,25% à 974 points à 10H40 GMT.

Le président russe Vladimir Poutine a cependant affirmé ne voir “rien de particulier” dans la décision de l’Opep.

“L’hiver approche, et je suis sûr qu’au premier trimestre, vers le milieu de l’année, le marché sera rééquilibré”, a-t-il assuré, selon un communiqué du Kremlin.

La Russie, qui n’est pas membre de l’Opep, s’était pourtant prononcée à plusieurs reprises pour la réduction du plafond de production du cartel afin de freiner la chute des cours du pétrole, qui ont déjà plongé de 30% depuis la mi-juin.

fdad33422bcafab45e75833b62f6575b0932791c.jpg
à Vienne, en Autriche (Photo : Samuel Kubani)

“Il faut nous préparer à toute éventualité”, a prévenu le ministre russe de l’Economie, Alexeï Oulioukaïev alors que le géant pétrolier russe Rosneft, qui produit presque la moitié du pétrole russe, a tenté mardi de peser sur l’offre mondiale surabondante en réduisant sa production de 25.000 barils par jour.

“Nous nous attendons à ce qu’il puisse y avoir une dégradation des prix jusqu’à 60 dollars et en-dessous” au cours du premier semestre de 2015, a prévenu son PDG, Igor Setchine, dans une interview au quotidien autrichien Die Presse.

Cette baisse de production ne peut mener à terme qu’à la réduction de parts du marché russes et au report de grands projets vitaux, signale l’expert du secteur de l’énergie, Alexeï Gromov.

Mais cette baisse du cours n’aura pas de conséquences négatives majeures sur Rosneft, affirme M. Setchine. Le pétrolier russe “a suffisamment de souplesse et de réserves, le prix de 60 dollars nous convient donc aussi”.

– Inquiétude des Russes –

La Banque centrale russe, qui avait décidé début novembre de laisser la monnaie russe flotter librement, a annoncé vendredi être prête à reprendre si nécessaire ses interventions régulières censées réduire la volatilité des échanges.

“Au cas où des menaces de déstabilisation de la situation sont détectées, la Banque centrale de Russie sera prête à effectuer des interventions”, a-t-elle indiqué, citée par l’agence officielle TASS.

Pour autant, selon un sondage publié vendredi par le centre indépendant Levada, la population russe commence à s’inquiéter de la dégradation de l’économie russe, dont l’horizon s’annonce bien sombre avec une croissance qui devrait tomber à zéro début 2015 selon la Banque centrale.

Un quart des Russes interrogés se disent ainsi préoccupés par la chute des prix du pétrole tandis que 80% des Russes s’inquiètent aussi de l’inflation, qui a dépassé les 8% à cause de la faiblesse du rouble et l’embargo de Moscou sur la plupart des produits alimentaires occidentaux.