Les incertitudes sur l’avenir de la Grèce entraînent la chute de sa Bourse

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ènes (Photo : Aris Messinis)

[15/10/2014 16:25:33] Athènes (AFP) La Bourse d’Athènes a dégringolé mercredi pour le deuxième jour consécutif, avec un indice général en baisse de 5,7% mardi puis 6,25% mercredi, témoignant des inquiétudes sur la capacité de la Grèce à se sortir de la crise sans nouvelle aide.

L’indice général a perdu jusqu’à 10,05% mercredi en cours de séance. Parallèlement, le rendement de l’obligation grecque à dix ans s’envolait à 7,83%, le plus haut niveau depuis mai 2012, au pic de la crise, autre signe d’anxiété des marchés.

Il s’agit d’une chute record depuis juillet 2012, intervenue sur fond de pertes générales importantes des places boursières en Europe mercredi.

L’indice des banques a reculé de 7%, la Banque nationale grecque a enregistré la plus forte baisse à – 11,06%.

En vue des tests de résistance des banques européennes, prévues pour fin octobre, l’agence de notation Fitch a de surcroît souligné mercredi que les quatre grandes banques grecques auraient sans doute encore besoin de se recapitaliser prochainement.

La plupart des analystes ont imputé cette nervosité en grande partie aux incertitudes économiques et politiques en Grèce.

“L’Athex a perdu plus de 100 points en deux jours, la séance d’aujourd’hui (mercredi) prend une tournure dangereuse, les liquidations sont massives”, remarquait le site du journal financier grec Naftémporiki.

Pour Panayotis Petrakis, professeur d?économie financière à l’université d?Athènes, la réaction des marchés est “un signe clair de la situation économique du pays et de l’incertitude sur les négociations en cours entre la Grèce et ses créanciers UE et FMI concernant la poursuite de l’aide à la Grèce”.

Encouragé par une certaine amélioration des finances publiques ces deux dernières années, le gouvernement de coalition droite-socialistes dirigé par le conservateur Antonis Samaras affirme que la Grèce peut s’affranchir du plan d’aide du FMI, avant son terme en 2016.

– “Un avenir que les Grecs devront éviter” –

A l’instar du Portugal qui est sorti plus tôt du plan d’aide et vu que le programme de l’Union européenne prend fin en décembre 2014, le gouvernement grec assure que le pays peut redevenir “un pays normal” et satisfaire désormais ses besoins financiers sur les marchés sans aide internationale.

Ainsi, lorsque la directrice générale du FMI Christine Lagarde a relevé la semaine dernière que la Grèce serait “en meilleure position” avec une assistance du Fonds, mais qu’elle était libre de son choix, la porte-parole du gouvernement a surtout relevé que Mme Lagarde avait été “plus claire que jamais sur le fait qu’il revient à chaque pays de gérer son économie”.

Car être en mesure de s’affranchir des aides extérieures serait un argument pour le gouvernement Samaras, face au parti de la gauche radicale Syriza, en tête dans les sondages et fervent opposant aux plans d’austérité, qui ne cesse de réclamer des élections anticipées.

Avec 155 députés sur 300 actuellement favorables au gouvernement, M. Samaras y sera contraint si la majorité ne parvient pas à réunir 180 députés sur la proposition qu’elle fera pour le successeur de Carolos Papoulias à la Présidence de la République en mars.

“Sur fond d’une conjoncture plutôt négative en Europe, les marchés ont compris que la situation financière de la Grèce restait fragile et que l’incertitude du paysage politique du pays pourrait affecter encore plus la stabilité”, souligne Panayiotis Petrakis.

Le vice-premier ministre socialiste Evangelos Venizelos a tenté de profiter de la dégringolade de la Bourse pour y voir “le genre de scène d’un avenir que les Grecs devront éviter”, soulignant que “la contestation de la stabilité politique du pays au moment de négociations difficiles sur la sortie de la crise et du memorandum était le plus important des obstacles” pour le gouvernement.

La zone euro évaluera en novembre quelle suite donner à l’aide en Grèce.

“Il y a un consensus fort pour que la sortie du plan d’aide soit viable et crédible pour tous”, avait estimé lundi le patron de la zone euro, Jeroen Dijsselbloem.