Les économies des pays du Printemps arabe en difficulté

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à Dubaï, le 25 mai 2010

[13/11/2013 09:23:07] Dubaï (AFP) Les économies des pays arabes, ébranlées par les mouvements de contestation qui ont éclaté en 2011, restent atones en raison de transitions politiques inachevées, estime un haut responsable du Fonds monétaire international (FMI) dans un entretien avec l’AFP.

Alors que d’autres économies arabes ploient sous le fardeau financier et social provoqué par l’énorme flux de réfugiés fuyant la guerre civile en Syrie, les difficultés de la région sont accentuées par la faible performance de l’économie mondiale, a souligné le directeur du FMI pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale, Masood Ahmed.

“La situation dans les pays du Printemps arabe est devenue plus difficile au cours de l’année écoulée”, a déclaré M. Ahmed.

Les économies de la Tunisie et de l’Egypte ont connu une croissance faible depuis le renversement, en 2011 sous la pression de la rue, des régimes en place.

En Libye, troisième pays à s’être débarrassé d’un dictateur, l’économie est dans la tourmente en raison d’un fort recul de la production pétrolière.

“La persistance d’un environnement mondial faible, avec pratiquement l’absence de croissance en Europe, un partenaire commercial important pour certains de ces pays, est un autre facteur”, a indiqué M. Ahmed.

Il a expliqué que les transitions politiques longues et difficiles avaient en outre placé le secteur privé dans “une attitude d’attentisme”.

“Il en a résulté que la reprise que le secteur privé devait diriger et à laquelle nous nous attendions cette année a été retardée encore d’une année”, a-t-il fait remarquer.

Le taux de croissance actuel, de 3% en moyenne, ne suffit pas pour inverser la courbe du chômage, avec 1,5 million de jeunes arrivés ces dernières années sur le marché du travail dans le monde arabe, selon lui.

“Population de plus en plus impatiente”

“Population de plus en plus impatiente”

La croissance est “trop faible pour répondre aux aspirations d’une population de plus en plus impatiente”, a-t-il dit.

M. Ahmed était interrogé après la publication par le FMI de son rapport sur les perspectives économiques dans la région.

Le taux de croissance du PIB en Tunisie était de 3,6% en 2012 mais devrait ralentir à 3% cette année, avant de s’établir à 3,7% en 2014, selon le rapport.

La Tunisie est plongée dans une profonde crise politique depuis l’assassinat d’un député d’opposition le 25 juillet. Des négociations pour former un gouvernement apolitique, dégager un consensus sur la future Constitution et un calendrier électoral ont échoué début novembre.

En Egypte, la croissance ne devrait atteindre que 1,8% cette année, contre le taux déjà faible de 2% en 2012, avant de se redresser légèrement à 2,8% l’an prochain.

L’économie égyptienne dépend fortement du tourisme, un secteur en berne depuis la révolte populaire ayant renversé Hosni Moubarak début 2011 et qui a subi un nouveau coup dur cet été avec la répression sanglante des partisans du président déchu Mohamed Morsi, destitué par l’armée le 3 juillet.

Pour sa part, l’économie libyenne devrait se contracter de 5,1% cette année en raison des perturbations affectant la production pétrolière.

Les mouvements de protestation sur les sites pétroliers ont en effet provoqué une chute de la production à 250.000 barils/jour contre près de 1,5 million b/j avant le déclenchement de la crise fin juillet.

Le PIB de ce pays d’Afrique du nord devrait néanmoins progresser de 25,5% en 2014. L’an passé, il avait fait un bond de 104,5%, compensant une contraction massive de 62,1% en 2011, année qui avait vu le renversement du régime du colonel Mouammar Kadhafi.

Alors que le FMI a cessé de fournir des statistiques sur la Syrie, un pays déchiré par la guerre, M. Ahmed a indiqué que les conflits régionaux avaient eu des incidences sur les économies de la région, notamment au Liban et en Jordanie, qui accueillent des centaines de milliers de réfugiés syriens.

Tout comme en 2012, le taux de croissance du Liban s’établira à 1,5% cette année et en 2014, alors qu’en Jordanie, il devrait être de 3,3% en 2013 et de 3,5% en 2014, après un modeste 2,8% en 2012.