Pakistan : les exportations de pierres précieuses minées par les attentats

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écieuses dans un atelier à Peshawar, le 24 juin 2014 (Photo : Hasham Ahmed)

[16/07/2014 08:55:44] Peshawar (Pakistan) (AFP) Les artisans des bazars de Peshawar taillent, polissent et vendent depuis des lustres rubis, émeraudes et autres pierres précieuses piochées dans les montagnes du Pakistan. Un commerce rentable mais fragilisé par le conflit avec les talibans.

Jusqu’à l’an dernier, les exportations de bijoux et de pierres précieuses avaient connu un véritable boom au Pakistan, pour atteindre 1,3 milliard de dollars en 2013 selon les autorités.

Mais depuis le commerce a reculé, s’alarme l’industrie qui montre du doigt l’insécurité, avec le cortège d’attentats talibans, et la crise énergétique, responsable de coupures de courant quotidiennes.

Dans les ruelles étroites du bazar de Namakmandi à Peshawar, carrefour du nord-ouest à la porte de l’Afghanistan, les commerçants pressent les acheteurs potentiels à contempler émeraudes, rubis et autres bijoux de lapis-lazuli, palabrant de longues minutes devant un thé vert fumant.

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ées dans les ateliers, le 24 juin 2014 (Photo : Hasham Ahmed)

Mais pour Shehzad Sabz Ali, un vendeur de pierres précieuses, le commerce a chuté après le niveau atteint l’an dernier car les acheteurs étrangers ne sont plus au rendez-vous, eux qui représentent 95% des ventes.

“Je travaille dans ce secteur depuis un quart de siècle. La chute des ventes que nous observons ces jours-ci, à cause des violences et de la talibanisation, est sans précédent”, déplore-t-il.

Les exportations en direction des Etats-Unis, de la Thaïlande, de la France, de l’Allemagne et de Dubaï sont en berne, se plaignent ainsi des artisans de cette industrie centenaire.

“Les explosions et les attentats suicide ont plombé notre industrie. Aujourd’hui, notre seule option est internet pour interagir avec nos clients”, souligne Ali, devant les employés de sa boutique qui polissent des pierres roses.

Dans un monde globalisé, le commerce électronique pourrait en théorie accroître les ventes des bijoutiers pakistanais. Mais pour les commerçants ici, dont les familles tissent depuis des générations des liens avec leurs acheteurs, l’internet demeure un outil froid et inefficace.

Selon Sheharyar Ahmad, un autre marchand de pierres précieuses, la solution repose davantage sur de grandes expositions dans des villes pakistanaises plus stables où se rendent les acheteurs étrangers.

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ères taillent et polissent des pierres précieuses dans les ateliers de Peshawar, le 27 juin 2014 (Photo : Hasham Ahmed)

“J’ai assisté à quelques expositions à Islamabad et Lahore. Les acheteurs étrangers étaient présents et ont montré beaucoup d’intérêt pour nos émeraudes, rubis et saphirs”, dit-il à l’AFP.

– Techniques rudimentaires –

Au Pakistan, l’extraction des pierres précieuses, concentrée dans les montagnes du Nord, au Cachemire, et dans la province instable du Baloutchistan (sud-ouest), demeure rudimentaire.

Pourtant, la valeur des gisements inexploitées dépassent mille milliards de dollars, soutient Inayat Ali Shah, un spécialiste des pierres précieuses.

Mais ces réserves sont emprisonnées le long de la frontière avec l’Afghanistan, dans les zones tribales qui servent de repaire aux insurgés talibans actifs des deux côtés de la frontière.

“Si ces réserves étaient exploitées, le Pakistan pourrait tripler ses exportations de pierres précieuses”, pense-t-il.

Autre écueil: les techniques pour tailler et polir ces joyaux ne sont plus tout à fait au diapason des normes internationales actuelles.

“C’est pourquoi nos pierres précieuses sont acheminées en Thaïlande où elles sont découpées et polies à nouveau”, avec plus de précision, note M. Shah, aussi président du Centre de formation des bijoutiers de Peshawar.

Le but de son organisme est justement de former les tailleurs de pierre et les bijoutiers à l’usage de machines plus modernes. “Jusqu’à présent, nous avons formé plus de 1.000 étudiants à Peshawar seulement”, se targue-t-il.

Un élan encouragé par la Compagnie pakistanaise de bijoux et pierres précieuses (PGJDC), une société publique qui cherche à améliorer la qualité du traitement des pierres précieuses pour permettre au Pakistan de rivaliser avec ses concurrents, l’Inde et la Thaïlande, et porter ses exportations à 1,7 milliard de dollars en 2017 malgré l’insécurité.