L’Europe a besoin d’un “new deal”, selon Alexis Tsipras

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éenne à la présidence de la Commission européenne, le 7 février 2014 à Rome (Photo : Andreas Solaro)

[03/04/2014 11:23:11] Athènes (AFP) L’Europe a besoin d’un “new deal” pour sortir de la crise et des politiques de rigueur, estime le responsable grec Alexis Tsipras, candidat de la gauche européenne à la présidence de la Commission européenne, dans un entretien accordé à l’AFP.

Dans une Europe où le mécontentement devrait s’exprimer lors des élections fin mai, et depuis un pays purgé par la crise, la voix de M. Tsipras devrait porter.

“Sans un new deal européen, un nouvel accord de financement des investissements pour promouvoir la croissance, l’emploi et la protection sociale”, l’Europe ne va pas s’en sortir, assure le chef du principal parti grec d’opposition, la Gauche radicale Syriza.

Premier Grec à postuler à la présidence, il voit comme “symbolique et honorifique” sa désignation, pour son parti et pour la Grèce, victime selon lui “d’une crise humanitaire après l’application de politiques de rigueur injustes”.

La Grèce a eu recours en 2010 au mécanisme de sauvetage de l’Union européenne (UE) et du Fonds monétaire européen (FMI) pour éviter la faillite, et un écroulement de l’euro, et elle a dû être secourue avec 240 milliards d’euros de prêts.

Avec, en échange, l’obligation d’une cure d’austérité sans précédent, avec coupes drastiques dans les salaires et les retraites, et fortes augmentations d’impôts.

“Ce pays est un exemple à éviter, il ne faut pas que cela se reproduise” ailleurs, souligne M. Tsipras.

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éenne à la présidence de la Commission européenne, le 7 février 2014 à Rome (Photo : Andreas Solaro)

Pour lui, “la réponse aujourd’hui face à la dissolution sociale et les mouvements d’intolérance en Europe est la suppression des politiques de rigueur”.

Un discours qui se fait entendre de plus en plus, notamment en France et en Italie.

– Syriza brise le bipartisme traditionnel –

Président du Syriza depuis 2008, Alexis Tsipras a vu son parti, crédité de 4% des suffrages dans les années 2000, se transformer en deuxième force au Parlement grec avec 26%, lors des législatives en 2012.

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à Athènes (Photo : Aris Messinis)

Aujourd’hui Syriza, porté par la colère des Grecs, est toujours au coude à coude dans les sondages avec “Nouvelle Démocratie” (ND – droite) du Premier ministre Antonis Samaras, autour de 21%, alors que l’autre membre de la coalition au pouvoir, le Parti socialiste (Pasok), autrefois très puissant, ne recueille qu’environ 5% des intentions de vote.

Les politiques de rigueur “ont provoqué la dissolution de la classe moyenne dont les intérêts ne sont plus représentés par les deux partis traditionnels”, et “Syriza a servi de vote de salut”, analyse Alexis Tsipras.

M. Tsipras, à près de 40 ans, brise ainsi le traditionnel bipartisme droite-socialistes de son pays, marqué aussi par la prédominance des grandes dynasties politiques, les Caramanlis et Mitsotakis pour ND, les Papandreou pour le Pasok.

En politique depuis le lycée, membre alors des Jeunesses communistes, il a ensuite rejoint la gauche rénovatrice où il a progressé jusqu’à la tête du Syriza, qui regroupe une multitude de courants plus ou moins radicaux.

Aujourd’hui, assure-t-il, Syriza est prêt “à prendre les rênes du pouvoir, le parti étant beaucoup mieux préparé qu’il y a deux ans”.

Alors que certains ténors très anti-euro de son parti ont servi d’épouvantail aux détracteurs du Syriza, Alexis Tsipras est ferme.

“La Grèce a besoin de l’Europe et l’Europe a besoin de la Grèce”, dit-il, ajoutant : “Moi, et mon parti, ne pensons pas que la dissolution de l’euro ou la sortie d’un pays (du système) serait une évolution positive”. Il pense même que ce serait “une catastrophe” pour l’euro.

Ce diplômé d?ingénierie civile de l?École polytechnique d’Athènes n’en renie pas pour autant ses engagements très à gauche.

Pour lui, la solution à la crise passe par “la solidarité entre pays de l’Europe et une architecture différente de la zone euro”.

Il mise ainsi sur “une alliance des pays du Sud et de la région face aux politiques néolibérales, le capital, les marchés, tout ce que représente (Angela) Merkel”, la chancelière allemande.

“Nous voulons démolir le +mémorandum+ (le programme de rigueur imposé à la Grèce) qui a changé dramatiquement la vie des Grecs, faire des réformes pour lutter contre la corruption et le gaspillage”, annonce-t-il. Sans couper pour autant dans “les dépenses publiques nécessaires”, santé, protection sociale, éducation.