Luxe : la Tannerie Carriat, “ambassadrice” du savoir-faire français

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és de la société Rémy Carria travaillent le cuir dans les ateliers de la marque de luxe, le 10 avril 2014 à Espelette dans le sud-ouest de la France (Photo : Gaiza Iroz)

[29/04/2014 08:05:54] Espelette (France) (AFP) Depuis 1927, la tannerie Carriat, au Pays basque français, perpétue la tradition du beau cuir, sous la houlette de la petite-fille du fondateur, Marie Hiriart-Carriat, qui a hissé la vénérable tannerie vers l’industrie du luxe (Hermès, Dior), réalisant un tiers de son chiffre d’affaires à l’export comme “ambassadrice” du savoir-faire français.

Nommée en avril 2014 chevalier de l’Ordre du mérite et élue lauréate du Women’s Award en 2013, Marie Hiriart-Carriat, âgée 43 ans, est la plus jeune et la seule femme à la tête d’une tannerie aujourd’hui, un secteur bien masculin qui ne compte plus qu’une vingtaine d’entreprises en France et 1.700 emplois.

A Espelette (Pyrénées-Atlantiques), chez Carriat et sa soixantaine d’employés, pour la grande majorité formés “maison”, avec une moyenne d’âge de 35 ans, le savoir-faire est allié à une recherche constante de qualité et d’innovation. “Mon grand-père travaillait principalement la peau de veau pour la chaussure, puis mon père s’est tourné vers l’ameublement, les fabricants de chaussures fermant leurs portes. Dans les années 1990, nous avons traversé une période très difficile avec un dépôt de bilan. Nous avons dû nous adapter à des normes drastiques et à de nouveaux marchés”, analyse-t-elle.

– Un nouveau marché, l’accessoire de mode –

A 22 ans, en 1992, après des études commerciales, la jeune femme fait ses premiers pas dans l’entreprise avec une mission: gagner des parts de marché à l’étranger. “Nous avons fréquenté les salons à l’étranger. A force d’être à l’écoute, nous avons capté de nouveaux clients, principalement dans l’accessoire de mode”, note-t-elle. Le cuir “Carriat” se vend aujourd’hui en France mais aussi en Europe, aux États-Unis et commence à percer en Chine, 30% du chiffre d’affaires annuel de 17 millions d’euros étant réalisé à l’international.

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Espelette dans le sud-ouest de la France, le 10 avril 2014 (Photo : Gaiza Iroz)

La tannerie travaille à 60% pour la maroquinerie, 20 % pour l’ameublement, 10 % pour la selle de cheval et le reste se partage entre l’aviation d’affaires et des marchés de niche.

Des géants français du luxe comme Hermès, Dior ou Le Tanneur font appel à Carriat comme les petits fabricants locaux: “Nous aimons son cuir grainé, onctueux, élégant. Nous ne nous privons pas d’expliquer à nos clients que notre fournisseur est aussi celui de la maison Hermès, un gage de qualité”, assure Sandrine Bordenave, gérante de Manufactoum à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques).

– “Plus proche de l’artisanat que de l’industrie” –

Dans les ateliers, on ne tanne plus le cuir depuis 1987, pour des raisons environnementales: “Nous travaillons uniquement des peaux pré-tannées provenant de taurillons d’origine européenne qui sont ensuite teintées et séchées”, explique Marie Hiriart-Carriat.

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ée de la société Rémy Carria travaille le cuir dans les ateliers de la marque de luxe, le 10 avril 2014 dans le sud-ouest de la France (Photo : Gaiza Iroz)

La palette de teintes est vaste, avec une équipe dédiée à la recherche des coloris, tandis que la finition est minutieuse pour donner au produit un aspect naturel, pigmenté, brillant ou métallique. Pour Marie Hiriart-Carriat, son métier est “plus proche de l’artisanat que de l’industrie”. “Nos articles s’achètent au toucher en fermant les yeux. Sauf pour la couleur où il vaut mieux les ouvrir”, plaisante-t-elle.

Ce dont cette ancienne cavalière est la plus fière est l’activité sellerie: “Chez Carriat, on trouve une finition particulière du cuir qui ressemble à du velours et le rapport qualité-prix est excellent”, commente Charline Vincent, responsable qualité chez Devoucoux, prestigieuse maison de sellerie de luxe à Bidart (Pyrénées-Atlantiques).

Si la tannerie Carriat a su sauter beaucoup d’obstacles, il en reste un qui préoccupe beaucoup la jeune PDG: “Le prix de la matière première, qui représente 51% de notre produit fini et ne cesse de flamber”.