Costa Rica, Argentine et Venezuela critiqués pour leurs politiques économiques

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un cran (Photo : Emmanuel Dunand)

[16/09/2014 20:51:43] San José (AFP) Les politiques économiques menées par plusieurs pays d’Amérique latine sont actuellement critiquées, notamment en raison de leur difficulté à tenir leur budget et gérer leurs devises, à l’image du placement par Moody’s du Costa Rica en catégorie spéculative.

L’agence de notation américaine a abaissé la note souveraine du petit pays d’Amérique centrale d’un cran, de Baa3 à Ba1, le considérant désormais comme un emprunteur peu fiable.

“De nombreuses tentatives, ces dernières années, pour contrer la hausse des déficits budgétaires et de la dette du Costa Rica n’ont pas encore eu d’effet”, estime Moody’s, et le nouveau président centriste Luis Guillermo Solis, élu en avril, n’a prévu qu’une introduction “progressive” des principes de rigueur budgétaire.

“En conséquence de cette inaction, nous prévoyons que les déficits budgétaires déjà importants et la hausse du poids de la dette se poursuivent dans les prochaines années”, écrit Moody’s, qui table sur un déficit de 5,8% du PIB en 2014 puis 6% en 2015, contre 4,5% actuellement, et une dette publique de près de 40% cette année, contre 25% en 2008.

Parallèlement, les appels à la dévaluation montent en Argentine, alors que la course aux devises s’accentue et fait bondir le taux de change du dollar au marché noir.

Son classement en “défaut de paiement partiel” fin juillet a plongé dans l’incertitude la 3e économie d’Amérique latine.

Pendant que les voyants d’alerte s’allument – récession, baisse de la production automobile, chute de la consommation, recul du cours du soja – et que le pays est empêtré dans son litige sur la dette avec des fonds “vautours” américains, l’écart augmente entre le taux de change officiel (un dollar pour 8,4 pesos) et celui du circuit informel (1 pour 14,2).

“Le gouvernement doit reconnaître qu’avec ce niveau d’inflation (environ 30%, NDLR) il faut ajuster de nouveau le taux de change”, plaide Guillermo Rimoldi, président de l’Institut argentin des dirigeants de la finance (IAEF), qui rassemble les plus gros entrepreneurs du pays.

En janvier, le gouvernement argentin avait dévalué le peso de près de 20%.

Le patron de la puissante Union industrielle argentine (UIA), Hector Mendez, réclame lui aussi une dévaluation, mettant en avant le “manque de compétitivité” de l’Argentine en raison d’un peso surévalué par rapport au dollar.

– Inquiétudes au Venezuela –

Les réserves du pays se situent sous la barre des 30 milliards de dollars – 28,5 – après avoir atteint un maximum de 54 milliards en 2011. Une situation préoccupante car Buenos Aires doit payer pour 11 milliards d’échéances de dette en 2015.

Au Venezuela, la capacité du gouvernement de Nicolas Maduro à honorer ses dettes est elle aussi mise en doute: le pays affronte en octobre des échéances de quasiment 6,5 milliards de dollars, soit un tiers des réserves de ce pays pétrolier asphyxié par le manque de devises et l’inflation.

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ésident du Costa Rica Luis Guillermo Solis à San José le 6 juin 2014 (Photo : Ezequiel Becerra)

Il pourrait toutefois piocher dans ses fonds parallèles non inscrits au budget de l’Etat, qui atteignent 9,3 milliards selon l’économiste Asdrubal Oliveros, du cabinet Ecoanalitica.

La Banque centrale du Venezuela (BCV) a reconnu que ses réserves internationales avaient fondu d’un quart ces 18 derniers mois.

L’absence de mesures économiques, attribuée par des observateurs à l’influence du secteur radical dans le gouvernement socialiste du successeur de Hugo Chavez, alimente les doutes sur la capacité du pays à faire face à ses obligations.

“Il semblerait qu’il ne puisse pas y avoir une offre suffisante de dollars” pour satisfaire les besoins, a déclaré à l’AFP David Alayon, directeur de Kapital Consultores.

L’économie vénézuélienne enregistre depuis plusieurs mois un brutal ralentissement, dans un contexte d’inflation galopante (plus de 60% par an), de pénuries récurrentes et de manque de devises, malgré un strict contrôle des changes.