Arabie : La raffinerie géante de Total a des velléités d’expansion

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énérale sur une raffinerie de pétrole du terminal pétrolier de Jubail, ezn Arabie saoudite le 1er juin 2014 (Photo : Bilal Qabalan)

[26/03/2014 14:08:46] Jubail (Arabie saoudite) (AFP) Plus de 20.000 kilomètres de tuyaux d’acier enchevêtrés, dans une zone industrielle enclavée en plein désert saoudien: la raffinerie géante de Jubail, à peine sortie du sable, rêve déjà de s’agrandir.

Entré en service en 2013 après trois ans de travaux, à une trentaine de kilomètres du Golfe persique, dans l’est de l’Arabie saoudite, le complexe de raffinage et de pétrochimie –l’un des plus grands du monde– est l’étendard de la stratégie d’expansion de Total dans les pays en croissance et plus rentables du Moyen-Orient et d’Asie.

Ses installations ultra-sophistiquées, qui s’étendent sur une superficie équivalant à 700 terrains de football, produiront en rythme de croisière, à la fin du premier semestre, 400.000 barils de pétrole brut par jour, soit 20 millions de tonnes d’or noir par an. Le double de la plus grande raffinerie française et la plus importante de Total, dixième raffineur mondial.

Mais le pétrolier français pense déjà à demain, et souhaite renforcer l’activité pétrochimique du site exploité par Satorp, sa coentreprise à 37,5% avec la puissance compagnie nationale Saudi Aramco, qui en détient 62,5% (avant la mise en Bourse prévue de 25%).

“On discute avec Saudi Aramco et plusieurs sociétés étrangères qui pourraient être intéressées”, a déclaré le patron de la branche raffinage-chimie, Patrick Pouyanné, en faisant visiter cette semaine le complexe à des journalistes dans le cadre d’un voyage de presse organisé par le groupe.

“Ce projet pourrait entrer en production vers la fin de la décennie”, a-t-il ajouté, soulignant que ce type d’investissement s’élevait généralement à 5 ou 6 milliards de dollars.

– 40% moins cher qu’en Europe –

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étrolière Saudi Aramco dans le désert saoudien le 23 juin 2008 (Photo : Marwan Naamani)

Une façon aussi pour Total de “capitaliser” sur son partenariat avec Saudi Aramco et de valoriser la raffinerie qui cumule de nombreux atouts, selon le dirigeant: besoins de stockage réduits grâce à son approvisionnement direct en pétrole lourd, moins cher que le brut léger, issu de gisements distants d’une centaine de kilomètres; économies d’échelle, électricité bon marché grâce au gaz naturel et synergies avec la pétrochimie.

“Le coût de production au baril est 40% plus faible que dans une raffinerie moyenne européenne”, explique M. Pouyanné.

“Si cette raffinerie ne gagne pas d’argent, il n’y en aura pas beaucoup sur la planète qui en gagneront”, ajoute-t-il, estimant que l’investissement total de 12 milliards de dollars pourrait être amorti “en moins de 10 ans”.

Selon le cabinet de conseil américain Wood Mackenzie, Jubail se place en troisième position des raffineries de l’hémisphère est (qui comprend l’Asie et le Moyen-Orient, NDLR) les plus rentables, avec une marge de 8 dollars par baril, “soit au minimum 50-60 dollars la tonne”, contre 18 dollars en Europe l’an dernier, souligne-t-il.

Si 20% de la production alimenteront la demande domestique saoudienne en pleine croissance, le reste sera exporté principalement vers les pays d’Asie et du Moyen-Orient.

Ces régions de croissance sont au coeur de la stratégie de développement des activités de raffinage-chimie de Total, qui souhaite y doubler à plus de 30% la part de ses investissements d’ici à 2017.

Mais le site pourra irriguer le monde entier en produits plus nobles que le fioul lourd, qui subsiste normalement à l’issue des opérations de raffinage classique: diesel (55% de la production) et essence (20%) principalement, mais aussi des produits chimiques de base (5%), comme le paraxylène, le propylène et le benzène.

“Il n’y a aucun produit à faible valeur ajoutée”, insiste Patrick Pouyanné. De quoi permettre aussi à l’Arabie saoudite de récupérer de la valeur ajoutée, de développer son industrie et de créer des emplois (environ 1.100 en rythme de croisière).

La monarchie pétrolière, qui développe activement son secteur aval, entend d’ailleurs quasi doubler sa production, à 8 millions de barils par jour, selon une porte-parole de Saudi Aramco.

Un contraste flagrant avec un secteur du raffinage à la peine sur le Vieux Continent, confronté à une consommation de carburants en baisse, une compétitivité érodée et une offre inadaptée à la forte “dieselisation” du parc automobile.

“En Europe, on a plutôt la velléité de réduire nos capacités. Elles ont déjà été restructurées, mais dans une moindre ampleur que la baisse de la demande. Le problème de surcapacité n’est donc pas réglé”, prévient Patrick Pouyanné.

L’Arabie saoudite n’est pas le seul pays du Moyen-Orient dans le viseur de Total. Au Qatar, qui pèse pour plus de 10% de ses résultats, le groupe compte asseoir sa présence en doublant d’ici à 2016 les capacités de sa raffinerie de condensats de Ras Laffan, qu’il détient à hauteur de 10%. En Irak, il envisage de construire un complexe pétrochimique “de taille mondiale”.