Tunisie-PPP : «Nous sommes dans le concret et non dans les belles lettres» (Ridha Saïdi)

Qu’il s’agisse de marchés publics, de contrats de partenariats ou de PFI, la meilleure forme de réussite pour stimuler la dynamique économique dans nombre de pays reste le partenariat public/privé.

ridha-saidi-12-2013.jpgOutre les grands projets se rapportant aux exploitations dans des secteurs déterminants, tels les mines, les hydrocarbures, les centrales électriques, le tourisme, les infrastructures des transports, l’assainissement ou encore la gestion des déchets -où le rôle de l’Etat s’est transformé de celui de locomotive à celui de partenaire-, les nouveaux accords encouragés depuis quelques années par les gouvernements successifs en Tunisie permettent à l’Etat à court de trésorerie de faire réaliser des infrastructures par des fonds privés, en contrepartie d’un loyer payé sur une durée de plusieurs dizaines d’années.

L’importance croissante de la dette publique pousse les Etats à se tourner de plus en plus vers la solution des partenariats public-privé.

Dans notre pays, les projets éligibles aux PPP sont la ligne de transport ferroviaire Grand Maghreb, les autoroutes Gabès, Médenine, Ben Guerdène, Ras Jedir, Bou Salem, Fernana, frontière algérienne, Kairouan, Sidi Bouzid, Kasserine et Gafsa ainsi que les routes X30.

Les ponts de liaison Bizerte, Kerkennah, Djerba ainsi que les zones logistiques (Rades, Djebel Oust, Zarzis) le port en eaux profondes Enfidha ainsi que des universités et des hôpitaux.

Le partenariat Public/Privé est également promis à un grand avenir dans le secteur des TIC, assure Ridha Saïdi, ministre Conseiller économique et Social auprès du chef du gouvernement: «Dans le cadre de la révision de la capacité de compensation, les familles nécessiteuses, dont la révision se fera sur la base de données mises à jour par le ministère des Affaires sociales, pourront bénéficier de cartes à puces qui leur permettront de profiter du système de compensation».

L’Etat compte également lancer le projet de cartable électronique, introduire un système d’information des voyageurs au niveau des moyens de transport et des stations, munir la SNCFT d’un système d’information géographique, numériser le patrimoine «RAED», numériser le patrimoine touristique des régions baptisé « Archipel » ainsi que le patrimoine scientifique agricole tout en procédant à la mise à jour des cartes numériques agricoles.

Le projet de mise à disposition d’une plateforme de commercialisation d’une base de données cartographique dont on discutait depuis des années a été également remis à la page. Il pourra être réalisé en collaboration avec le Centre de télédétection du ministère de la Défense.

A les énumérer, les projets paraissent être très intéressants, mais comment s’assurer ou garantir que leur octroi se passe dans les meilleures conditions de transparence et d’intégrité? «Nous veillerons à ce que tout ce passe dans le respect de la loi et des usages en matière d’appels d’offres et de marchés publics. Nous avons tenu à mettre en œuvre les réformes engagées depuis des années pour développer les PPP. Mais nous ne lâcherons pas car ce type de partenariat constitue un levier d’accélération du développement, un outil efficace de gestion de la complexité et de la maitrise budgétaire, de la gestion des risques et de la qualité des services rendus».

Pour Ridha Saïdi, les régions seront celles qui bénéficieront le plus du PPP car, «nous y verrons une accélération du développement des infrastructures; nous stimulerons la levée des fonds privés à leur profit. Quant aux particuliers, ils auront plus d’opportunités d’affaires et pourront développer leur savoir-faire à travers des projets structurants et porteurs».

Concernant les risques que peuvent encourir les différents acteurs des partenariats PP, le ministre conseiller estime qu’il ne faut pas leur donner plus de poids qu’il n’en faut: «Il s’agit tout d’abord du refus des privés de recourir à ces partenariats car ils estimeraient qu’ils sont trop risqués et trop compliqués, ils sont très prudents quant aux appointements qui pourraient être inadéquates aux risques supportés par les privés (Surévaluation ou sous-évaluation) tout comme il y aurait l’éventualité du mauvais partage des risques qui pourrait conduire à un surcroît de coûts pour les opérateurs privés».

En réalité, le plus grand obstacle au développement de la formule PPP en Tunisie est celle du cadre réglementaire.

La Législation est ambiguë, vague, imprécise, trop rigide, et le cadre institutionnel est trop faible car les sphères de décision n’osent pas, à ce jour, prendre les bonnes décisions par peur d’être ensuite jugées pour des engagements qui seraient mal perçus par ceux qui arriveront après…

Pendant ce temps, à la Constituante, on discute de tout sauf de l’essentiel aux échelles politique et économique, mais ils ont encore le temps de se quereller, se chamailler, régler leurs comptes entre «amis», alors que le pays est d’ores et déjà entré tout droit dans le mûr.

Il s’agit tout juste d’évaluer les dégâts. Mais Ridha Saïdi est optimiste: “nous sommes dans le concret et non dans les belles lettres et nous ferons bouger les choses dans le bon sens pour le bien de la Tunisie”.