érence de presse à Nicosie, Chypre, le 7 novembre 2014 (Photo : Yiannis Kourtoglou) |
[14/11/2014 14:34:26] Athènes (AFP) Après six ans de récession profonde, la Grèce a enfin renoué avec la croissance, avec deux trimestres consécutifs de nette progression du Produit intérieur brut (PIB) sur un an, suscitant la joie du gouvernement à la veille d’une nouvelle période politique sensible.
Le PIB a ainsi cru de 0,4% sur un an au deuxième trimestre (contre -0,3% précédemment estimé) et de 1,7% au troisième trimestre, le tout en données non corrigées des variations saisonnières, a indiqué vendredi le service des statistiques grec, Elstat.
“C’est un indice positif pour l’économie du pays, qui prouve qu’on laisse derrière la période extrêmement douloureuse de la crise”, a estimé auprès de l’AFP Georges Pagoulatos, professeur d’économie et politique européenne à la faculté d’économie d’Athènes (Asoee).
Cet économiste, qui avait été conseiller du Premier ministre Lucas Papadimos au pic de la crise (novembre 2011-avril 2012), explique que ce progrès est aussi “symbolique” pour l’image du pays, première victime de la crise de la dette dans la zone euro en 2010 et sous tutelle depuis de ses créanciers internationaux, UE, BCE et FMI.
L’Elstat a par ailleurs publié pour la première fois vendredi l’évolution du PIB grec par rapport au trimestre précédent, ajustée des variations saisonnières, qui montre une croissance de 0,7% au troisième trimestre, après 0,8% au premier et 0,3% au deuxième.
é central de la capitale grecque Athènes le 10 novembre 2014 (Photo : Louisa Gouliamaki) |
Pour Georges Pagoulatos, ce début de reprise, après une chute cumulée d’environ 25% du PIB, devrait contribuer à faire baisser le taux du chômage, le plus élevé de la zone euro, qui, malgré son ralentissement ces onze derniers mois, “reste toutefois à un niveau intolérable”, à 25,9% en août.
“L’économie grecque a +décollé+ de la récession”, note Euro2day, site financier grec.
De fait, le gouvernement grec et les experts s’attendaient à la fin de la récession en 2014, surtout après une saison touristique estivale “record”, marquée par une hausse de 15% du nombre de touristes par rapport à 2013, soit 23 millions.
— Une touche d’optimisme pour la zone euro —
Avec un troisième trimestre un peu meilleur que prévu, la croissance du PIB pourrait même atteindre “entre 0,8% et 1% contre 0,6% prévu initialement par le gouvernement”, selon Platon Monokroussos, économiste d’Eurobank.
Pour 2015, le projet de budget pour l’Etat grec table sur une croissance de 2,9%.
Outre les bonnes nouvelles pour la Grèce, cette reprise va “donner une touche d’optimisme à la zone euro dont l’économie est en pleine stagnation”, souligne Georges Pagoulatos.
“Les pays de la périphérie, Portugal, Espagne, Irlande, sont enfin en voie de relance, ce qui aide à plus de souplesse sur les politiques d’austérité”, ajoute-t-il.
Le premier ministre conservateur Antonis Samaras n’a pas caché sa joie : après “six ans douloureux”, le pays “est sorti du tunnel de la grande dépression”, a-t-il déclaré à la presse, notant au passage qu’il s’agit “de la plus forte croissance trimestrielle de la zone euro”, dont la progression totale du PIB n’a pas dépassé 0,2% au troisième trimestre. Et il a promis que la croissance grecque “va continuer, ce qui déjà est prévu par tous les organismes internationaux”.
és du Trésor Public grec devant le ministère des Finances à Athènes le 7 novembre 2014 (Photo : Louisa Gouliamaki) |
Pour M. Samaras, la période est critique, car il pourrait être obligé d’organiser des élections législatives anticipées avant le mois de mars, alors que le parti de loin en tête dans les sondages est le Syriza, la gauche radicale. Du coup, le Premier ministre caresse l’espoir de se débarrasser de la tutelle des créanciers du pays pour séduire son électorat.
Mais les experts insistent sur le fait que, malgré un certain assainissement des finances publiques, Athènes aura encore besoin d'”un contrôle” pour une certaine période, afin de s’assurer de son financement sur les marchés internationaux d’emprunts.
“Ce contrôle sera moins strict que celui mis en place les quatre dernières années mais est nécessaire car la dette publique reste à des niveaux très élevés (175% du PIB en 2013) et empêche le pays d’avoir un accès facile aux marchés”, invoque Georges Pagoulatos.
Le plan d’aide européen arrive à échéance fin décembre et celui du FMI en 2016.