Deux maires s’en prennent à la banque Dexia, parlent de confiance trahie

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Le logo de Dexia (Photo : Philippe Huguen)

[12/09/2013 21:52:24] Paris (AFP) Deux maires de petites communes, cités comme témoins dans un procès en diffamation intenté par Dexia, ont vertement critiqué jeudi les pratiques de la banque dans ses activités de prêts aux collectivités, l’accusant d’avoir abusé de la confiance qu’ils lui accordaient.

La journaliste Linda Bendali et France Télévision comparaissent jeudi et vendredi devant le tribunal correctionnel de Paris, après la diffusion, en mai 2012, d’un reportage contenant, selon Dexia, des propos diffamatoires.

Présents dans le reportage, le maire de Sassenage (Isère) et de Saint-Cast-le-Guildo (Côtes-d’Armor), avaient été cités comme témoins par la journaliste.

Faute d’avoir pu trouver un terrain d’entente avec Dexia, ils doivent aujourd’hui faire face à des emprunts dont les taux d’intérêt ont flambé, car ils dépendaient de variables exotiques, comme le cours du change entre l’euro et le franc suisse.

Dexia, “pour des non initiés, ça représentait la sûreté, c’était l’Etat”, a dit le maire de Saint-Cast-le-Guildo, Jean Fernandez (DVD), pour expliquer la signature, par le précédent maire, de crédits complexes dits structurés.

Longtemps située dans le giron de la Caisse des dépôts (CDC), la Caisse d’aide à l’équipement des collectivités locales (CAECL) est devenue le Crédit local de France en 1987, puis Dexia en 1996.

“Ceci ajouté au mot magique franc suisse, on comprend qu’il y ait eu ce contrat (de prêt) signé”, a justifié l’édile.

Lesté par un taux d’intérêt de plus de 15% sur un prêt structuré qui pèse plus de la moitié de sa dette (3,5 millions sur 6,5 au total), le maire dit avoir gelé la presque totalité des investissements. Une lagune d’épuration, une église en ruine et une salle des fêtes seraient notamment en souffrance.

“Il n’y avait pas de raison de remettre en cause la fiabilité des conseils prodigués par Dexia”, a renchéri Christian Coigné, maire UDI de Sassenage, qui outre les crédits souscrits auprès de la banque, avait passé avec l’établissement financier un contrat de conseil.

Depuis décembre 2010, M. Coigné n’honore plus les intérêts mensuels dûs à Dexia et ne rembourse plus que le capital. Tout comme M. Fernandez, il a assigné la banque en justice.

Outre les prêts initiaux contractés auprès de Dexia, il reproche à la banque de lui avoir conseillé sans cesse de nouveaux montages complexes, favorisant une manière de fuite en avant.

“Quand vous êtes malade, vous allez voir votre médecin. Il vous prescrit quelque chose, vous lui faites confiance, même s’il est question de votre vie”, a-t-il dit à la barre.

M. Coigné a rappelé que l’actuel président de la Cour des comptes, Didier Migaud, avait contracté un emprunt structuré avec Dexia lorsqu’il était maire d’une des villes voisines de Sassenage, Seyssins.

Depuis son deuxième sauvetage, à l’automne 2011, Dexia s’est retiré du marché des prêts aux collectivités.