Dominique Strauss-Kahn au chevet de l’économie serbe

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à Juba au Sud-Soudan (Photo : Ali Ngethi)

[17/09/2013 12:53:47] Belgrade (AFP) L’ancien patron du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn, qui a accepté de conseiller le gouvernement serbe, a promis mardi de faire de son mieux pour sortir du marasme une économie moribonde mais s’est gardé de prédire un redressement miraculeux.

Avec à ses côtés le vice-Premier ministre Aleksandar Vucic, M. Strauss-Kahn a dressé un tableau sombre de la situation économique en Serbie.

“Il existe de réels problèmes mais je pense qu’il est possible” de trouver des solutions, a déclaré M. Strauss-Kahn à la presse.

L’ancien chef du FMI a précisé qu’il était entré en contact avec le gouvernement serbe par le biais du président de la Banque Arjil Wladimir Moloff, qui a un contrat avec Belgrade, et qui lui a demandé de “rejoindre l’équipe”.

Costume et cravate sombre, chemise bleue clair, l’ancien homme politique français s’est bien gardé de dévoiler des solutions qu’il envisagerait dans l’immédiat.

“Je ne dispose pas de tous les chiffres dont j’ai besoin. Avec le gouvernement, nous allons entrer dans tous les détails avant de proposer des mesures à adopter”, a-t-il dit.

M. Strauss-Kahn, qui poursuivra ses entretiens à Belgrade mercredi, a prévenu que la tâche la plus difficile revenait néanmoins au gouvernement.

“Donner des conseils est plus facile que prendre des décisions et les mettre en ?uvre, car là il s’agit d’une décision politique”, a-t-il mis en garde.

Il a précisé que pendant les trois premiers mois de collaboration avec Belgrade, il n’allait pas être rémunéré.

“On verra ensuite” quel sera l’arrangement financier avec le gouvernement serbe.

A la question de savoir si les démêlés de M. Strauss-Kahn avec la justice pourraient nuire à l’image de son gouvernement, M. Vucic a souligné que la seule chose qui l’intéressait était les compétences en matière d’économie de l’intéressé.

M. Strauss-Kahn a démissionné de son poste au FMI en 2011 après avoir été accusé de viol par une femme de chambre à New York.

En France, les juges d’instruction ont récemment décidé le renvoi devant la justice de Dominique Strauss-Kahn pour “proxénétisme aggravé” dans l’affaire dite du Carlton de Lille (nord).

Mais Belgrade ne voit que le redoutable spécialiste en économie.

“Nous n’avons pas honte de dire qu’il s’y connait bien mieux que nous tous en économie (…) et qu’il a plus de contacts dans le monde des finances dans son carnet d’adresses que nous tous ensemble” au gouvernement, a dit M. Vucic.

“Nous allons mettre en ?uvre des mesures difficiles, que ceux au pouvoir avant nous n’ont pas pu ou pas osé appliquer (…) nous voulons une économie saine et nous allons ?uvrer pour atteindre cet objectif”, a ajouté M. Vucic.

Le vice-Premier ministre, un des hommes les plus influents de son pays, est allé jusqu’à remercier les journalistes présents à la conférence de presse pour ne pas avoir posé des questions embarrassantes à son hôte, estimant qu’une telle attitude illustrait leur sérieux et leur intérêt pour le redressement de l’économie nationale.

Fin juillet dans un entretien à la télévision russe “Rossia 24”, M. Strauss-Kahn avait assuré que la politique était “du passé” et qu’il souhaitait se consacrer à ses nouvelles fonctions de conseil.

L’ancien présidentiable socialiste a été nommé en juillet membre du conseil de surveillance de deux institutions financières détenues à majorité par les pouvoirs publics russes: le Fonds russe des investissements directs (RDIF) et la Banque russe de développement des régions (BRDR), contrôlée par le pétrolier Rosneft.

L’économie serbe s’est contractée de 1,7% en 2012, le chômage atteint les 24% et sa dette publique dépasse désormais les 60% du PIB.