Paralysie budgétaire : Obama reprend langue avec le Congrès

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éricain, le 1er octobre 2013 à la Maison Blanche (Photo : Saul Loeb)

[02/10/2013 17:17:52] Washington (AFP) Barack Obama a convié mercredi les chefs de file du Congrès pour tenter de mettre fin à la paralysie des administration fédérales qui a conduit le président américain à écourter sa tournée prévue en Asie la semaine prochaine.

M. Obama doit retrouver à 17H30 (21H30 GMT) les dirigeants du Sénat dominé par ses alliés démocrates, et de la Chambre des représentants où ses adversaires républicains sont majoritaires, selon des porte-parole.

Avec ses interlocuteurs, dont le président de la Chambre John Boehner, M. Obama souhaite parler de “la nécessité de mettre fin à la paralysie de l’Etat et de relever le plafond de la dette” selon la Maison Blanche, qui n’a pas employé le mot “négociation”.

Faute d’un accord sur le budget entre démocrates et républicains, les administrations centrales des Etats-Unis sont partiellement fermées depuis mardi matin 04H00 GMT.

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ésident républicain de la Chambre John Boehner quitte le Capitole, à Washington DC, le 1er octobre 2013 (Photo : Nicholas Kamm)

Une nouvelle échéance se profile, celle du relèvement du plafond légal de la dette. Si le Congrès n’y donne pas son feu vert, les Etats-Unis risqueront de se retrouver en défaut de paiement sur leur dette souveraine à partir du 17 octobre, une situation sans précédent qui pourrait menacer l’économie mondiale, selon l’exécutif démocrate.

Les républicains de la Chambre, opposés à la réforme de l’assurance-maladie promulguée par M. Obama, refusent de voter un budget qui ne prévoirait pas d’en supprimer le financement. Ils ont aussi menacé de lier cette question à celle du relèvement du plafond de la dette.

M. Obama a affirmé ces derniers jours que la réforme de la santé n’était pas négociable. Mercredi, le porte-parole de M. Boehner, Brendan Buck, a dit douter de l’utilité de la réunion avec le président “si elle ne donne pas le signal d’un démarrage de négociations sérieuses entre les deux parties”.

Le secrétaire au Trésor Jacob Lew a redit mardi soir que la paralysie de l’Etat ne changerait rien à la date-butoir du 17 octobre pour la dette, tandis que des parlementaires prédisaient une fusion des deux dossiers dans les jours à venir.

Nervosité des marchés

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émorial national de la Seconde Guerre mondiale, à Washington DC le 2 octobre 2013 (Photo : Karen Bleiber)

Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, a manifesté son inquiétude mercredi, estimant que cette paralysie représenterait, “si elle se prolongeait, un risque pour les Etats-Unis et pour le monde”.

M. Obama, qui a lui aussi mis en garde contre les dégâts économiques d’une crise qui traînerait en longueur, rencontrait mercredi midi (16H00 GMT) des dirigeants des plus grands établissements financiers américains, dont Goldman Sachs, Citigroup, Bank of America et Morgan Stanley. Il devait accorder un entretien dans l’après-midi à la télévision CNBC, très regardée à Wall Street.

Alors que la paralysie semblait s’installer dans la durée, les places financières se sont orientées à la baisse: le Dow Jones perdait 0,51% et le Nasdaq 0,46% à l’ouverture, dans la foulée de marchés européens et asiatiques. Tokyo a ainsi cédé 2,17% mercredi.

La crise a eu des répercussions sur l’agenda international de M. Obama, qui a annulé mercredi une visite prévue le 11 octobre en Malaisie et une autre aux Philippines. Le doute plane en outre sur la présence du président à deux sommets internationaux, celui de l’Apec (Asie-Pacifique) lundi à Bali (Indonésie), et celui d’Asie de l’est, prévu dans la foulée à Brunei.

Environ 800.000 fonctionnaires américains, sur plus de deux millions, ont été mis en congé sans solde et toutes les administrations ont réduit leurs effectifs au minimum vital, une première depuis 1996.

La sécurité nationale et les services essentiels, comme les opérations militaires, le contrôle aérien et les prisons, sont toutefois globalement exemptés.

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ésentant les cessations partielles des activités des agences fédérales du gouvernement américain

Au Congrès, les républicains de la Chambre ont changé de stratégie, après l’échec de leur tentative de faire adopter par le Sénat une loi de finances qui aurait sabordé la réforme de l’assurance-maladie de M. Obama.

Un volet important de la réforme est entré en vigueur mardi: des millions d’Américains démunis d’assurance maladie ont commencé à souscrire sur internet à une couverture subventionnée à partir de janvier 2014.

Mais les projets de lois de finances ciblées présentées par les républicains mercredi n’ont aucune chance d’aboutir, vu leur rejet par le Sénat et une menace de veto de M. Obama.

Ce “shutdown” –la fermeture partielle des services fédéraux– marque le pic de 33 mois d’affrontements sur le budget entre démocrates et républicains, qui ont repris le contrôle de la Chambre en janvier 2011, après l’élection de dizaines d’élus de la mouvance populiste Tea Party.