Conflit gazier : l’Ukraine pessimiste sur un accord à Bruxelles

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ère à Opari, à 70 km au sud-ouest de Lviv, le 30 septembre 2014 en Ukraine (Photo : Yuriy Dyachyshyn)

[29/10/2014 10:59:55] Kiev (AFP) LRusses, Ukrainiens et Européens devaient tenter mercredi à Bruxelles de trouver un accord dans le conflit gazier qui menace d’affecter l’approvisionnement de l’Europe, au lendemain de déclarations de Moscou en faveur des élections séparatistes à venir dans l’Est rebelle.

Les négociations visant à rétablir l’approvisionnement de l’Ukraine en gaz russe coupé depuis juin s’annoncent difficiles, selon le ministre ukrainien des Finances Olexandre Chlapak, sceptique quant à une issue positive mercredi.

“J’ai l’impression que personne ne veut se mettre d’accord, en premier lieu les Russes”, a-t-il déclaré cité par l’agence Interfax.

Si Kiev et Moscou se sont mis d’accord sur un prix provisoire, le règlement de la dette gazière ukrainienne reste pour l’heure en suspens. Pour relancer les livraisons, la Russie réclame 1,45 milliard de dollars d’arriérés et ensuite 1,6 milliard de dollars pour le paiement par anticipation des livraisons pour novembre et décembre, la partie russe excluant toute livraison avant paiement.

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ée du village de Pavlopil dans la région de Donetsk, le 28 octobre 2014 (Photo : Alexander Khudoteply)

La Commission européenne examine pour sa part la demande de Kiev d’un prêt additionnel de 2 milliards d’euros et la Russie attend des garanties financières pour reprendre les livraisons.

“Tant qu’un accord n’est pas signé, il y a risque de perturbations pour les clients de l’Union européenne. La question pour Moscou est qui va payer les arriérés et les livraisons à venir”, écrit Chris Weafer du groupe Macro-Advisory pour la Russie et les ex-Républiques soviétiques.

Outre les perturbations pour les Européens, dont 15% du gaz consommé transite par l’Ukraine, le conflit risque d’aggraver la profonde crise économique et financière de l’Ukraine.

Le rendez-vous de Bruxelles se tient également dans un contexte politique tendu suite aux déclarations du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov selon lesquelles la Russie “reconnaîtra bien entendu” les élections organisées dimanche dans l’Est par les séparatistes prorusses qui ont boycotté les législatives anticipées du 26 octobre remportées par des formations pro-occidentales.

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éplace vers la ville de Krasnyi dans la région de Lougansk, le 28 octobre 2014 (Photo : Dimitar Dilkoff)

Mais pour le chef de la diplomatie russe, il s’agit de “légitimer les autorités” rebelles dans le cadre des accords de Minsk conclus en septembre entre Kiev et les insurgés avec la participation de la Russie, qui ont permis un apaisement des combats sans y mettre fin complètement.

– Moscou ‘viole ses engagements’ –

Moscou qui, selon Kiev et les Occidentaux, soutient militairement l’insurrection armée prorusse, n’avait pas formellement reconnu en mai les référendums d’indépendance organisés par les séparatistes, contrairement à celui qui avait permis deux mois plus tôt l’annexion de la Crimée à la Russie.

Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a vivement condamné les déclarations de M. Lavrov. “Cela constituerait une violation claire des engagements pris par la Russie et les séparatistes lors des accords de Minsk”, a-t-il déclaré.

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épendance de certains pays par rapport au gaz russe (Photo : P.Deré, G.Handyside)

“Les États-Unis et la communauté internationale ne reconnaîtront pas les élections des séparatistes à moins qu’elles ne s’inscrivent dans le cadre de la loi de statut spécial adoptée” par les autorités à Kiev, a averti le responsable américain.

L’Union européenne a pour sa part décidé mardi de maintenir les sanctions économiques contre la Russie. Ces dernières ont un impact sur son économie au bord de la récession et surtout sur le rouble qui bat des records de faiblesse.

“Les Etats membres sont plutôt d’accord pour dire qu’il n’y a pas de développement sur le terrain ou de changement dans l’attitude de la Russie qui justifie qu’on repense les sanctions”, a précisé une source diplomatique, décrivant “des relations terriblement dégradées” entre Bruxelles et Moscou.

Sur le terrain, à Donetsk, bastion rebelle dans l’Est, la nuit a été tendue avec des tirs d’artillerie dans des districts proches de l’aéroport, l’un des points chauds.

Un civil a été tué et une maison détruite, a indiqué la mairie.