L’Opep devrait de nouveau opter pour le statu quo, malgré de nombreux défis

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étrole (Opep), le 3 décembre 2013 à Vienne (Photo : Alexander Klein)

[04/12/2013 06:24:30] Vienne (AFP) L’Opep devrait laisser inchangé son plafond de production lors de sa réunion mercredi à Vienne, malgré une possible augmentation de la production irakienne et iranienne et une demande déclinante pour son brut l’année prochaine.

Lors de son arrivée à Vienne lundi, le ministre du Pétrole de l’Arabie saoudite – premier producteur mondial de brut et chef de file de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) – a plaidé en faveur du maintien du plafond de production, fixé à 30 millions de barils par jour (mbj) depuis deux ans.

“Le marché est dans la meilleure situation possible. La demande est excellente, la croissance économique s’améliore”, a justifié le ministre saoudien du Pétrole Ali Al-Nouaïmi.

Le ministre irakien du Pétrole Abdel Karim al-Luyabi a également indiqué mardi à Vienne qu’il n’attendait pas de changement du plafond de production.

Et le Venezuela “pousse pour maintenir” le plafond, a déclaré mardi à Vienne le ministre du Pétrole Rafael Ramirez.

Pourtant, “le simple renouvellement de la cible totale (de production), peut-être suffisant pour éviter que les prix ne chutent dans la première partie de l’année prochaine, ne permettra pas de s’atteler au défi réel que devrait rencontrer l’organisation” en 2014, ont estimé dans une note les analystes du Centre d’études énergétiques mondiales (CGES).

“La rétablissement de la production en Iran, en Libye, au Nigeria ou une forte augmentation de la production irakienne pourraient ré-ouvrir la difficile question des quotas individuels”, ont-ils précisé.

Les ambitions de l’Irak, qui compte exporter 3,4 mbj l’année prochaine (contre 2,318 mbj en novembre), et de l’Iran, qui affirme pouvoir retourner “immédiatement” à son niveau de production d’avant les sanctions (4 mbj) si ces dernières étaient levées, pourraient en effet changer la donne pour le cartel l’année prochaine.

“Nous n’avons aucune difficulté technique (qui nous empêcherait d’)augmenter nos exportations et de revenir à 4 millions de barils par jour de production pétrolière, mais nous avons (actuellement) des restrictions politiques”, a affirmé le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namadar Zanganeh.

Certains analystes sont toutefois sceptiques sur la rapidité avec laquelle l’Iran pourrait revenir à son niveau normal de production.

Pour les analystes de Crédit Suisse, il suffirait cependant de deux trimestres pour que l’Iran retrouve “75% de son (actuel) manque à gagner en production”.

Eviter les quotas individuels

Depuis décembre 2011, l’Opep ne fixe plus de quotas individuels.

“Le plafond de production total est fait pour encourager les pays membres (…) à compenser les quantités (de pétrole) qui ne parviennent pas jusqu’au marché”, par exemple en provenance de la Libye ou de la Syrie, a expliqué mardi à Vienne le ministre irakien du Pétrole.

La production libyenne de brut est altérée depuis cet été par diverses grèves et manifestations sur les lieux de production et d’exportation de pétrole, chutant à 250.000 barils en novembre contre 1,5 mbj en temps normal.

“L’Opep a été capable d’éviter la difficile tâche de fixer des quotas individuels à ses membres, laissant l’Arabie saoudite utiliser ses capacités de production excédentaire pour équilibrer le marché”, expliquent les analystes de CGES.

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étrole et des Ressources minérales Ali Al-Naïmi arrive dans un hôtel à Vienne, le 2 décembre 2013 (Photo : Alexander Klein)

Mais, préviennent-ils, “ce fut une politique acceptable tant que le Royaume a pu la mettre en place sans supporter de grandes réductions de production, mais ce ne sera plus faisable s’il doit trop réduire sa production”.

Sans compter que la demande pour le brut de l’Opep est attendue en baisse l’année prochaine, de 300.000 barils par jour selon le cartel et de 900.000 barils par jour selon l’Agence internationale de l’Energie (AIE).

Par ailleurs, le cartel, qui a été fondé en 1960 et pompe environ un tiers de la production mondiale de brut, doit nommer un nouveau secrétaire général.

L’actuel secrétaire général, le Libyen Abdallah El-Badri, a enchaîné deux mandats depuis 2007 avant d’être reconduit pour une année supplémentaire en décembre dernier, faute d’accord entre l’Arabie Saoudite, l’Iran et l’Irak, qui défendent chacun un candidat.