La grande distribution française multiplie les rachats

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énéral du groupe Auchan, le 10 mars 2014 à Croix, dans le nord de la France (Photo : Philippe Huguen)

[16/05/2014 11:57:07] Paris (AFP) Les groupes de grande distribution française, à l’image d’Auchan qui s’apprête à racheter 30 magasins Casino à Paris, ont multiplié récemment les rachats et le développement de leurs formats de proximité, un modèle rentable qui a le vent en poupe chez les consommateurs.

Ces six derniers mois, outre l’offensive d’Auchan, jusqu’ici un peu en retrait sur le segment de la proximité (magasins de 100 à 400 mètres carrés), Casino, qui avait déjà racheté la totalité de Monoprix en 2012, s’est aussi adjugé en octobre la reprise de 47 magasins Le Mutant, après avoir finalisé en août celle de 38 points de ventes Norma.

Carrefour de son côté s’est porté acquéreur à l’automne de 144 supérettes des Coop d’Alsace.

Ces groupes pourraient aussi se positionner prochainement sur la revente du réseau de 840 magasins Dia.

Les 25 magasins restants que Casino a dû mettre en vente dans le cadre de son rachat de Monoprix, suscitent quant à eux toujours les appétits de plusieurs distributeurs, dont Marks & Spencer, qui, ayant bien perçu le potentiel de l’alimentaire de proximité, souhaite aussi se positionner sur ce secteur en France.

Le PDG de Casino Jean-Charles Naouri a récemment placé la proximité comme un des axes stratégiques forts de son groupe pour les années à venir.

– Six Français sur dix clients –

“La performance des formats de proximité, en phase avec l?évolution des comportements d?achat des Français, leur permet de résister au contexte de stagnation de la consommation”, a-t-il estimé début mai.

Intermarché a également clairement annoncé en mars son intention de quadrupler son nombre de magasins de proximité d’ici 2018.

Les formats de proximité ont le vent en poupe auprès des consommateurs. Selon Kantar WorldPanel, ils ont gagné près de 10 points de taux de pénétration rien que sur ces 5 dernières années.

Et la progression continue, avec encore en avril un gain de 0,3 point de part de marché sur l’ensemble de la grande distribution en France, dont ils représentent désormais 6%.

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é de proximité Dia, le 8 mai 2014 à Paris (Photo : Joel Saiget)

En 2013, les formats de proximité comptaient plus de 23.267 points de vente en France, et ont réalisé à eux seuls près de 16% des ventes des produits de grande consommation et frais libre-service, estime de son côté le cabinet IFLS spécialisé dans la distribution.

Plus de six Français sur dix sont aujourd’hui clients de ces magasins — soit 15,4 millions de fidèles — qui ont réalisé 20 milliards de chiffre d’affaires en 2012.

Par ailleurs, c’est désormais grâce à la proximité que les grands groupes de distribution réalisent une bonne partie de leur croissance en France, alors que le format-phare des hypermarchés s’essouffle un peu.

Le directeur exécutif de Carrefour Proximité a ainsi révélé récemment que les ventes de cette branche avaient progressé de 26% en cinq ans, alors que les chiffres d’affaires annuels en France du numéro deux mondial de la distribution ont été sur la même période soit négatifs soit très légèrement positifs (+0,2% en 2013).

La proximité doit son succès au fait qu’elle répond parfaitement aux nouvelles habitudes de consommation des Français, souligne Kantar.

Familles moins nombreuses et clientèles davantage urbaines réclament désormais des commerces à taille humaine, leur offrant services et gain de temps, avec des horaires d’ouvertures élargis.

L’accent est mis sur l’offre de produits frais ou prêts à emporter, des catégories particulièrement recherchées par les Français, soucieux de bien manger, et les citadins pressés.

Par ailleurs, beaucoup d’enseignes ont considérablement fait évoluer leur concept de proximité pour le rendre plus attractif. C’est le cas notamment de Monoprix, qui a misé sur des magasins aérés, aux matériaux nobles (bois, métal) et sur les rayons à services (boulangeries, poissonnerie…) pour séduire des consommateurs lassés de la froideur des grands hypers.

Enfin, le magasin de proximité reste un modèle très rentable pour les distributeurs, car il nécessite relativement peu d’investissements directs, dans la mesure où son développement se fait principalement en franchise.

Et ses marges sont plus intéressantes que celles d’un hyper classique, car les prix y sont en général plus élevés de 5% en moyenne.