Tunisie : Plaidoyer de Jaloul Ayed pour un environnement propice à l’éclosion des TPE

caricature-invest-bas-salaire.jpg«Pour les Très Petites Entreprises (TPE), le Maroc a pris 50 ans de retard. Pour la Tunisie c’est soixante ans». Vingt-deux mois après avoir quitté le gouvernement, Jaloul Ayed continue à se désoler de l’absence d’une stratégie nationale de développement des TPE et des Petites et Moyennes Entreprises (PME). «Un pays qui soigne l’acte d’investir réussit. Or, la Tunisie ne soigne pas assez l’investissement, notamment en ce qui concerne les TPE et les PME», explique l’ancien ministre des Finances. Qui rappelle que «98% du tissu économique tunisien est constitué de TPE et de PME».

Parce que ce sujet lui tient à cœur, Jaloul Ayed en a fait une priorité durant son passage à la tête du ministère des Finances. Convaincu de la nécessité d’introduire des «ajustements réglementaires», Jaloul Ayed a procédé à la «refonte totale de la microfinance» et avoue aujourd’hui qu’il aurait «aimé faire la même chose avec la micro-assurance».

L’ancien ministre pense qu’on «peut accompagner les TPE pour en faire des PME et celles-ci pour en faire de grandes entreprises». L’ancien banquier suggère de ne pas essayer de «réinventer la roue» et de regarder ce qui se fait ailleurs en matière de soutien aux TPE/PME pour s’en inspirer. Il propose d’essayer de transposer l’exemple des Etats-Unis où un «Small Business Act» réserve aux PME les marchés publics d’une valeur de 2.500 à 100.000 dollars.

Les 3C de Jalloul Ayed…

La stratégie que l’ancien ministre des Finances a en tête se résume en 3C : Capital, Contrat et Conseil. Le système à mettre en place doit, d’abord, favoriser l’accès des TPE/PME au capital. Pour cela, «il nous faut un système financier créateur de valeur pour toute la chaîne, de la TPE à la grande entreprise. Ce n’est pas le cas aujourd’hui», regrette l’ancien ministre.

Parmi les lacunes que Jaloul Ayed relève dans ce domaine, l’absence d’un marché des capitaux «où les entreprises peuvent lever de l’argent à moyen et long termes».

Plus spécifiquement en ce qui concerne les TPE, le pays a besoin d’une «industrie de la microfinance» afin de «financiariser les TPE en les incluant dans le système financier». Or, les progrès sont très lents dans ce domaine, constate l’ancien ministre. Qui cite l’exemple du nouveau dispositif de la microfinance dont «le décret-loi n’est sorti qu’il y a quelques jours» et «aucune licence n’a été accordée» à ce jour.

Idem pour les PME, d’après l’ancien ministre. Généralement, ces petites et moyennes entreprises se sont développées, ont atteint une taille importante sur le marché local et «veulent se lancer à l’extérieur». Or, il leur faut pour cela des moyens qui leur font défaut «puisqu’elles n’accèdent pas au marché des fonds propres qui reste à créer».

La refonte du capital-investissement

Pour aider à résoudre ce problème, Jaloul Ayed avait lancé au ministère des Finances un deuxième chantier, en l’occurrence celui de la refonte du capital-investissement. Mais pour créer le marché des fonds propres, il faut également «encourager la création de fonds d’investissement de plusieurs sortes».

Après le capital, les contrats. «Aux Etats-Unis, 23% des contrats publics vont à ces entreprises», précise Jaloul Ayed. Donc, il faut en faire de même en Tunisie.

Enfin, le conseil, qui est essentiel. Car «accéder au capital, c’est-à-dire trouver un financement, ne rime à rien sans du conseil et à l’accompagnement institutionnel» des TPE et PME.