Chine : procès des détectives liés à GSK, l’un reconnaît les charges

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étective britannique Peter Humphrey dans le box des accusés au tribunal de Shanghai, sur un écran retransmettant le procès pour la presse, le 8 août 2014 (Photo : Johannes Eisele)

[08/08/2014 09:31:21] Shanghai (AFP) Au premier jour du procès à Shanghai de deux détectives privés étrangers liés au laboratoire britannique GlaxoSmithKline (GSK), au coeur d’un scandale de corruption en Chine, l’un a reconnu les violations de la vie privée dont il est accusé, selon le tribunal.

L’enquêteur privé britannique Peter Humphrey et sa femme Yu Yingzeng, de nationalité américaine, sont accusés d’avoir obtenu illégalement des informations privées concernant des citoyens chinois.

“De façon générale, je ne conteste pas (les charges décrites par le procureur)”, a déclaré M. Humphrey à la Cour intermédiaire numéro 1 de Shanghai, selon une transcription de ses propos publiée par le tribunal sur son compte officiel de microblogs.

Le tribunal a également publié une photo de M. Humphrey et de son épouse, de dos face à un juge –lui en costume noir, elle portant une veste rouge–, chacun tenu au bras par un policier.

Les médias étrangers n’étaient pas autorisés dans la salle d’audience. Les transcriptions, éditées et mises en ligne par le tribunal au fur et à mesure des débats, n’ont pour l’instant pas mentionné GSK.

D’après le journal britannique Sunday Times, le couple de détectives avait été recruté pour enquêter sur l’origine d’une “sex tape”, une vidéo clandestine montrant des ébats de Mark Reilly, numéro un de GSK en Chine, juste avant que le laboratoire britannique ne soit visé dans le pays par une vaste enquête pour corruption.

“Nous avons vendu des services de conseil, qui comprenaient parfois la communication d’informations personnelles”, a déclaré M. Humphrey vendredi au tribunal, avant d’ajouter ne pas connaître précisément les lois chinoises relatives à ce sujet.

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ée par le tribunal intermédiaire de Shanghai montrant le détective britannique Peter Humphrey (2e à gauche) et son épouse américaine Yu Yingzeng (en rouge au centre) devant la cour, le 8 août 2014 (Photo : People’s Intermediate Court)

“Nous avons demandé à d’autres entreprises de nous aider à obtenir des détails de certificats de résidence de certaines personnes, et nous leur avons payé des honoraires pour cela”, a-t-il expliqué.

En revanche, l’enquêteur privé a nié avoir commis des “filatures”, tout en reconnaissant avoir pu envoyer des employés devant un bureau pour en surveiller les allées et venues.

– Condamnation quasi-certaine –

“Les services que nous prodiguons visent à réduire les risques, notamment les risques de fraude et de corruption”, a insisté Peter Humphrey.

L’arrestation du couple a suscité une vive inquiétude parmi les investisseurs étrangers en Chine, habitués à recourir à de tels enquêteurs indépendants pour conduire des audits préalables sur des entreprises chinoises.

M. Humphrey et son épouse sont accusés d’avoir acheté ou obtenu par des moyens illicites, notamment par des photographies clandestines ou des filatures, des informations personnelles telles que des certificats de résidence, des détails de voyages et de titres de propriété.

Le couple est quasiment sûr d’être condamné. La justice chinoise a connu un taux de condamnation de 99,93% dans les affaires criminelles l’année dernière.

Selon des légistes interrogés par les médias officiels chinois, les infractions dont ils sont accusés sont passibles d’une peine de 3 ans d’emprisonnement.

M. Humphrey, ancien journaliste expérimenté, avait fondé à Shanghai la firme de conseil et d’évaluation des risques ChinaWhys, dont Mme Yu était la directrice générale.

Après avoir supposément travaillé pour le compte de GSK, le couple avait été arrêté pendant l’été 2013 et placé en détention.

Dans une “confession” télévisée de Peter Humphrey diffusée par la télévision d’Etat CCTV, qui avait montré les deux enquêteurs en uniformes de prisonniers, les liens du couple avec le groupe britannique n’avaient pas été mentionnés.

Les autorités chinoises ont lancé l’an dernier des enquêtes très médiatisées sur plusieurs laboratoires pharmaceutiques étrangers, soupçonnés notamment de corruption ou d’entente sur les prix.

Au terme de 10 mois d’enquête sur GSK, la police chinoise avait conclu en mai que Mark Reilly avait ordonné à ses équipes de commerciaux de verser des pots-de-vin à des hôpitaux, médecins et cadres politiques pour doper leurs ventes.

Le système de santé chinois, où les salaires sont très bas, est réputé être miné par les pots-de-vin, offerts par les groupes pharmaceutiques aux personnels médicaux.