Etats-Unis : la Fed doit tourner la page des achats d’actifs

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âtiment de la banque centrale des Etats-Unis à Washington

[29/10/2014 16:23:37] Washington (AFP) L’économie américaine va devoir se sevrer du stimulant des rachats d’actifs de la Fed qui va tourner mercredi la page de son soutien monétaire exceptionnel tout en poursuivant une politique des taux accommodante.

Le Comité de politique monétaire (FOMC) a repris mercredi une réunion de deux jours à l’issue de laquelle il doit annoncer à 18H00 GMT qu’il met un terme au stimulus exceptionnel à l’économie, estiment les analystes.

Cette réunion n’est pas suivie d’une conférence de presse de la présidente Janet Yellen.

Les taux directeurs devraient demeurer inchangés, proches de zéro, alors que l’inflation a du mal à s’approcher de l’objectif de 2% de la Fed (1,5%, selon l’indice PCE), dans un contexte de raffermissement du dollar et de ralentissement économique en Europe et en Asie.

“Le FOMC doit confirmer la fin des achats d’actifs et on ne devrait pas considérer cela comme un non-événement alors que cela ne semblait pas acquis ces dernières semaines en pleine turbulence des marchés”, affirmait Paul Dales de Capital Economics.

Wall Street a ouvert sans direction mercredi, reprenant son souffle au lendemain d’une forte hausse et attendant la décision de la Fed.

Sur le marché des changes, les cambistes guettaient eux aussi la décision du FOMC, en quête d’indices sur la trajectoire des taux d’intérêts de la première économie mondiale.

“L’élément clef (…) ne sera pas l’annonce de confirmation de la fin” du stimulus “mais le fait qu’il reste encore une +période de temps considérable+ avant la première hausse de taux”, estime Derek Halpenny, analyste chez Bank of Tokyo-Mitsubishi.

Depuis septembre 2012, au titre du 3e cycle d’assouplissement monétaire destiné à soutenir la reprise, la Fed a injecté plus de 1.500 milliards de dollars dans le système financier en achetant des bons du Trésor et des titres adossés à des créances immobilières.

La banque centrale a diminué progressivement ces achats qui ne se montent plus qu’à 15 milliards de dollars mensuels et a d’ores et déjà annoncé qu’elle conclurait ce programme en octobre si l’économie progressait comme prévu.

“Il ne faut pas oublier”, souligne Paul Dales, que la Fed met un terme à ces injections “parce que les perspectives de l’économie américaine s’améliorent”.

– La croissance au 3T connue jeudi –

Le gouvernement doit publier jeudi sa première estimation pour la croissance au 3e trimestre. La prévision médiane des analystes table sur 3% en rythme annualisé après la belle performance du 2e trimestre (+4,6%). Celle-ci représentait un rebond en partie technique à la suite de la contraction du 1er trimestre (-2,1%) due à l’hiver difficile.

De nombreux analystes estiment que le communiqué de la banque centrale devrait garder un ton “conciliant” vis-à-vis de la politique monétaire en maintenant sa formule indiquant qu’elle conserverait les taux inchangés “pendant une période de temps considérable”.

“Je ne pense pas qu’il y ait déjà un consensus pour changer grand chose dans le communiqué”, a affirmé l’économiste indépendant Joel Naroff.

Lors de la dernière réunion il y a six semaines, deux membres du FOMC avaient voté contre ce message, estimant que cette référence temporelle sur les taux était trop conciliante. “Il y a une possibilité qu’elle abandonne cette formule”, assure pour sa part Chris Low, économiste en chef pour FTN Financial.

De nombreux analystes tablent sur une première hausse des taux au milieu de 2015.

Le défi pour la Fed est de parvenir à modifier son message d’orientation monétaire sans impliquer qu’un changement sur les taux d’intérêt est imminent, souligne Jim O’Sullivan, économiste pour High Frequency Economics (HFE).

Les analystes vont également guetter comment la Fed décrit le marché de l’emploi alors que le taux de chômage est tombé à 5,9%. Jusqu’ici, elle juge qu’il y a une “sous-utilisation importante” du marché du travail, faisant référence notamment aux nombreux emplois à temps partiel.

A plus long terme, la banque centrale devra également s’atteler à faire dégonfler son bilan qui a été multiplié par cinq depuis la crise financière de 2008 du fait des rachats d’actifs.