Burkina Faso : peu exposées, les entreprises françaises prennent leurs précautions

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è monte la garde devant le siège de la télévision nationale à Ouagadougou, le 2 novembre 2014 (Photo : Issouf Sanogo)

[03/11/2014 16:33:09] Paris (AFP) Les entreprises françaises implantées au Burkina Faso ont commencé à prendre des mesures de précaution pour leurs personnels et leurs installations, même si le risque matériel et l’enjeu économique restent réduits.

De l’avis d’un spécialiste de la sécurité des expatriés, “le risque est très limité” au Burkina Faso. “Pour l’instant, il n’y a pas de demande de départ, les gens attendent que la situation se stabilise”, témoigne Bernard Jacquemart, directeur de l’information de la société Scutum Security First, qui conseille plusieurs entreprises françaises présentes au Burkina Faso.

Dans un contexte révolutionnaire marqué depuis jeudi par des manifestations massives, des émeutes, la suspension de la Constitution et la prise de pouvoir du lieutenant-colonel Isaac Zida, les groupes français ont principalement sollicité “des informations et des conseils de comportement” pour leurs employés sur place.

“On leur dit de ne pas bouger, de ne pas se mêler aux manifestants, de faire profil bas. Ce qu’ils ont tous fait”, relate M. Jacquemart, observant qu’il n’y a “pas d’agressivité vis-à-vis des étrangers” présents au Burkina Faso.

A Paris, le ministère des Affaires étrangères, qui ne s’est pas encore officiellement exprimé sur la situation de ce pays d’Afrique de l’Ouest, indique que plus de 3.500 ressortissants y sont inscrits au registre des Français vivant hors de France.

Comme de rigueur dans ces circonstances, “une cellule téléphonique a été établie par l’ambassade depuis le début de la crise” et des messages ont été diffusés par SMS ou par courriel via le logiciel Ariane. “Le principal message est de leur dire de rester chez eux”, souligne le Quai d’Orsay, qui dément formellement les rumeurs d’évacuation ayant circulé ces derniers jours.

Le ministère a dénombré 62 entreprises implantées au Burkina Faso, mais ne communique pas de liste exhaustive.

Parmi les principaux groupes disposant d’une filiale dans le pays, le géant pétrolier Total assure avoir “pris toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité” de ses personnels et de ses installations, notamment “plusieurs dizaines de stations-service”.

Sur le site interne de Total Burkina, la compagnie revendique un réseau de 106 stations-service, employant plus de 1.500 personnes, ainsi que 269 camions-citernes et une dizaine de dépôts d’hydrocarbures.

Le groupe de construction Vinci rapporte que sa filiale Sogea-Satom compte moins de dix expatriés au Burkina Faso et ajoute que “les mesures de sécurité sont en place”, sans davantage de précisions.

La compagnie aérienne Air France signale avoir “légèrement adapté (ses) horaires”, pour tenir compte du couvre-feu en vigueur de minuit à 5H00 depuis vendredi, et ajoute que ses vols en partance de Ouagadougou à destination de Paris transitent désormais par Lomé (Togo).

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è sur la Place de la Nation à Ouagadougou, le 2 novembre 2014 (Photo : Issouf Sanogo)

Contactés lundi, les groupes bancaires BNP Paribas et Société Générale n’ont pas donné suite aux sollicitations de l’AFP, tandis que l’industriel Bolloré n’a pas souhaité s’exprimer sur ses activités au “pays des hommes intègres”.

Selon le ministère des Affaires étrangères, le Burkina Faso était en 2013 “le 85ème client de la France dans le monde”, avec près de 332 millions d’euros d’exportations, loin derrière le Sénégal (plus de 700 millions d’euros) et la Côte d’Ivoire (plus d’un milliard d’euros).

“L’importance de l’implantation française au Burkina Faso contraste avec la faiblesse des flux” commerciaux, observait diplomatiquement le Quai d’Orsay en avril.