Etats-Unis : la Fed doit tourner la page des achats d’actifs

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âtiment de la banque centrale des Etats-Unis à Washington

[29/10/2014 06:43:15] Washington (AFP) La banque centrale des Etats-Unis (Fed) s’apprête mercredi à tourner la page de son soutien monétaire exceptionnel à l’économie en cessant ses achats d’actifs, ce qui ne l’empêchera pas de poursuivre une politique monétaire accommodante.

A l’issue d’une réunion de son Comité de politique monétaire (FOMC), qui ne sera pas suivie d’une conférence de presse, la Réserve fédérale doit annoncer dans son communiqué à 18H00 GMT qu’elle cesse ses injections massives de liquidités, estiment la plupart des analystes.

Les taux directeurs devraient en revanche demeurer inchangés, proches de zéro, alors que l’inflation a du mal à s’approcher de l’objectif de 2% de la Fed (1,5%, selon l’indice PCE), dans un contexte de raffermissement du dollar et de ralentissement économique en Europe et en Asie.

Même si elle est considérée comme une bonne nouvelle par les consommateurs, une inflation trop basse ralentit la consommation, les acheteurs retardant leurs dépenses dans l’attente de prix encore plus bas.

“Le FOMC doit confirmer la fin des achats d’actifs et on ne devrait pas considérer cela comme un non-événement alors que cela ne semblait pas acquis ces dernières semaines en pleine turbulence des marchés”, affirmait Paul Dales de Capital Economics.

Depuis septembre 2012, au titre du 3e cycle d’assouplissement monétaire destiné à soutenir la reprise, la Fed a injecté plus de 1.500 milliards de dollars dans le système financier en achetant des bons du Trésor et des titres adossés à des créances immobilières.

La banque centrale a diminué progressivement ces achats qui ne se montent plus qu’à 15 milliards de dollars mensuels et avait promis qu’elle clorait ce programme en octobre si l’économie progressait comme prévu.

“Il ne faut pas oublier”, souligne Paul Dales, que la Fed met un terme à ces injections “parce que les perspectives de l’économie américaine s’améliorent”.

– La croissance au 3T connue jeudi –

Le gouvernement doit publier jeudi sa première estimation pour la croissance au 3e trimestre. La prévision médiane des analystes table sur 3% en rythme annualisé après la belle performance du 2e trimestre (+4,6%). Celle-ci représentait un rebond en partie technique à la suite de la contraction du 1er trimestre (-2,1%) due à l’hiver difficile.

De nombreux analystes estiment que le communiqué de la banque centrale devrait garder un ton “conciliant” vis-à-vis de la politique monétaire en maintenant sa formule indiquant qu’elle conservera les taux inchangés “pendant une période de temps considérable”.

“Je ne pense pas qu’il y ait déjà un consensus pour changer grand-chose dans le communiqué”, a affirmé l’économiste indépendant Joel Naroff.

Lors de la dernière réunion il y a six semaines, deux membres du FOMC avaient voté contre ce message, estimant que cette référence temporelle sur les taux était trop conciliante. “Il y a une possibilité qu’elle abandonne cette formule”, assure pour sa part Chris Low, économiste en chef pour FTN Financial.

“Si ce n’est cette fois-ci, ce sera probablement en décembre” qu’interviendra un changement de langage, lors de la prochaine réunion du Comité monétaire, estime Jim O’Sullivan, économiste en chef pour les Etats-Unis pour High Frequency Economics (HFE). Comme beaucoup d’analystes, il table sur une première hausse des taux après juin 2015.

Le défi pour la Fed est de parvenir à modifier son message d’orientation monétaire sans impliquer qu’un changement sur les taux d’intérêt est imminent, souligne encore l’économiste de HFE.

Les analystes vont également guetter comment la Fed décrit le marché de l’emploi. Jusqu’ici, elle juge qu’il y a une “sous-utilisation importante” du marché du travail, faisant référence notamment aux nombreux emplois à temps partiel.

Mais selon certains, le qualificatif “important” pourrait disparaître, impliquant la reconnaissance d’une amélioration plus rapide du marché du travail, alors que le taux de chômage est tombé à 5,9%.

A plus long terme, la banque centrale devra également s’atteler à faire dégonfler son bilan qui a été multiplié par cinq depuis la crise financière de 2008 du fait des rachats d’actifs.